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1 juin 2009 1 01 /06 /juin /2009 18:04


S

elon le Bureau d'Archives des Accidents Aéronautiques de Genève, il y a eu 149 accidents d’avion en 2008 (contre 139 en 2007) et 879 morts (968 en 2007). Ces chiffres sont à comparer avec ceux des accidents de la route qui tuent chaque année dans le monde plus d’un million de personnes et en blessent 40 fois plus avec les conséquences dramatiques que l’on connaît (tétra et paraplégiques, traumatisme cérébraux irréversibles, etc..)

L’accident dramatique de l’Airbus d’Air France aujourd’hui, avec 228 disparus, est le plus meurtrier depuis 2003 (crash d’un Ilyushin II-76 iranien avec 275 victimes). Pour Airbus la dernière catastrophe meurtrière remonte à l’accident d’un Airbus A320 de la compagnie brésilienne TAM Linahs Aereas qui s'était écrasé le mardi 17 juillet 2007 vers 18h50 contre un hangar et un dépôt de carburant après un atterrissage raté à Sao Paulo faisant 187 victimes.

Sur le site de l’Onera (l’Office national d'études et recherches aérospatiales) on peut lire : "les avions de lignes sont foudroyés, en moyenne, une fois toutes les 1000 heures de vol. Ce phénomène est pris en compte dans la conception des avions, dont la structure en matériaux composites constitue un écran imparfait, afin de protéger les commandes électriques de vol et les équipements. Les chercheurs étudient la phénoménologie de la foudre, et les conditions du déclenchement du coup de foudre par l'aéronef".

Les photos d’avions foudroyés confirment en général ces paroles rassurantes d’experts. Nous étions donc nombreux à nous croire en parfaite sécurité, protégés par les découvertes scientifiques de Monsieur Michael Faraday dans les aéronefs ultramodernes qui font la gloire de l’industrie aéronautique européenne.

On voyait les victimes de tels incidents un peu sonnées mais généralement quittes pour une bonne frayeur comme dans l’accident de l’ATR 72 d’Airliner le 7 février dernier à Clermont-Ferrand.

Alors que s’est-il passé pour qu’un avion réputé comme l’un des plus sûrs du monde (aucun crash enregistré dans les 66 accidents les plus meurtriers enregistrés par le BAAA depuis 29 ans) disparaisse sans autre cause que des conditions atmosphériques détestables ?

Le communiqué laconique de la compagnie indique : "L'appareil de type Airbus A330-200, immatriculé F-GZCP, a quitté Rio le 31 mai à 19 h 03 heure locale (00 h 03 heure de Paris). L'appareil a traversé une zone orageuse avec fortes turbulences à 2 heures du matin (heure universelle), soit 4 heures, heure de Paris. Un message automatique a été reçu à 2 h 14 (4h14 heure de Paris) indiquant une panne de circuit électrique dans une zone éloignée de la côte". Ce qui est troublant dans cette affaire c’est que, selon François Brousse, directeur de la communication d'Air France, l'hypothèse la "plus vraisemblable" est que l'Airbus A330 disparu "a été foudroyé". Alors comment croire les experts ?

Bien sûr les incroyables progrès réalisés en matière de sécurité aérienne ne sont pas remis en cause par cet accident puisque, malgré l’augmentation spectaculaire du trafic aérien ces dernières décennies, le nombre d’accidents reste anecdotique au regard du nombre de personnes transportées (même si les crashs sont toujours des drames spectaculaires).

Mais à force de vouloir rassurer à tout prix le public sur la fiabilité des aéronefs modernes ne finit-on pas par éluder les risques, certes minimes mais existants, et se faisant par décrédibiliser l’ensemble des informations sur la sécurité ?

La sécurité est le résultat d’un combat permanent et ne doit pas être considérée comme définitivement acquise pas plus en matière de transport aérien que dans d’autres domaines.

Il y a d‘ailleurs cette détestable tendance des constructeurs à toujours chercher d’abord à mettre les avions hors de cause alors qu’ils devraient plutôt chercher et chercher encore ce qui peut être fait pour éviter de nouveaux accidents. On comprend leur soucis des retombées négatives d’un aveu de culpabilité, mais ne se décrédibilisent pas plus par cette attitude autiste plutôt que de reconnaître qu’ils doivent sans cesse améliorer la sécurité à bord de leurs avions ?


Patrice Leterrier

1 juin 2009

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