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9 juin 2011 4 09 /06 /juin /2011 17:37

stat


A

ujourd’hui qu’il s’agisse de santé, de politique, d’écologie, d’économie, les statistiques sont omniprésentes dans le discours des responsables et à les écouter leurs jugements seraient irréfutables et sans appel.

D’ailleurs y a-t-il un meilleur moyen de clouer le bec à un contradicteur que de lui dire "les statistiques sont formelles !"

L’ennui c’est qu’elles ne le sont que parfois et encore pour ceux qui savent les lire.

L’ennui aussi c’est qu’ils ne sont pas la majorité ceux qui les brandissent sans complexe à savoir les interpréter correctement.

L’ennui enfin c’est que, quand bien même elles seraient irréfutables et non biaisées, nous ne sommes pas vraiment armés pour les comprendre.

Rudy Giuliani annonçait triomphant en 2007: "J'ai eu un cancer de la prostate, il y a cinq ans. Mes chances de survie étaient de 82 pour cent aux États-Unis. En Angleterre, où le système de santé est socialisé, elles n'auraient été que de 42 pour cent."

Il avait donc, à ses yeux,  une chance folle de vivre à New York et non à Londres !

Seulement, la politique de dépistage n’étant pas la même, les cancers de la prostate des américains sont détectés beaucoup plus tôt qu’en Grande Bretagne.

Le taux de survie à 5 ans (chiffre utilisé par R. Giuliani) aux états unis est donc beaucoup plus élevé qu’en grande Bretagne sans grande signification sur le taux de mortalité.

Selon un avis émit en 1995 par l'Agence de sécurité sanitaire du Royaume-Uni, les pilules contraceptives de troisième génération doublaient le risque (relatif) de phlébite potentiellement mortelle.

Le risque absolu passait en réalité de 1 pour 7000 à 2 pour 7000, ce qui ne justifiait en rien le vent de panique qui suivit.

Beaucoup de femmes cessèrent de prendre la pilule ce qui entrainât une explosion du nombre d’avortements  alors que les avortements et les grossesses augmentent le risque de thrombose dans des proportions bien supérieures à celle annoncée pour les pilules contraceptives de troisième génération.

Pas convaincu ?

Je pense augmenter votre confusion en reprenant l’exemple cité par Gerd Gigerenzer : selon les probabilités (qui sont toujours formelles) parmi les femmes passant un test du cancer du sein, un pour cent en sont atteintes et le test est fiable à 90 % avec un taux de 9% des faux positifs.

Si vous n’avez pas compris grand chose à cette phrase, peut-être je pourrais vous éclairer en disant qu’en ignorant les tests négatifs, un test positif est un faux positif neuf fois sur dix.

Evidement la personne a qui on annonce un  test positif n’a pas tout à fait la même impression avec cette formulation qu’avec la phrase absconde qui précède et pourtant elle dit rigoureusement la même chose !.

Toujours pas convaincu que notre cerveau entend les statistiques en fonction de ce dont elles parlent et de la façon dont on les présente ?

Connaissez-vous le petit jeu qui s’appelle le Monthy Hall problem ? Si vous avez regardez la vidéo du lien je serai étonné que vous ayez choisi la stratégie la meilleure car elle est totalement contre intuitive.

Outre cette difficulté à comprendre la signification réelle de tel ou tel chiffre, lorsqu’il s’agit d’évaluer une situation nous ne pesons pas sur la même balance les risques et les chances.

Les risques prennent une importance considérable.

Notre cerveau ne nous laisse pas la possibilité de les traiter sereinement confondant par exemple risque absolu et risque relatif, etc.

On a beau avoir dit à des millions de gens que le vaccin contre la grippe H1N1 était inoffensif, on peut répéter à tue tête que les concombres et autres tomates ne présentent aucun risque en France, un peu parce que les autorités nous ont souvent mentis par le passé, beaucoup parce que notre esprit ne sait pas accueillir les risques avec raison nous les surévaluons.

Et pourtant nous prenons sans arrêt et sans y prêter la moindre attention des risques bien plus considérables mais que nous ne percevons pas (bruler un feu rouge, forcer un passage à niveau, traverser sans regarder, fumer comme un pompier, boire sans mesure, manger n’importe quoi…)

Ainsi est la nature humaine aveugle du principal et obsessionnel du détail.


Patrice Leterrier 

9 Juin 2011

 

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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 15:17

wealth network


C

omparant le phénomène internet aux grandes découvertes et à la révolution industrielle, Nicolas Sarkozy pense qu’il a changé "la perception que le monde se fait de lui-même".

On peut s’étonner qu’il ait omis de parler de l’invention de l’imprimerie qui est à l’origine de l’extraordinaire développement intellectuel du siècle des lumières et de la diffusion des sciences et techniques qui ont été les moteurs, avec l’invention du capitalisme, de la révolution industrielle.

Lorsqu’il dit que "Chose unique dans l'Histoire, cette révolution n'appartient à personne, elle n'a pas de drapeau, elle n'a pas de slogan : cette révolution est un bien commun", on pourrait bien sûr dire la même chose de l’invention de Gutenberg et de la diffusion des connaissances et des arts qu’elle a permise.

