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12 novembre 2009 4 12 /11 /novembre /2009 21:49


L

oin de moi l’idée de vous revenir sur le grand déballage du procès Clearstream, révélateur des mœurs détestables de la cour chiraquienne, ni sur les fanfaronnades revanchardes d’un Charles Pasqua pitoyable de rancœur envers ses maîtres d’antan, ni sur les imbéciles propos d’un Eric Raoult dérisoire paltoquet en quête désespéré de notoriété, ni sur la polémique bien inutile sur la présence ou non de Nicolas Sarkozy le 9 Novembre 1989 à Berlin, ni encore sur les propos discutables d’une lauréate de prix Goncourt qui n’en espérant pas tant pour assurer son succès, ni même sur ce pervers contrôle d’identité nationale dont le Président a défendu aujourd’hui la nécessité sans me convaincre, bref  sur aucun de ces miasmes  et gesticulations parisianistes d’un microcosme déconnecté des réalités mais bien du grand flop annoncé de la vaccination contre la grippe A(H1N1)…

Car enfin les choses semblaient bien indiscutables ! Le vaccin était parfaitement sans risque et ses effets garantis pour protéger d’un fléau que les français avait du mal, dans la morosité ambiante et confrontés aux vrais problèmes qui les assaillent, à comprendre pourquoi  tout ce ramdam fait pour une grippe apparemment ni plus ni moins dangereuse que les autres.

Dans ce concert angélique des experts en tout genre, des journalistes complaisants, des politiques sûrs de leur fait, voilà qu’un cas "probable" de syndrome Guillain-Barré, une maladie rare du système nerveux périphérique, a été signalé mardi après vaccination contre la grippe A !

Déjà que les français, atteints d’un syndrome de scepticisme, couvaient la résistance passive, ils risquent de déclencher une épidémie de révolte contre la vaccination 

Mais derrière cette inattendue réaction contre le principe de précaution, il y a plus fondamentalement le fait qu’ils ne font plus confiance ni aux politiques, ni aux journalistes, ni aux experts ni pire encore même aux hommes de sciences.

Nul doute que ce qui ne serait normalement qu’une anecdote même pas digne d’un entrefilet en page intérieure d’un quotidien bien pensant devienne une affaire d’état, la preuve indubitable de la duplicité des pouvoirs publics et des scientifiques avec l’ogre inassouvi de l’industrie pharmaceutique.

Ce qu’il y a de fâcheux en la circonstance ce n’est pas tant que la grippe sans vaccination fasse probablement plus de victimes que prévu (quoique ?) mais bien plus que le pays ne croit plus ce qu’on lui raconte.

Les Français seraient-ils entrainés par le monde politique et les médias dans une spirale de dépit voire vers une sorte de déprime généralisée devant le dérisoire et l’anecdotique qui nourrit les manchettes des journaux et les commentaires des journalistes et du coup jetteraient-ils le bébé de l’information avec l’eau de la rumeur, du scandale, de l’inutile déballage des turpitudes de certains dirigeants ?

Le mur de Berlin est tombé il y a vingt ans en présence ou non de Nicolas Sarkozy et d’Alain Juppé, et il y a maintenant prés d’un siècle que les canons se sont tus après avoir sacrifié à l’imbécile orgueil des nations des millions de jeunes. Belle formule dans la bouche de Nicolas Sarkozy saluant le "refus de confondre l'amour de son pays avec la haine de l'autre",  mais il faudrait aussi plus prosaïquement que nos dirigeants, et le premier d’entre eux en tête, apprennent à refuser l’insolent déballage du cynisme et nous convainquent qu’ils ont été élus pour défendre le bien commun, la res publica qui se passerait bien de cette burqa dont on veut l’affubler.


Patrice Leterrier

12 novembre 2009

 

 

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4 novembre 2009 3 04 /11 /novembre /2009 18:56


A

 l’occasion du 20ème anniversaire de la chute du mur de Berlin tombé le 9 Novembre 1989, Jacques Attali dans sa tribune sur slate.fr se lance dans une réflexion sur la signification des murs de toutes sortes que construisent les hommes à travers les âges pour se protéger de dangers réels ou imaginaires.

Dans sa chronique il appelle à témoigner le mur de Berlin mais aussi Jéricho, Troie, la Bastille, la muraille de Chine.

Il y a aussi les ghettos, hydres immondes, qui engendrent aujourd’hui par une effroyable ironie de l’histoire le mur construit par les israéliens pour enfermer les palestiniens, faisant des enfants de victimes des geôliers voire des bourreaux.

Jacques Attali évoque aussi des murs virtuels comme les mur nord/sud, est/ouest, riches/pauvres, sédentaires/nomades…

On pourrait évoquer le mur réputé infranchissable de la ligne Maginot, inutile et coûteuse manifestation de la schizophrénie militaire française dans l'entre deux guerres.

Certes nous ne voudrions pas abattre ceux des prisons et de nos maisons puisqu’ils nous protègent.

