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oin de moi l’idée de vous revenir sur le grand déballage du procès Clearstream, révélateur des mœurs détestables de la cour chiraquienne, ni sur les fanfaronnades revanchardes d’un Charles Pasqua pitoyable de rancœur envers ses maîtres d’antan, ni sur les imbéciles propos d’un Eric Raoult dérisoire paltoquet en quête désespéré de notoriété, ni sur la polémique bien inutile sur la présence ou non de Nicolas Sarkozy le 9 Novembre 1989 à Berlin, ni encore sur les propos discutables d’une lauréate de prix Goncourt qui n’en espérant pas tant pour assurer son succès, ni même sur ce pervers contrôle d’identité nationale dont le Président a défendu aujourd’hui la nécessité sans me convaincre, bref sur aucun de ces miasmes et gesticulations parisianistes d’un microcosme déconnecté des réalités mais bien du grand flop annoncé de la vaccination contre la grippe A(H1N1)…
Car enfin les choses semblaient bien indiscutables ! Le vaccin était parfaitement sans risque et ses effets garantis pour protéger d’un fléau que les français avait du mal, dans la morosité ambiante et confrontés aux vrais problèmes qui les assaillent, à comprendre pourquoi tout ce ramdam fait pour une grippe apparemment ni plus ni moins dangereuse que les autres.
Dans ce concert angélique des experts en tout genre, des journalistes complaisants, des politiques sûrs de leur fait, voilà qu’un cas "probable" de syndrome Guillain-Barré, une maladie rare du système nerveux périphérique, a été signalé mardi après vaccination contre la grippe A !
Déjà que les français, atteints d’un syndrome de scepticisme, couvaient la résistance passive, ils risquent de déclencher une épidémie de révolte contre la vaccination
Mais derrière cette inattendue réaction contre le principe de précaution, il y a plus fondamentalement le fait qu’ils ne font plus confiance ni aux politiques, ni aux journalistes, ni aux experts ni pire encore même aux hommes de sciences.
Nul doute que ce qui ne serait normalement qu’une anecdote même pas digne d’un entrefilet en page intérieure d’un quotidien bien pensant devienne une affaire d’état, la preuve indubitable de la duplicité des pouvoirs publics et des scientifiques avec l’ogre inassouvi de l’industrie pharmaceutique.
Ce qu’il y a de fâcheux en la circonstance ce n’est pas tant que la grippe sans vaccination fasse probablement plus de victimes que prévu (quoique ?) mais bien plus que le pays ne croit plus ce qu’on lui raconte.
Les Français seraient-ils entrainés par le monde politique et les médias dans une spirale de dépit voire vers une sorte de déprime généralisée devant le dérisoire et l’anecdotique qui nourrit les manchettes des journaux et les commentaires des journalistes et du coup jetteraient-ils le bébé de l’information avec l’eau de la rumeur, du scandale, de l’inutile déballage des turpitudes de certains dirigeants ?
Le mur de Berlin est tombé il y a vingt ans en présence ou non de Nicolas Sarkozy et d’Alain Juppé, et il y a maintenant prés d’un siècle que les canons se sont tus après avoir sacrifié à l’imbécile orgueil des nations des millions de jeunes. Belle formule dans la bouche de Nicolas Sarkozy saluant le "refus de confondre l'amour de son pays avec la haine de l'autre", mais il faudrait aussi plus prosaïquement que nos dirigeants, et le premier d’entre eux en tête, apprennent à refuser l’insolent déballage du cynisme et nous convainquent qu’ils ont été élus pour défendre le bien commun, la res publica qui se passerait bien de cette burqa dont on veut l’affubler.
Patrice Leterrier
12 novembre 2009