Le "changement de perception du monde" qu’elle a entraîné fut aussi considérable mais ce qu’l y a d’unique dans la révolution internet, c’est l’extraordinaire vitesse à laquelle sa mondialisation est intervenue.

A peine 40 ans entre le moment de la première connexion  des ordinateurs entre quatre universités américaines (1969) et l’explosion actuelle de la diffusion et du partage de la culture et des connaissances sur Internet.

Larry Page ne se doutait pas, en créant le 4 Septembre 1998 Google, que  son entreprise deviendrait une décennie plus tard la 19ème capitalisation mondiale loin devant des champions européens comme Total (26ème et première capitalisation française) et la deuxième marque au monde derrière Apple mais devant IBM.

Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, fut sacré plus jeune milliardaire du monde dès l'âge de 23 ans et devance aujourd’hui l’emblématique patron d'Apple, Steve Jobs.

A l’origine les créateurs d’internet voulaient à la fois construire un réseau distribué pour éviter tout blocage en cas de destruction d’un ou plusieurs des serveurs (contexte de guerre froide) et permettre à des communautés (de militaires d’abord puis de chercheurs et d’enseignants) de communiquer (essentiellement échanges de messages et de documents).

L’ouverture au public de cette technologie ne date que de la fin des années 80.

On mesure le chemin parcouru en à peine plus de vingt ans et combien l’usage d’internet est bien différent de ceux pour lesquels il a été créé.

Le monde internet est de plus en plus dominé par les applicatifs, qu’il s’agisse de réseaux sociaux, de moteurs de recherche, de sites musicaux ou vidéo, de journaux, de blogs, d’encyclopédies, de localisation, etc.

Internet sort également progressivement de l’environnement exclusif de l’ordinateur pour atteindre celui des téléphones portables, des tablettes, des téléviseurs et probablement d’autres assistants électroniques qui viendront compléter la panoplie de l’homo internautus.

Avec cette ouverture vers de plus en plus de mobilité et d’imbrication en temps réel dans la vie quotidienne, Internet est en train de devenir un bazar d’applications, étalant leurs échoppes virtuelles clinquantes pour attirer le chaland numérique.

Au prétexte de nous faciliter la vie, les entreprises qui les commercialisent accumulent, avec notre "consentement" implicite mais peu éclairé, des informations sur nous.

ils guident notre navigation en fonction de nos centres d’intérêt, de notre profil socioéconomique, de notre âge, etc..infantilisant de plus en plus nos rapport avec l’internet.

Les états ont des raisons légitimes de chercher à protéger la vie privée des utilisateurs, la propriété intellectuelle sous toutes ses formes, de combattre la cybercriminalité, de préserver le "droit élémentaire des enfants à vivre protégés des turpitudes de certains adultes".

Mais quand Nicolas Sarkozy affirme la révolution internet "n'appartient à personne", il devrait aussi inviter les états du G8 à veiller à ce que les grands acteurs d’aujourd’hui ne deviennent pas des monopoles de demain qui freineraient immanquablement l’ouverture et l’initiative individuelle, clé de l’innovation et du succès de l’extraordinaire aventure du Web.


Patrice Leterrier 

30 Mai 2011

 

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26 mai 2011 4 26 /05 /mai /2011 16:31

boostez-votre-cerveau


J 

onah lehrer sur son blog frontal cortex nous dévoile une intéressante étude menée auprès de 100 étudiants à qui on visualisait deux types de publicité pour une nouvelle marque de Pop Corn qui n’existait pas en réalité.

Un premier groupe se voyait vanter les mérites du nouveau produit avec force arguments gustatifs tandis qu’un second visualisait un film de personnages sympathiques baignant dans le bonheur dans un décor de rêve (comme ceux dont on nous mitraille pour vanter des sodas américains de couleur brune)…

Le résultat est que les participants du deuxième groupe se "rappelaient" parfaitement du goût délicieux d’un produit qu’ils n’avaient jamais consommé alors que les membres du premier groupe n’avaient aucun souvenir ni du nom du produit ni de ses qualités.

Nos souvenirs peuvent donc nous mentir et nous jouer de sacrés mauvais tours.

Dans son discours inaugural de l’e G8, s’adressant à l’élite d’Internet, dont le très charismatique fondateur de Facebook Mark Zuckerberg, Nicolas Sarkozy déclare "vous avez changé le monde au même titre que Colomb et Galilée".

On pourrait se féliciter de cette prise de conscience de l’extraordinaire aventure que l’homme est en train de vivre.

Mais que penser par contre de la petite phrase de Mark Zuckerberg, “a squirrel dying in your front yard may be more relevant to your interests right now than people dying in Africa”* qui justifie froidement l'usage éhonté que font ces grands manitous de l’internet des informations privées qu'ils détiennent ?

Comme dans le cas des publicités idylliques, il y a un risque que les informations collectées dans les tours d’ivoire de ces géants (Facebook, Google,Bing,Yahoo,…) sur nos goûts, nos habitudes, nos penchants politiques ne servent qu’à nous enfermer dans la logique de consommation qui les intéressent.