Mais que de murs à travers l’histoire n’ont eu pour fonction, sous cet alibi de protection, que d’exclure, de nous séparer de l’autre, l’ennemi ou simplement le différent, celui qui ne nous ressemble pas, qui ne vit pas comme nous ou du moins qui n’est pas conforme à l’image que nous avons de nous, nous les bons français par exemple qui ont gagné le droit à ce titre de gloire par le sang et la sueur de nos ancêtres qui pour beaucoup d’entre nous n’étaient pas forcément français…

Les murs, qu’ils soient en pierre ou virtuels, ne sont-ils pas souvent que les stigmates d’une intolérance toujours aussi vivace dans l’esprit des hommes, d’une soif inassouvie de sécurité, d’une pulsion tribale renvoyant aux origines de l’espèce où le monde extérieure n’était que danger et violence ?

Il y a aussi le mur du silence, celui qui enveloppe les victimes de viols et de maltraitance, celui qui voudrait cacher la malnutrition d’un tiers de l’humanité, les maladies ou même, dans beaucoup trop de pays encore, l’homosexualité.

Comment ne pas penser également, en pleine agitation médiatique sur l’identité nationale, au mur que l’on nous propose d’ériger pour définir l'appartenance ou non à une communauté nationale. Un mur qui ne peut servir qu'à en exclure certains, un mur qui peut vite devenir celui de la honte et de l'exclusion.

Mais que dire encore d'autres murs comme ceux que certains cherchent à dresser pour retarder les conséquences inévitables de la révolution technologique.

Citons par exemple la loi sur l'Hadopi, la réticence des éditeurs face à l’arrivée de liseuses électroniques ou encore l’entêtement des quotidiens à ne pas prendre en compte le nouveau modèle économique de l’information libre, immédiate et gratuite sur internet.

Ces soubresauts semblent bien dérisoires alors que nous sommes probablement à la veille d’une nouvelle ère culturelle : celle de l'accès massif et presque gratuit à la littérature, la musique, l’audiovisuel et d’une manière plus large à l’information.

Mais je me tais car ne dit-on pas que les murs ont des oreilles............


Patrice Leterrier

4 Novembre 2009

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3 novembre 2009 2 03 /11 /novembre /2009 12:57

F

rancis Pisani l’affirme sur son blog transnets. Je ne saurais dire quelle est la fiabilité de ces chiffres mais il est certain que quelques pistes pourraient en partie expliquer cette tendance :

° La montée en puissance des "pure players" comme Médiapart, Slate, lePost, Rue89 et d'autres qui accueillent des journalistes et des auteurs de talents beaucoup plus libres de leurs propos ;

Ils truffent leurs articles de liens, y compris multimédias, alors que la plupart des journaux traditionnels se contentent de répliquer des articles papiers quand ils ne reprennent pas mot pour mot les dépêches de l’AFP ;

Pour exemple de cette richesse, l’extraordinaire reportage de Médiapart sur la torture aux Etats-Unis ;

° le modèle économique payant qui a de plus en plus de mal à s’imposer face à la pléthore de sites gratuits avec des articles de fond au moins aussi passionnants que ceux qu’on peut trouver dans les quotidiens ou les hebdomadaires traditionnels et d’ailleurs souvent un peu trop traditionalistes et enfermés dans une ligne politique.

° l'accès direct à l'information sur les portails des opérateurs et par les dépêches brutes des agences comme l’AFP ;

° la possibilité d’avoir à travers les titres mais aussi les blogs une pluralité de points de vue sans précèdent ;

°la serendipité aiguillonnée par la multitude des liens qui pousse à plus de vagabondage, moins d'habitudes et de fidélité dans la consultation.

J’ajouterai en ce qui me concerne que la "peoplelisation" du monde politique à laquelle se livrent avec surenchère les quotidiens m’exaspère au plus au point.

Je suis atterré de voir les gloussements hystériques de certains journalistes parce que notre président a de la constance dans ses propos et qu’il répète mot pour mot ses arguments.

On avait plutôt l’habitude de s’indigner de voir les politiques changer d’avis selon le vent de l’opinion censée représentée par les sondages…

N’est-ce pas une preuve d’une déviance qui consiste à s’occuper de l’apparence au lieu de débattre du fond ?

Au total cette baisse hypothétique d’audience n’est-elle pas la marque d’un changement radical d'attitude des internautes par rapport aux lecteurs des quotidiens ?

L’information brute n'est plus automatiquement crédible parce qu'écrite par un journaliste mais c’est plus la faute du journaliste que du lecteur.

Elle est immédiate, souvent truffée de bruits incontrôlés et largement mutimédiatisée.

Dès lors le journaliste doit à la fois être un filtre sans défaillance pour démêler le vrai du faux, l’info de l’intox, le fait de la rumeur et il doit aussi apporter un plus, une mise en perspective, des références qui, lorsqu’elles sont produites avec sérieux, réclament le temps de la réflexion, un délai qui tue le mythe du scoop à délivrer immédiatement(*).

