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20 février 2019 3 20 /02 /février /2019 07:35

Au moment où la confusion idéologique la plus totale règne au sein de ceux que l’on appelle dans un raccourci banalisant et dangereux les "gilets jaunes",

Au moment où des intolérable injures ont été proférées à l’encontre du philosophe et académicien, Alain Finkielkraut apostrophé le samedi 16 février par des  "Barre toi, sale sioniste de merde", "grosse merde sioniste", "nous sommes le peuple", "la France elle est à nous",

Au moment des tombes du cimetière juif de Quatzenheim, qui est là depuis 1795, ont été profanées et recouvertes de croix gammées, un peu plus de deux mois après que celles du cimetière d’Herrlisheim, dans le Bas-Rhin, aient été souillé,

Au moment où des croix gammées défigurent honteusement des portraits de Simone Veil sur des boites aux lettres de la mairie du XIIIe arrondissement de Paris,

Au moment où des ados endoctrinés tirent à la carabine à plomb devant une synagogue à Sarcelles,

Au moment où le désespoir et la colère des laissés pour compte de notre société profitent à  des extrémistes de tout bord qui déversent sans vergogne leur haine et leur violence dans nos rues,

Au moment où certains, dont le député LREM Sylvain Maillard sur France info lundi dernier, dans une confusion sémantique irresponsable, appellent à faire reconnaître l’antisionisme comme un délit, au même titre que l'antisémitisme,

Au moment où l’ombre du capitaine Dreyfus plane à nouveau au-dessus de nos têtes et qu’il n’existe aucun Émile Zola pour nous rappeler le traumatisme  de ce fléau toujours lattant qui a naguère divisé si profondément la société française,

Il parait essentiel, bien sûr plus que nécessaire de se dresser contre ce retour aux heures sombres où la chasse aux youpins était ouverte dans notre pays.

Mais il est aussi salutaire de combattre ce glissement insidieux du sens des mots, de ne pas oublier le sens de l’histoire et de rappeler ce que l’historienne Hanna Yablonka écrivait en 2011 sur : "la manière dont Israël se perçoit parmi les nations" c’est-à-dire cette référence permanente à la shoah pour justifier souvent l’injustifiable,

Comme le prédisait le philosophe Hugo Bergman en 1962 à l’occasion de l’exécution du tortionnaire nazi Adolf Eichmann, Israël: reste "confronté au danger de choisir l’isolement pour l’isolement, de se détourner des autres parce qu’ils seraient des incirconcis et d’abandonner sa mission au sein des nations".

Aussi ne doit-on pas confondre l’antisémitisme odieux et méprisable avec une analyse critique, que d’aucuns qualifient pour éviter d’avoir à en débattre d’antisionisme, de la politique désastreuse menée par les dirigeants Israéliens qui les poussent, comme l’écrivait  Hanna Yablonka  à prendre "la shoah comme boussole pour soupeser notre existentielle condition et les décisions de notre existence", justifiant dès lors des actes et comportements à l’égard des palestiniens qui ne méritent que notre indignation et notre réprobation.

Patrice Leterrier

19 février 2019

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