La valeur politique, morale, artistique éducative ou éthique d’une information compte moins pour ces businessmen à la recherche de plus de profit que la seule pertinence avec nos petits soucis personnels qui forcément fera plus d’échos à notre cerveau reptilien…

Le pouvoir n’est plus dans les traditionnels gardiens de l’opinion d’autrefois (producteurs et magnats des médias, éditeurs) mais dans les mains des ingénieurs talentueux de ces géants qui concoctent des algorithmes de plus en plus sophistiqués pour cerner nos personnalités, nos goûts, nos préférences et orienter au mieux nos actes d’achats au pire notre pensée.

Mais au fond cela ne nous apporte-t-il pas sur un plateau encore plus d’informations pertinentes pour nous ?

La facilité de communication et d’accès à l’information sous toutes ces formes qu’offrent les sites de réseaux sociaux et les grands moteurs de recherche pourraient bien, sous une apparence de grande liberté, conduire à une sorte de lobotomie électronique par une anesthésie totale de notre curiosité et de notre sens critique.

Dans le même discours, Nicolas Sarkozy déclare "si la technologie est neutre et doit le rester, on voit bien que les usages d'internet ne le sont pas".

Il pense bien sûr à la cybercriminalité, à la pédophilie, à la défense les droits d'auteurs et de la vie privée (surtout celle des gens connus).

Mais l’usage que font déjà certains des informations qu’ils accumulent sur les anonymes que nous sommes est une potentielle menace pour la démocratie et la liberté.

Le monde ouvert du Web que prône Tim Berners-Lee met l’utilisateur en tant que personne libre au centre de la communication.

Il doit être farouchement défendu contre tous ceux qui voudraient faire de nous des panels de consommateurs de biens, de culture, d’éducation..


Patrice Leterrier 

26 Mai 2011


 

* La mort d’un écureuil dans votre cour peut être plus pertinente à vos intérêts actuellement que la mort d’africain


 

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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 14:35

manifestation


S 

téphane Hessel dans un livre, dont le succès ne se dément pas, nous encourage à nous indigner contre la violence, contre l’ordre économique du monde, pour que soit mis fin au conflit israélo-palestinien, pour endiguer le déclin de notre société.

Une vaste étude réalisée sur 21 ans par les psychologues Klaus Boehnke et Becky Wong, nous apprend que les jeunes allemands qui s’étaient lancés dans des mouvements de protestation connaissent moins de troubles mentaux 20 ans plus tard, que ceux qui s’étaient résignés.

Sans revenir sur les quatre échelles du temps évoquées par Jacques Attali, on ne peut pas ne pas évoquer le "temps cosmique".

Ce temps, dont la fin, à un horizon non concevable par l’esprit humain, ne serait peut-être que la fin d’un des infinis multivers et dont le début se heurte et s’écrase pour disparaître dans le mur de Planck, se moque bien des milliards dépensés pour relater à force de textes, de photos de vidéos ce qui n’est même pas un léger plissement d’œil de l’histoire : je veux parler des mésaventures sexuelles d’un homme éminemment puissant avant sa chute.

Mais cela ne doit pas nous empêcher, pour notre santé mentale, de nous indigner devant tant de gaspillage et de bruit médiatique pour une affaire qui, si elle n’est pas criminelle, pourrait s’avérer un sordide fait divers.

S’indigner ou au moins s’étonner que cet homme (et son épouse richissime) puisse aligner si facilement des millions de dollars pour ne pas rester en prison.

S’indigner ou au moins marquer sa méfiance devant quelqu’un qui se croyait obliger de porter plainte lorsque la presse parlait du prix de ses costumes, de la taille de son appartement ou encore des habitudes véhiculaires qu’il avait en France.

S’indigner voire se révolter que la Presse, maintenant libérée d’un lourd secret, nous confirme que le respect des femmes n’était pas la préoccupation première de ce monsieur.

S’indigner, pour ne pas désespérer de notre société, découvrir toutes ces cachoteries, toutes ces bassesses, toutes ces complicités pour protéger le chouchou des sondages.

Car enfin comment donc cet homme pouvait-il porter les espoirs des électeurs de gauche, comment pouvait-il, enfermé dans sa tour d’ivoire d’économiste "hyperadapté", comprendre et épouser (le mot est osé le concernant !) les préoccupations des fourmis d’électeurs que nous sommes ?

La gauche a peut-être gagné en clarté dans ce séisme qui l’a secouée.

Elle a probablement perdu en crédibilité quand on voit l’indignation, à tout le moins prématurée, de certains de ses dirigeants apprenant la chute de leur champion bien sous tous rapports sauf peut-être sur l’éthique et la morale personnelle qui me semblent pourtant  être des vertus attendues pour un prétendant à la magistrature suprême.

Et concernant cette haute fonction, je conteste la barrière que l’on voudrait imposer entre vie privée et vie publique.

Certes on ne doit pas confondre un chaud lapin et un délinquant sexuel.

Le second est clairement un criminel (et un malade qu’il faut soigner), mais le premier révèle certainement une faiblesse, certains parleraient d’une "faille narcissique".