C’est une véritable révolution urgente à faire par les journalistes sur le sens et la pratique de leur métier.

Ce nouveau paradigme informationnel ne touche pas seulement le média utilisé mais bien la philosophie même, le rapport intime du citoyen avec l’information et avec la culture.

Si les journalistes et surtout les industriels de la presse restent figés sans comprendre, s’ils supplient les pouvoirs publiques pour obtenir des barrières, s’ils s’arqueboutent, comme les mineurs qui voyaient sans espoir disparaître leurs métiers séculaires dans les années 60, ils risquent de subir plus que de participer à ce formidable changement que nous vivons et de disparaître comme les chauffeurs de fiacres à l’apparition des taxis.

Qu’ils prennent garde de ne pas se conduire comme les éditeurs de musique responsables des stupidités hadopiennes, d’ailleurs largement inefficaces avec la montée en puissance du streaming, ou encore comme semblent s’apprêter à le faire les éditeurs face à la révolution à venir des "liseuses", "bouquineurs" ou toute traduction acceptable des Kindles, Sony readers et autres qui ne sont que les précurseurs encore bien timides d’une révolution peut-être aussi considérable que l’invention de l’imprimerie par Gutenberg. 




Patrice Leterrier

2 Novembre 2009

(*) Voir le projet de code de déontologie proposé par Bruno Frappat dans la continuité des états généraux de la presse.

 

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22 octobre 2009 4 22 /10 /octobre /2009 13:26


A

ujourd’hui, à la vieille du véritable décollage attendu de l’épidémie de grippe A(H1N1)2009 qui commence à se préciser en Île de France, les français sont plus que partagés sur la nécessité de se faire vacciner.

Il semble même qu’une majorité d’entre eux y reste fermement opposée.

Les autorités et les scientifiques s’échinent pourtant à essayer de nous convaincre à coup de statistiques et de raisonnements plus indiscutables les uns que les autres mais rien n’y fait.

Pire même, certains professionnels de la santé avec à leur tête le professeur Bernard Debré, dont le qualificatif de "gripette" pour qualifier cette pandémie est maintenant célèbre, se rebiffent et refusent de se faire vacciner nonobstant les risques qu’ils feront courir à certains patients fragilisés. .

Les autorités semblent comme sidérées par la résistance des esprits à leurs arguments incontestables alors que la culture du principe de précaution semblait être définitivement admise et même caricaturée à l’extrême de nos jours.

Pour la ministre de la santé s’ajoute l’anticipation des reproches qui ne manqueront pas de lui être faits d’avoir surévaluer les risques alors que jusqu’à présent les crises sanitaires se sont toujours soldées par des reproches de ne pas en avoir fait assez.

On entend déjà des voix s’élever pour demander s’il fallait dépenser entre 600 et 800 millions d’euros pour acquérir 94 millions de doses de vaccins alors qu’il semble maintenant qu’une seule dose par personne devrait suffire ?

Peut-on s’en paraître trop paradoxale affirmer que cette réaction des français était en fait prévisible si on se réfère à un article de Christian Gollier dans la revue pour la science sous le titre accrocheur comment prévoir l’imprévisible.

Quel est en effet le dilemme devant lequel se trouvent nos compatriotes ?

Le choix proposé par la vaccination est une protection réelle, incontestable avec des risques infimes contre un virus dont les effets ne semblent pas pires que ceux de la grippe saisonnière (pour laquelle on ne vaccine que les personnes âgées et fragilisées) et une incertitude soigneusement alimentée par des rumeurs rependues des trypanophobes sur les dangers potentiels de cette vaccination. Une des plus incroyables est celle qui prétend que le vaccin peut rendre autiste malgré les dénégations argumentées des scientifiques.

Une expérience célèbre citée dans l’article de Christian Gollier, connue sous le nom du problème des deux couleurs ou encore paradoxe d’Ellsberg, illustre une tentative d’explication du comportement apparemment irrationnel d’une majorité de français.

Si on présente à des joueurs deux urnes, l’une dans laquelle il ya 50 balles rouges et 50 balles noires et une autre urne dont on ignore la composition et qu’on leur demande de parier, moyennant une récompense en cas de succès, sur la couleur d’une balle à tirer dans l’une ou l’autre des urnes, ils choisissent massivement l’urne dont ils connaissent la composition alors qu’ils n’ont aucune information sur les chances de tirer une boule rouge ou noire dans la seconde urne.

C’est l’illustration de la double aversion des êtres humains pour l’incertitude et le risque. L’aversion au risque est rationnelle tandis que celle à l’incertitude est irrationnelle. Cela suggère que nous avons tendance à surévaluer les représentations des aléas qui nous sont les moins favorables. Une sorte d’inclinaison naturelle à fantasmer d’autant plus que l’on prend l’absence de risque déclarée pour en fait une méconnaissance, voire une volonté de nous cacher les risques réels.