La santé physique et mentale de nos dirigeants ne peut pas être un secret d’état.

D’autres en ont fait autant voire pire avant lui, diront les plus tolérants !

Certes mais, comme nous y invite Stéphane Hessel, ne faut-il pas s’indigner pour endiguer le déclin de notre société et ceux de l’éthique et de la morale en sont incontestablement des contributeurs majeurs.


Patrice Leterrier 

22 Mai 2011

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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 10:34

montre molle


L 

e raz le bol exprimé par nos amis, espagnols, irlandais et grecs devant les conséquences d’une crise dont ils ne se sentent pas responsables mais seulement victimes peut-il changer vraiment la posture des politiques et leurs actions ?

Comme dans le cas du printemps arabe, on voit le rôle d’internet et des médias sociaux pour rassembler et fédérer des mécontentements.

Il reste que, fondamentalement, on ne fait pas la révolution avec des gens qui n’ont pas faim et qui ne sont pas désespérés au sens étymologique du terme c'est-à-dire sans perspective de vie, sans espoir.

La force agrégative d’internet est incontestable mais elle n’est surement ni la cause ni d’ailleurs la solution aux révoltes populaires comme vous le souligne Francis Pisani sur son blog en parlant du paradoxe des médias sociaux et de l’action politique:

Ces mouvements populaires posent aussi le problème de ceux que Jacques Attali appelle sur son blog les quatre échelles de temps.

Je ne parlerais pas de la quatrième échelle, qui est celle de la maladie et de la mort, qu’on s’acharne à oublier pour donner du sens à l’existence en construisant la fable de notre vie (voir l’Espèce fabulatrice de Nancy Houston).

La démocratie vit selon des rythmes qui dépendent de la nature des problèmes posés.

Le temps du juridique, celui auquel est maintenant confronté Dominique Strauss-Kahn, est lent par nature puisqu’il faut prendre le temps d’écouter, de rassembler des preuves, de confronter les points de vue, d’essayer de démêler le vrais du faux avant de trancher.

Bref comme disait en raccourci saisissant François Mitterrand "il faut laisser du temps au temps" (pas vraiment d’ailleurs au temps mais à l’homme pour juger…).

Le temps de la politique –sauf en cas de révolution - est défini par les échéances électorales.

En France il revient pratiquement à un temps unique tous les cinq ans du fait de l’élection du Président au suffrage universel et des parlementaires dans la foulée.

Dans l’intervalle s’exprime l’opinion, les médias, les marchés (financiers, matières premières, pétrole,..) qui sont soumis aujourd’hui à la dictature de l’instantanéité.

Il y a un décalage énorme entre la volonté de voir le pouvoir politique tenir compte des rythmes modernes de changement des réalités sociales, économiques et politiques et le cérémonial quinquennal de la légitimité politique.

Comme l’invention de l’imprimerie avait radicalement changé le temps de la connaissance, Internet est aujourd’hui en partie responsable de cette prise de conscience accélérée des changements du monde, même sil y a, au total, plus de bruits que d’informations sur le net.

Le contrôle de cette prise de conscience échappe au pouvoir politique malgré les efforts, parfois pitoyables voire grotesques, de certains qui continuent à nous raconter des carabistouilles dont on ne peut même pas imaginer qu’ils y croient eux-mêmes.

De sorte que devant le décalage flagrant entre le vécu de chacun et les discours, les plus fragiles, en quête de certitude, se réfugient dans des fanatismes religieux ou xénophobes qui leur promettent un salut eternel ou une vie meilleure en rejetant les autres qu’ils soient des infidèles, des étrangers ou des riches.

Mais paradoxalement aussi le rythme politique est aussi trop rapide par rapport aux enjeux environnementaux comme le réchauffement climatique, le problème des énergies renouvelables et du nucléaire, les grands défis de la santé publique, la bioéthique, les objectifs du millénaire, etc.

Le dilemme de la démocratie moderne, qui reste à inventer, est à la fois de s’adapter aux changements rapides que nous vivons, de ne pas oublier les autres êtres vivants de la terre (toutes espèces confondues y compris végétales) et de ne pas obérer l’avenir des générations futures.


Patrice Leterrier 

21 Mai 2011

 

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14 mai 2011 6 14 /05 /mai /2011 18:51

tablette


L

es plus anciennes traces d’écriture remontent au troisième millénaire av. J.-C dans la ville antique d'Uruk, au sud de l'Irak non loin d’Ur, lieu de naissance supposé d’Abraham.

A cette époque la civilisation sumérienne rayonnait sa culture du haut de ces Ziggourat à l’origine de la légende de la tour de Babel.

Des scribes reportaient sur des tablettes en argile des informations comptables d’abord sous la forme de pictogrammes puis peu à peu de signes de plus en plus stylisés qui donnèrent naissance à l’écriture cunéiforme.

La lettre A de l’alphabet romain que nous utilisons encore aujourd’hui vient ainsi à l’origine du pictogramme sumérien représentant une tête de bœuf et qui donna naissance à la lettre cunéiforme alpa (alpha en grec).

A peu près à la même époque, les Égyptiens écrivent leurs hiéroglyphes sur des rouleaux de papyrus, plante de la famille des cypéracées, cultivée dans le  delta du Nil.

Selon Pline l’ancien, le roi Ptolémée interdit l’exportation du papyrus parce qu’il était jaloux des deux cent mille rouleaux de la bibliothèque du roi Eumène qui régnait sur la ville hellénophone de Pergame.

C’est ainsi que fut inventé à Pergame le parchemin pour contrecarrer l’interdit du roi Ptolémée.

Le secret du papier, inventé par les chinois au IIIème siècle avant J-C, fut obtenu par le gouvernement musulman de Samarkande en torturant de modestes marchands chinois en 751. Il fut ensuite introduit en Espagne et en Sicile au XIIe siècle puis en Italie au XIIIe.

L’invention du Codex, c'est-à-dire le passage du rouleau à des pages reliées ensemble et une couverture que nous connaissons encore aujourd’hui, serait dû à un libraire romain du nom de Secundus en 85 de notre ère.

La diffusion du livre prendra l’essor qu’il connaît encore avec l’invention d’un petit fabricant de miroirs allemand Johannes Gutenberg qui fit imprimer le premier livre moderne, une bible en 1456. N’ayant pu rembourser l’atelier d’imprimerie malgré le travail effectué à ses Bibles, Gutenberg meurt ruiné dans la misère en 1468.

Les ventes globales de livres aux Etats Unis pour le mois de janvier 2011 s’élevaient à 805,7 millions de dollars et le segment du livre numérique est en passe de franchir la barre des 10% de parts de marché, une progression vertigineuse de 116 % en un an.

Cette progression pourrait faire penser que la généralisation future des ebooks et autres tablettes comme l’Ipad serait le début de la disparition du vieux codex comme lui-même avait condamné les rouleaux au rang de curiosité historique.

Il semble que c’est prendre un raccourci un peu rapide et méconnaitre en fait l’usage complexe et notamment le caractère kinesthésique du rapport du lecteur avec le livre.

Sur son blog, Nicholas Carr revient sur une étude faite par une équipe de chercheurs de l’Université de Washington.

En 2009, ils ont fourni à des groupes d’étudiants des ebook Kindle qui étaient chargés avec les manuels des cours.

À la fin de l'année scolaire, près des deux tiers des étudiants avaient abandonné le Kindle ou ne l'utilisaient que rarement

Les principales raisons de cet abandon sont liées aux limites du Kindle et peuvent trouver des solutions techniques comme par exemple l’impossibilité de passer facilement d’une page d’un manuel à celle d’un autre, d’annoter des cours, de marquer des pages pour les retrouver ou encore l’usage de la couleur dans des schémas impossible sur Kindle.

Il reste que, même avec ces fonctions, l’avantage du livre électronique n’est pas évident pour des étudiants ayant l’habitude de consulter simultanément divers manuels ouverts à la bonne page, surlignés ou encore commentés en marge.

Il y a enfin un aspect qu’aucun instrument électronique donnant accès séquentiellement à un nombre infini de pages virtuelles ne pourra apporter.

Il semblerait que nous construisons une sorte de carte cognitive du livre que nous lisons.

Une forme de perception inconsciente de l'emplacement physique d’un texte et de sa relation spatiale avec l’ensemble des autres textes du livre.

Nous utilisons également le poids d’un livre pour situer un texte recherché dont nous avons gardé le souvenir de la position géographique.

Cela ne veut évidemment pas dire que ces nouveaux outils si prometteurs ne trouveront pas leur place dans le matériel pédagogique.

Les tablettes offrent et offriront encore plus dans le futur de formidables possibilité d’accès à des pages virtuelles qu’elles contiennent des textes, des images ou des vidéos venant supporter les besoins de formation ou plus simplement le désir de vagabondage des utilisateurs qu’on ne peut plus qualifier seulement de lecteur.

L’invention de Secundus a donc encore de beaux jours devant elle, même si les formidables fenêtres que sont ces tablettes en silicium (et non en argile) bouleversent et bouleverseront encore plus dans le futur notre relation au monde et à la culture.


Patrice Leterrier 

14 Mai 2011

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4 mai 2011 3 04 /05 /mai /2011 16:21

Achantis


V 

ous connaissez peut-être moins le footballeur Christian Karambeu que sa très médiatique ex-épouse Adriana Sklenaříková. 

Mais saviez-vous que son grand-père Lahi avait été emmené de force en métropole, avec d'autres Kanaks, et exposé, dans une cage comme un animal dans un zoo, au Jardin d'acclimatation de Paris lors de l'exposition coloniale de 1931 ?

Ces zoos humains, tradition bien française depuis le milieu du XIXème siècle, rencontraient un grand succès populaire et participaient grandement à la construction d’une image des "noirs" s’inscrivant dans le monde de l’animalité.

Vous n’en trouverez aucune trace dans les livres d’histoire alors qu’ils ont constitué le premier contact populaire réel entre l’Autre exotique et les français

L'exposition coloniale de 1931 visait à magnifier le rôle pacificateur de la France dans l’empire. C’était une gigantesque fantasmagorie bâtie pour conforter ce sentiment de puissance et de triomphe de la civilisation et du génie français qui sortait des sauvages de leur bestialité.