Ainsi entre des risques infimes connus et documentés pour nous protéger d’un risque infime de complication d’une grippe et les fantasmes sur des risques énormes liés aux vaccins, la loi de la répulsion à l’inconnu prend le dessus.

Bon ce n’est pas tout ça mais il faut que j’aille voir mon toubib pour qu’elle me vaccine contre cette foutue grippe !

Patrice Leterrier

22 Octobre 2009

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20 octobre 2009 2 20 /10 /octobre /2009 19:40


V

ictor Hugo écrivait dans les contemplations : 

"Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?

Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?

Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?

Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ;

Ils vont de l'aube au soir, faire éternellement

Dans la même prison le même mouvement..."

Aujourd’hui le sort des enfants qui travaillaient dès l’âge de six ou sept ans dans des conditions effroyables pour des salaires quatre fois inférieurs au misérable émolument d’un adulte nous parait tout simplement odieux.

Nous regardons avec l’œil sévère les pays qui continuent à utiliser de la main d’œuvre juvénile tout en nous empressant d’acheter les productions de ces jeunesses sacrifiées parce que le discret "made in Vietnam" ou "made in China" sur les vêtements des grandes chaines de distribution, cela n’évoque guère qu’une invitation au voyage, un moment d’exotisme.

Ainsi va la condition humaine qui fait que ce qui est considéré comme impensable, odieux, inacceptable aujourd’hui était en fait notre pratique il n’y a pas si longtemps et est encore pratiqué dans l’indifférence générale quand ce n’est pas avec l’alibi "il vaut mieux qu’ils fassent ça que d’alimenter le tourisme sexuel…"

Nous vivons aujourd’hui dans le monde du travail sous le règne du paradigme de la performance individuelle, seule justification de la reconnaissance professionnelle. La raison avancée est qu’elle est source de différentiation et donc de richesse pour l’entreprise reine.

Au nom de ce dogme inébranlable et dont il serait inconvenant de contester la validité, le monde de l’entreprise devient de plus en plus celui de chacun pour soi, une jungle dont seuls survivent les plus forts, les mieux armés, d’aucuns diraient les plus "doués" sous fond d’évidence historique (et soit disant scientifique) des bienfaits de la sélection naturelle. Les italiens en viennent, sous le règne de Silvio Berlusconi, à demander au public de noter les fonctionnaires ce qui pourrait donner de curieux résultats concernant les fonctionnaires de l’honorable administration en charge du recouvrement de l’impôt…

Et l’homme dans ce pressoir sans âme, sans morale et sans scrupule ?

Et la motivation qui est de loin le meilleur moteur de la créativité et de la performance lorsque les tâches affectées aux collaborateurs sont uniquement dictées par les sacrosaintes obligations du service sans tenir compte des compétences et des goûts du collaborateur ?

Difficile bien sûr de voir dans ce constat un peu brutal et schématique, l’unique, l’ultime et rassurante, en quelques sortes, raison de la vague de suicides au travail qui frappe France Télécom mais aussi Renault, Peugeot, l’enseignement, le corps médical et j’en passe probablement.

Il y a probablement aussi de bonnes raisons de penser que les choses peuvent changer ; Il n’est pas interdit d’espérer qu’avec les fantastiques progrès des technologies de la communication et de l’information, les structures hiérarchiques, pyramidales héritées d’un modèle militaire désuet dans l’économie en réseau dans laquelle nous évoluons finissent par être reléguées un jour au musée des antiquités organisationnelles.

Peut-être à un terme pas si lointain il paraitra à nos descendants aussi insupportable, absurde et indigne d’avoir contraint des hommes à aliéner leurs légitimes désirs d’épanouissement à l’obéissance aveugle d’une hiérarchie souvent elle-même prisonnière de patrons rétrogrades qu’il nous est aujourd’hui révoltant d’évoquer le travail des enfants au début du siècle passé.

La sélection naturelle est depuis longtemps mise en échec par la médecine et ses progrès fabuleux et l’entreprise considérée comme un lieu de combat acharné, de sélection impitoyable des "meilleurs" n’est pas une fatalité incontournable dans la recherche du progrès et dans l’amélioration de la condition humaine qui va bien au delà de l’aisance matérielle.

Patrice Leterrier

20 Octobre 2009

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18 octobre 2009 7 18 /10 /octobre /2009 13:21


A

 la demande des ministères en charge de la santé et de l'environnement, l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset) a réalisé  une "expertise collective" de très grande ampleur sur les effets biologiques et sanitaires de la téléphonie mobile et plus généralement des radiofréquences.

Pour une fois les experts de différentes disciplines, "dans un souci de transparence", ont réussi, non sans difficulté, à faire participer à leurs travaux les associations françaises mobilisées sur la thématique des risques sanitaires de la téléphonie mobile.