Ces "êtres primitifs" étaient exposés comme des bêtes à des visiteurs tantôt inquiets, tantôt moqueurs, parfois lubriques mais rarement gênés dans des décors de carton-pâte censés représenter leurs habitats d’origine.

Il s’agissait d’une mise en scène intentionnelle de l’Autre dans un but explicite d’infériorisation.

Ils apparaissaient comme des êtres frustres et primitifs et les colonisateurs comme des bienfaiteurs de l’humanité. Nous étions bien dans la lignée d’un Jules Ferry qui disait avec une conviction affligeante "les races supérieures ont le devoir de civiliser les races inférieures". Et puis il y avait aussi le prétexte "missionnaire" de sauver les âmes en perdition.

Le ministre des colonies Paul Reynaud n’avait-il pas déclaré lors de l’inauguration de l’exposition "la colonisation est le plus grand fait de l'Histoire"

Une sorte de champ du cygne du mythe encore puissant à l’époque de la mission civilisatrice de la France dans le monde même si certains, comme les surréalistes, s’élevaient déjà contre le concept de la "grande France", contre "le dogme de l'intégrité du territoire national invoqué pour donner à ces massacres une justification morale" .

Ils n’empêchèrent pas à huit millions de visiteurs (dont la moitié de parisiens) d’assister à cette grande mise en scène et de se conforter une dernière fois avant le cataclysme de la guerre de la puissance de la France et de la supériorité du blanc sur l’indigène.

Ces “villages nègres” ne furent pas le fait de quelques extrémistes racistes.

La république les a soutenus et accompagnés avant de les intégrer pleinement dans les grandes expositions coloniales de 1922 et 1931.

Ces exhibitions étaient une manifestation flagrante du décalage qui existait entre le discours sublimant les valeurs de la République de liberté et d’égalité et la pratique.

Ils ont grandement contribué à créer ce regard condescendant sur l’autre et singulièrement sur le "noir" qui "n’existe que dans le regard, qu’il soit populaire, xénophobe, scientifique ou artistique".

Aujourd’hui le landerneau footballistique est secoué par un scandale créé par les propos de certains de ses dirigeants invoquant la création de quotas pour les joueurs d’origine africaine.

Comment ne pas faire le lien entre cet événement et l’ancrage encore profond de ce regard différent sur le "noir" dont chacun sait qu’il est "fait pour le sport".


Patrice Leterrier

4 Mai 2011

 

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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 16:17

0B

Benoit XVI

L 

e président zimbabwéen  HURobert MugabeUH est  HUarrivé ce matinUH à bord d'un vol spécial d'Air Zimbabwe en provenance de Harare à l'aéroport romain de Fiumicino en vue de sa participation à la cérémonie de béatification de Jean Paul II.

A quoi servent les condamnations unanimes des états si le pape peut inviter en toute impunité  Robert Mugabe à la béatification de son prédécesseur ?

Il avait déjà été  HUinvitéUH dans l’indifférence générale aux  HUobsèques de Jean Paul IIUH en 2005.

Jean Paul II se retournera-t-il dans sa tombe lorsque le tyran aux mains pleines de sang s’inclinera sur son cercueil ?

Le  HUpère LombardiUH défend la position du saint siège en déclarant "le Zimbabwe est un Etat avec lequel le Saint-Siège entretient des relations diplomatiques [..] Il n'y a donc rien à cacher" sur la présence de ce président africain, qui sera aux côtés de quinze autres chefs d'Etat du monde entier.

Rien à cacher sur sa présence mais tout sur les souffrances et les injustices qu’il fait subir à son peuple qu'il affame et maltraite sans vergogne.

Le "Saint" Père invite :

·    Un homme dont la  HUdernière électionUH  fut une forfaiture condamnée par le monde entier.

·    Un homme qui déclarait en 2003 "Hitler avait un seul objectif : la justice pour son peuple, la souveraineté pour son peuple, la reconnaissance de l'indépendance de son peuple et ses droits sur ses ressources"!

·    Un homme qui reconnait  HUavoir recoursUH à la torture.

·    Un homme qui est interdit de voyage sur le sol de l'Union européenne depuis plusieurs années, en raison de ses atteintes répétées et massives aux droits de l'homme, à la liberté de la presse et à la liberté d'opinion !

·    Un homme condamné par la Conférence des évêques d'Afrique australe en2008,

·    Un homme qui  HUfêtait en grande pompeUH  l’année dernière son 86ème anniversaire alors que son peuple mourrait de faim et était décimé par une HUépidémie de choleraUH.

Mais c’est un homme qui affiche un catholicisme on ne peut plus orthodoxe et  une HUhomophobieUH  qu’il érige en loi contre les homosexuels.

Il  HUdéclaraitUH  en 1995 "Je trouve insultant et répugnant pour ma conscience humaine que des organisations si immorales et répugnantes, comme celles d'homosexuels, qui font offense à la fois à la loi de la nature et à la morale religieuse que notre société a épousée, puisse avoir un quelconque porte-parole parmi nous et où que ce soit dans le monde."

Le Vatican semble se dire "Recevons les tous, Dieu reconnaîtra les siens" !

Honte à celui qui accueille l’un des pires tyrans encore en exercice parce qu’il se dit catholique !


Patrice Leterrier

30 Avril 2011

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29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 22:03

neurones


M 

algré ce titre, il ne s’agit pas de parler de la faillite cérébrale des politiques qui aujourd’hui ont de plus en plus tendance à réagir de façon pavlovienne aux événements sans mobiliser outre mesure leur cortex préfrontal.

Par exemple immigrés déclenchent un reflexe incontrôlé de replis et de refoulement à la frontière, catastrophe nucléaire une bouffée délirante de négationnisme aveugle aux risques, augmentation exponentielle des prix une paranoïa éducative pour former notre bon peuple car chacun sait qu’il n’y a pas de problème de prix mais des ignares bien incapables de choisir tout seul les produits adéquats, etc.

Il ne s’agit pas non plus de neutraliser ces mauvais neurones de la violence qui se trouvent dans une zone bien définie appelée la division ventrolatérale de l'hypothalamus ventromédian.

Des chercheurs de l'Institut de technologie de Californie ont en effet découvert que, chez le rat, l'activation de neurones dans cette minuscule zone provoque des accès de rage incontrôlés.

Le piquant de l’expérience est que lorsque le rat est occupé à honorer une femelle, l’excitation de la zone ne provoque d’accès de rage que dans 30% des cas.

La stratégie des bonobos qui consiste à régler les conflits par des relations sexuelles trouve ainsi une justification.

Pas étonnant puisqu‘on apprend que ces charmants primates - dont la population est passée de 100 000 individus à 10 000 en 30 ans – sont capables de communiquer avec leurs congénères par des modulations phoniques pour signaler la présence de nourriture appétissante.

Il ne s’agit pas plus de l’état questionnable des neurones d’un pape qui invite un tyran à assister à la béatification de son prédécesseur dont on pourrait imaginer qu’il s’en retourne dans sa tombe.

Honte à celui qui invite Robert Mugabe, le président du Zimbabwe, alors qu'il affame et maltraite son peuple.

Un homme dont la dernière élection fut une forfaiture condamnée par le monde entier.

Un homme qui déclarait en 2003 "Hitler avait un seul objectif : la justice pour son peuple, la souveraineté pour son peuple, la reconnaissance de l'indépendance de son peuple et ses droits sur ses ressources"!

Un homme qui reconnait avoir recours à la torture.

Un homme qui est interdit de voyage sur le sol de l'Union européenne depuis plusieurs années, en raison de ses atteintes répétées et massives aux droits de l'homme, à la liberté de la presse et à la liberté d'opinion.

Il ne s’agit pas enfin d’endormir les neurones responsables du reflexe irrépressible qui nous amène à proférer des jurons lorsque nous nous prenons les doigts dans la porte de l’ascenseur.

Des scientifiques de l’université de Keele au Royaume-Uni affirment que proférer des gros mots peut agir de manière efficace contre la douleur, surtout pour les gens qui n’utilisent habituellement pas de jurons peut-être parce que cette furie verbale entraine une accélération du rythme cardiaque.

Il s’agit d’une découverte faite par Giulio Tononi et Vlad Vyazovskiy, chercheurs à l’université de Wisconsin-Madison (Etats-Unis), ont étudié en détail les effets d’une veille prolongée sur des rats.

Les résultats sont qu’elle provoque la désactivation très courte de neurones dans certaines régions du cortex comme pendant le sommeil paradoxal.

Un peu comme si le cerveau se vengeait de l’épreuve subie et nous rappelait qu’il ne suffit pas de penser pour être conscient.


Patrice Leterrier

29 Avril 2011

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 16:54

internet

S

elon les statistiques officielles de Facebook, le premier réseau social au monde compte plus de 500 millions d’utilisateurs actifs qui se connectent en moyenne plus de 23 heures par mois.

La moitié d’entre eux le font via leurs téléphones portables.

Les utilisateurs actifs ont en moyenne 130 "amis" mais est-ce vraiment possible ?

Si on ajoute à ces statistiques celles de Twitter (200 millions), de Linkedin (100 millions) et celles des 29 réseaux sociaux dépassant le million d’utilisateurs actifs, il est incontestable que cet envahissement des réseaux dans la vie quotidienne de millions de personnes représente un changement radical dans la relation aux autres.

En somme une nouvelle sorte d’altérité virtuelle, désinvestie de contact physique qui n’est pas sans conséquence sur les formes traditionnelles de relation humaine.

On pourrait aussi parler du temps passé à écouter de la musique sur Itunes, à regarder des vidéos sur Youtube ou Dailymotion, à interroger les moteurs de recherche Google, Yahoo, Bing, à envoyer ou à recevoir des SMS ou des MMS sur son smartphone.

Il y a aujourd’hui plus de 5 milliards de téléphones portables dans le monde (soit plus d’un par habitant) dont un quart sont des smartphones.