Les résultats de ces travaux, qui ont réclamé pas moins de 19 auditions, sollicité 13 contributions écrites et l’analyse de près de 3.500 études sur les radiofréquences en général (téléphones portables, Wifi,  radios, four à micro-ondes, etc.), sont consignées dans un rapport  de 469 pages.

Dans l’avis prononcé par l’Afsset on peut lire :

"Le rapport de l’Afsset met en évidence l’existence d’effets des radiofréquences sur des fonctions cellulaires, rapportés par une dizaine d’études expérimentales considérées par l’Afsset comme incontestables. Néanmoins aucun mécanisme d’action entre les radiofréquences et les cellules pour des niveaux d’exposition non thermique n’a été identifié à ce jour."

Nous voilà donc presque rassurés, prêts à jeter un regard goguenard sur tous ces messages alarmistes reliés par des gourous en quête de notoriété et aux arrière-pensées clairement mercantiles (je ne pense à personne en particulier…quoique ?).

Les experts n’ont rien trouvé, aucune preuve pouvant faire condamner le prévenu.

En bon droit, on s’attend donc qu’il soit reconnu innocent car ce n’est pas au prévenu de démontrer son innocence mais bien à la société de prouver sa culpabilité.

Mais voici la conclusion bien surprenante des experts :

"Face à ces incertitudes, l'Afsset considère qu'il convient d'agir et fait les recommandations suivantes :

développer la recherche, pour lever les incertitudes qui demeurent et se tenir aux aguets des signaux nouveaux qui émergeraient;

réduire les expositions du public."

On ne peut que saluer la demande de poursuite des recherches et la vigilance conseillée mais la seconde proposition laisse pantois !

L’Afsset avait pourtant dans son avis (recommandation 3) souligné qu’il convenait "de peser avec soin les conséquences, pour la population générale (enfants, etc.) et pour les utilisateurs de téléphonie mobile, d’une réduction de la puissance des antennes relais qui pourrait conduire à l’augmentation de l’exposition à la tête aux radiofréquences émises par les téléphones mobiles".

Mais dans un contrepied surprenant, et arguant que la science ne pouvait formellement montrer "l'inexistence d'un risque", elle recommande l’application du principe de précaution dans une curieuse inversion de la charge de la preuve.

A ce principe là, il n'est pas prouvé que l'exposition prolongée devant un écran de télévision à des émissions débilitantes n'ait pas d'effets à long terme sur la santé intellectuelle et mentale des  téléspectateurs jeunes ou moins jeunes.

On devrait donc au nom de cette nouvelle interprétation à l'envers du principe de précaution, qui renverse la nécessité de la preuve du risque en la nécessité de la preuve qu’il n’y a aucun risque, interdire aux producteurs de nous abreuver de niaiseries indigestes.

S’agit-il d’une inversion épistémologique déroutante ou plus inquiétante d’une aversion de plus en plus dominante à la modernité, à la notion de découverte, de nouveauté qui suppose toujours une certaine part de risque ?

Mais n’est-ce pas plus une sorte de pirouette laissant, comme il se doit, les politiques devant leurs responsabilités ?

Car au fond, en maniant le chaud et le froid, les scientifiques de l’Afsset ne disent-ils pas simplement que les décisions ne sont pas de leurs ressorts ?

Le principe de précaution qu’ils évoquent sera-t-il ainsi mis en avant pour masquer un principe beaucoup plus courant en politique de nos jours celui de démission ?


Patrice Leterrier

18 Octobre 2009

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15 octobre 2009 4 15 /10 /octobre /2009 12:39

 

Aristote

Nicolas Sarkozy veut "sauver la filière littéraire, aujourd’hui en perdition". Il veut faire de la série L une véritable série internationale.

Certains pourraient voir dans cette déclaration une sorte de revanche des khâgneux sur les matheux, une réhabilitation des élèves n’ayant aucun goût pour les équations différentielles et préférant les exégèses sur les écrits de Platon et les subtilités de l’imparfait du subjonctif, une sorte de rédemption des mots dominés par les nombres depuis l’invention de l’algèbre par le mathématicien d'origine kurde Al-Khawarizmi au IXème siècle.

Depuis la naissance du lycée créé par la loi du 11 floréal an 10 (1er mai 1802) sous le consulat par Napoléon Bonaparte, les sciences ont toujours fait parti de l’enseignement général, même lorsque l’enseignement était largement à dominante littéraire.

Le baccalauréat fût institué par l’empereur Napoléon par décret du 17 mars 1807.

A l’origine il ne comprenait que des épreuves orales portant sur des auteurs grecs et latins, sur la rhétorique, l'histoire, la géographie et la philosophie.

Le premier baccalauréat eut 31 heureux élus (ils étaient 524 000 en 2009 soit 83,4% des inscrits !).

Aujourd’hui où les applications de la science, notamment dans le domaine des communications, bouleversent de plus en plus notre environnement, il semble plus que jamais nécessaire que les futurs citoyens acquièrent un minimum de bagage scientifique et singulièrement des bases solides en mathématiques.