Il vous est probablement arrivé de prendre les transports en commun aux heures de pointe.

Essayez de croiser un regard et vous serez immédiatement suspecté de je ne sais quelle intention malsaine car plus personne ne regarde personne.

Les usagers s’isolent de plus en plus de leur environnement direct.

Ils sont occupés soit à taper avec une agilité déconcertante des messages sur leurs téléphones, soit à regarder leurs emails ou des vidéos, soit à écouter de la musique sur leurs baladeurs en même temps qu’ils caressent avec dextérité leurs écrans lilliputiens.

La cité, aussi peuplée, aussi vivante, aussi bruyante qu’elle soit, n’existe plus pour ces esclaves de la technologie.

Ils sont connectés avec tout l’univers mais sont plus seuls que jamais dans cet infini illusoire

Ils restent bien quelques lecteurs de vrais livres ou de vrais journaux même si certains mixent cette activité avec l’écoute de musique sur leurs ipads.

Mais il n’est pas anodin d’apprendre que la vente de titres sur ebook a dépassé celle des livres traditionnels aux États unis en février 2011.

La révolution Copernicienne du Web en déplaçant le centre de gravité de l’univers internet des utilisateurs du PC vers le portable ou la tablette, favorise cette explosion des applications sur internet qui restreint paradoxalement la liberté des utilisateurs.

Tim Berners-Lee, le génial inventeur du World Wide Web, affirme, dans un article de Scientific American, que le web doit être défendu comme la démocratie face à l’envahissement des applications qui confisquent votre identité virtuelle.

Quelles ques soient les bonnes intentions affichées de ces monopoles applicatifs (comme Facebook ou Google), ils sont naturellement enclins à conserver les informations que vous leur confiez dans leurs jardins privés.

Cela les rend beaucoup plus vulnérables à des interventions de lobbies, financiers, politiques ou policiers qui pourraient les obliger à délivrer des informations personnelles ou filtrer ce qui est autorisé de ce qui ne l’est pas, même si on se souvient de la bataille de Google contre le gouvernement chinois pour préserver son "indépendance".

Avez-vous remarqué par exemple qu’on peut dire j’aime et pas je n’aime pas sur Facebook ?

Essayez donc également d’extraire les informations que vous avez "confiées" à Facebook pour les utiliser dans une autre application.

Vous verrez à quel point cette "sympathique application" protège jalousement ces informations pour son usage personnel et non pour vous permettre d’en jouir à votre convenance dans l’univers ouvert du web.

Vous ne pouvez accéder aux contenus de la bibliothèque Itunes qu’à travers l’application développée par Apple alors que des formats standards comme MP3 permettent la libre circulation des sons sur le net et sont accessibles par des milliers d’applications, y compris celles que vous pourriez vous-même écrire.

De nombreux sites de journaux et de magazines en ligne vous proposent leurs propres applications sur smartphone pour accéder à leurs contenus.

La facilité d’accès est souvent le prétexte avancé pour justifier cet enfouissement de plus en plus répandu des interfaces standards proposées par le World Wide Web Consortium.

Mais ces jardins clos, quelle que soit la richesse des fonctions proposées, ne seront jamais qu’un sous-ensemble limité de l’immense diversité et richesse offerte par le web.

De plus la tendance monopolistique des grands sites de recherche et de réseaux sociaux est un frein à l’innovation.

Tant que le web continuera à être utilisé, y compris sur des smartphones ou des tablettes, la liberté d’échange et de partage pourra être garantie par l’Architecture même du web qui est ouverte, gratuite et publique.

Dès lors que l’utilisateur confie sa liberté d’action à des applications, il devient l’esclave volontaire ou involontaire de l’évolution voulue et recherchée pour son propre intérêt par le propriétaire de l’application.

Même si certaines applications sont incontestablement des facilitateurs irremplaçables pour accéder à des contenus dont le nombre et la complexité augmentent de manière exponentielle, il est important que le monde du Web reste ouvert aux innovations et qu’il garantisse à chacun une parfaite neutralité pour construire son propre environnement en fonction de ses attentes, de ses valeurs, de ses convictions, etc. en somme de sa liberté.

L’explosion du printemps arabe n’aurait probablement pas été possible sans des Twitter, Facebook et autres outils de communications mais la liberté de l’accès à toutes les formes d’informations et de connaissances semblent bien être l’une des clefs de l’ouverture des peuples opprimés à la démocratie. 

Tim Berners-Lee n’hésite pas, dans sa conférence au MIT Symposium, à affirmer que l’accès au Web devrait être reconnu comme un droit universel de l’homme : "It's possible to live without the Web. It's not possible to live without water. But if you've got water, then the difference between somebody who is connected to the Web and is part of the information society, and someone who (is not) is growing bigger and bigger."*


Patrice Leterrier

21 Avril 2011

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* Il est possible de vivre sans le Web. Il n’est pas possible de vivre sans eau. Mais si vous avez accès à l’eau, alors la différence entre celui qui est connecté au web et participe à la société de l’information et celui qui n’y a pas accès devient de plus en plus immense.

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