La série S créée en 1993 en même temps que les série L et ES est devenue de fait plus une voie royale pour accéder à des études supérieures qu’une véritable série scientifique préparant de futurs chercheurs.

Elle est le passage obligé pour l’accès aux grandes écoles d’ingénieurs et de ce fait possède une attractivité sans rapport avec son programme plus subi que choisi par goût par les élèves.

Embrigadés dans l’ascèse mathématique et scientifique des classes préparatoires, les esprits les plus agiles dans l’abstraction, sont destinés à intégrer les grandes écoles d’ingénieurs.

Quelques uns seront appelés aux plus hautes responsabilités et devront alors s’acquitter de la rude tâche de diriger des hommes et de comprendre un monde plus systémique qu’analytique.

Ils auront alors à montrer des compétences bien différentes que celles de savoir résoudre des équations complexes. Des tâches auxquelles ils ne sont absolument pas préparés et d’ailleurs pas forcément particulièrement doués.

San nier le rôle capital des sciences abstraites dans la formation des élites, ne devrait-on pas aussi mettre l’accent sur de solides formations en économie, en langue et autres balivernes comme le droit pour se préparer à être des compétiteurs affutés dans l’économie largement mondialisée ?

Loin de moi l’idée de nier qu’il soit nécessaire de réhabiliter le blason de l’enseignement littéraire trop souvent galvaudé de nos jours pas plus que de contester la nécessité d’entretenir et de valoriser des chercheurs trop souvent obligés de s’expatrier pour satisfaire leurs légitimes ambitions.

Le problème aujourd’hui n’est-il pas autant que la série S ne soit qu’à la marge destinée à former des futurs scientifiques, que la série L soit si lointaine des sciences et des mathématiques et qu’il n’existe en fait aucune série prenant en compte la réalité des énormes changements que le monde a connu depuis 1993 ?

Aristote pouvait, comme Platon, ambitionner d’embrasser l'ensemble des objets de savoirs.

Nos jeunes sont obligés de choisir trop tôt dans l’immense étendue du savoir humain un angle d’acquisition des connaissances opposant artificiellement sciences, littérature ou économie. Alors pourquoi pas une série LS, SL pour réconcilier les chiffres et les lettres ou mieux encore une série SLES pour préparer à la modernité ?

Mais je rêve bien sûr ! Nous aurions immédiatement tous les élèves et leurs professeurs arborant des pancartes clamant haut et fort "Touche pas à mon Bac !".

Le monde change à toute vitesse et la France reste prisonnière d’une incroyable et dangereuse pesanteur.


Patrice Leterrier

15 Octobre 2009

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13 octobre 2009 2 13 /10 /octobre /2009 10:27

 

 


A

vec 393 morts, le nombre de décès sur les routes a bondi de 17,7% au mois de septembre 2009 par rapport à septembre 2008 pour le troisième mois consécutif.

Didier Laurens sur slate.fr pense qu’il faut en finir avec le tout répressif et "améliorer l'éducation des conducteurs et leur formation", mais il ajoute "c'est moins simpliste, plus coûteux et les effets ne sont pas immédiats".

Sans contester la pertinence de ces propositions, on pourrait aussi commencer par faire du permis de conduire autre chose qu'une stupide torture de questions plus ou moins tarabiscotées auxquelles on doit répondre une fois dans sa vie et un vague créneau que l'on ne réussit que le jour du permis.

Et si les constructeurs arrêtaient la course à l'énormité en matière de taille ou de puissance?

Et si le langage anthropomorphique associant la bagnole (et encore plus la moto) à la notion de virilité et de séduction était remplacé par une apologie de la sécurité et de l’écologie ?

Georges Pompidou disait le mégot au bec "les français aiment la bagnole" et il oubliait d’ajouter qu’elle rapporte gros à l’état.

Les français ne sont donc pas rancuniers avec ce qu’elle leur coûte et ce qu’elle coûte à la société avec ses milliers de vies brisées condamnées à troquer leur véhicule pour des fauteuils roulants qui n’ont rien de fringant cabriolet ni d’agressive moto.

Aujourd’hui le message dominant est celui de l’évidence "bourrelienne" que l’ennemi absolu, le responsable de tout c’est la vitesse.

Il est certain qu’une voiture à l’arrêt a moins de risque de provoquer des accidents (encore que cela dépende d’où elle est arrêtée…).

L’ennui c’est qu’une voiture ou une moto c’est d’abord fait pour rouler et que dès lors les choses se compliquent.

Conduire n’est un art que pour des pilotes sur circuit. Pour le citoyen c’est d’abord une discipline qui doit s’apprendre hélas sur le tas de bitume, un devoir de respect des autres et de la réglementation, une attention de tous les instants, bref une chose impossible à pratiquer sans faire de faute.

Dès lors devant l’inaccessible, on s’arrange. On s’arrange avec l’alcool, avec la fatigue, avec la vue, avec la réglementation, avec l’autre c.n qui est devant nous et qui se traîne (Il ne travaille pas lui !). Conduire devient ainsi inexorablement synonyme de transgression.

Pour la science se faisant échos d’un article paru dans les "Proceedings of national academy of Science of the United States of America", nous révèle qu’il y a deux façons d’être honnête : ne pas connaître le mensonge et la tricherie ou bien résister à la tentation, en somme la grâce ou la vertu.

Les expériences menées par l’équipe de Joshua D. Greene et Joseph M. Paxton démontrent que plus on cherche à contrôler son comportement et ses pensées plus on a de risques de succomber à la tentation. La tentation doit bien sûr être une promesse de récompense financière dans le cas de l’expérimentation ou autre.

Bien heureux ceux qui sont honnêtes ou respectueux des règles par nature mais pour les autres, il serait assez illusoire de penser que le respect des règles soit l’effet d’une conscience des dangers, des règles mais bien une analyse plus ou moins consciente des gains potentiels d’une telle attitude. Ce qui est en cause c’est donc la gratification sous-jacente liée à la transgression des interdits.

Il s’agirait donc, outre la menace de répression qui vient tempérer les bénéfices potentiels de l’attitude transgressive, de s’attaquer à la représentation de ces bénéfices, aux fondements de la gratification narcissique de ces comportements.

En fait la clé c’est que la vitesse, mais aussi le stationnement interdit, le dépassement sur une ligne jaune, le non respect d’une priorité ne sont pas une affirmation de soi, une preuve de la singularité de chacun mais une sorte de conformisme anticonformiste, au mieux empiétant sur la liberté de l’autre, au pire mettant en jeu sa vie ou sa santé et celles des autres. En fait il s’agit d’en finir mentalement avec les bénéfices illusoires de telles attitudes.

Alors en plus de stages de formation sur la conduite il faudrait aussi introduire une formation psychologique pour combattre ces comportements stéréotypés de toute puissance poussant à considérer "l’autre" comme l’ennemi, le responsable désigné de tous les dangers.


Patrice Leterrier

13 Octobre 2009

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24 septembre 2009 4 24 /09 /septembre /2009 13:30

Terre, gardienne de la vie,
Terre enchanteresse des ombres,
Porteuse de l'esprit...
Sainte terre miséricordieuse,dispensatrice de cadeaux
Eino Leino

A

vec cette attitude agacée dont il ne se départit pas, le Président veut que les coupables soient jugés dans l’affaire Clearstream et toute la presse se jette affamée sur ce lapsus qui en dit long sur sa haine envers Dominique de Villepin.

Les avocats de Dominique Villepin, qui n’en demandaient pas tant pour renforcer la position de victime de leur client, se précipitent sur cette petite phrase et les journaux en rajoutent tous une couche.

Dans la même interview, Nicolas  Sarkozy, décidément perturbé, confond la couche d’ozone et le taux de CO2 et la presse en rigole, les écologistes s’indignent et les scientifiques ouvrent des yeux effarés.

Mais dans le même temps, comme un symbole de la légende du sage qui montre la lune et du sot qui regarde son doigt, Wired Sciences publie hier un article signé Brandon Keim, qui nous apprend (ou nous rappelle pour les plus érudits d’entre vous) que le taux de dioxyde de carbone n’est qu’une des nombreuses menaces qui guettent notre bonne vieille terre qui a fait preuve d’un stoïcisme impressionnant depuis plus de 100 000 ans et que cette sagesse impressionnante risque d’être bousculée dans le siècle voire dans les décennies à venir.

Selon un diagnostic porté par 28 scientifiques de renom et publié dans la revue Nature, la pollution de gaz à effet de serre n'est que l'un des neuf facteurs environnementaux cruciaux pour l'avenir de l'humanité à l’ère Anthropocène.

En plus du taux de dioxyde de carbone bien sûr qu’il faudrait ramener à 350 ppm (taux actuel proche de 400 ppm), la disparition massive des espèces (10 espèces par million disparaissent chaque année), la quantité d’azote rejetée par l’homme qui est 10 fois supérieure aux valeurs conseillées par les scientifiques et qui provoquent entre autre la prolifération d’algues quatre fois supérieure à la normale.

L‘acidification des océans, la consommation d’eau douce et l’exploitation des terres ne sont pas une menace aujourd’hui mais pourraient le devenir dans les décennies à venir.

Il y a bien sûr des polémiques entre les scientifiques sur la pertinence des critères retenus et surtout sur les niveaux recommandés trop bas pour les uns, trop hauts pour d’autres.

Brandon Keim cite par exemple Cristian Samper, directeur de l'US Natural History Museum, qui déclare que la perte d'une même famille taxonomique est une mesure plus pertinente que la perte d'espèces ou encore William Schlesinger, président du Cary Institute of Ecosystem Studies, qui déclare que la limite recommandée  pour l’azote semble arbitraire.

Au-delà de l’exhaustivité des risques systémiques que court la terre à cause de l’activité débordante de l’homme, il apparaît clairement que le taux de dioxyde de carbone, objet d’une taxe si controversée, n’est qu’une des menaces qui risque de faire basculer le fragile équilibre de notre terre.

L’exemple du trou de la couche d’ozone, qui semble diminuer depuis que les gaz chlorofluorocarbones (CFC) ont été bannis par le protocole de Montréal de 1987, montre que l’irréparable n’est pas certain à condition que la communauté internationale se mobilise.

Alors au lieu de guetter les petites phrases, les lapsus, au lieu de multiplier les incursions dans la vie privée, au lieu de se gausser des ambitions des uns et des autres, les journalistes, qui se plaignent qu’il n’y ait pas de véritable conférence de presse, devraient arrêter de regarder les doigts des savants qui nous montrent les menaces qui pèsent sur notre écosystème et informer plus l’opinion sur ces dangers pour que les citoyens poussent enfin les politiques à s’en occuper globalement, à repenser l’écologie plutôt que d’agiter la taxe carbone comme la panacée miracle à nos inquiétudes environnementales.


Patrice Leterrier


24 Septembre 2009

 

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23 septembre 2009 3 23 /09 /septembre /2009 18:48

 

 

Le groupe shams de musiques traditionelles d'Afghanistan

O

n l’appelait la jungle. Des réfugiés y survivaient dans des conditions déplorables en attendant de pouvoir rejoindre le paradis qu’ils pensaient tous trouver au-delà du bras de mer séparant la terre républicaine française du domaine de sa très gracieuse majesté d’Angleterre.

Ils vivaient dans une véritable jungle puisqu’y régnait la loi du  plus fort, sous l’emprise de passeurs avides, sinistres marchands de rêve.

La république, incarnée par la puissance publique droite comme un I, a voulu en finir avec cette zone de non droit. Fort bien dirons les défenseurs de l’ordre, des lois et de la sécurité des citoyens. La jungle est donc rendue sans violence excessive à la civilisation mais pour autant aucun des  problèmes dont ce chancre social était la souffrance visible n’a été résolu.

Pierre Henry, directeur de France Terre d'asile tout en reconnaissant qu’"on ne peut pas militer pour un terrain vague comme lieu d'hébergement", déclare "les gesticulations nationales ne servent à rien, il faut une solution européenne". Il ajoute "Il faut que cesse le jeu de la patate chaude auquel se livrent la plupart des pays européens." Et cela concerne singulièrement la France et l’Angleterre sur ce dossier délicat de réfugiés, pour la plupart afghans et irakiens, fuyant un pays en guerre pour l’Afghanistan ou en pleine décomposition pour l’Irak sans qu’on puisse d’ailleurs totalement dédouaner les occidentaux de ces désastres. Ils n’ont souvent pas d’autre alternative pour éviter la mort.

      Trop facile sûrement d’opposer l’humanitaire et le droit. Trop facile de s’indigner de la rigueur républicaine du gouvernement. Trop facile probablement de mettre en exergue la cupidité cynique des passeurs. Trop facile même de proposer le droit d’asile à des hommes et femmes qui ne parlent pas un mot de français et qui ne rêvent que de s’échapper pour rejoindre l’Angleterre. Trop facile de montrer du doigt les anglais qui s’appuient sur la convention de Dublin pour nous renvoyer les immigrés.

Interrogé sur le suicide de Gabrielle Russier,  Georges Pompidou disait le 22 Septembre 1969 lors de sa conférence de presse en citant Paul Eluard "comprenne qui voudra - moi mon remord ce fut la victime raisonnable au regard d'enfant perdu, celle qui ressemble aux morts, qui sont morts pour être aimés".

Moi mon regard et mon remord c’est pour Mohamad, 11 ans, réfugié afghan à Paris. Il confesse à Thomas Saintourens dans les colonnes de France-Soir "Cinq jours que je marche dans les rues jour et nuit pour avoir moins froid. La nuit, quand je suis trop fatigué, je m’adosse à un mur du jardin Villemin, à côté de la gare de l’Est, avec les autres Afghans, et j’essaie de dormir". Mohamad a quitté son pays il y a huit mois parce que son grand frère, interprète pour l’armée américaine, a été tué par les talibans et que sa famille craignait pour sa vie. Et lui aussi ne rêve que d’aller "à Calais, puis en Angleterre, étudier et travailler pour gagner de l’argent et en envoyer à ma famille". 

S’il avait été à Calais hier il serait probablement aujourd’hui placé dans un foyer spécialisé, une sorte de prisonnier de la république.

Trop facile ? Peut-être mais quelle honte pour l’Europe que de ne pas être capable de traiter globalement cette "patate chaude" qui pourrit depuis si longtemps !


Patrice Leterrier

23 Septembre 2009

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