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18 février 2009 3 18 /02 /février /2009 21:45


O

n savait déjà qu’un mort n’avait pas le même poids selon qu’il était américain, israélien, palestinien, zimbabwéen, congolais, khmers, vietnamien mais j’arrête là ma litanie macabre. On savait et l’on pouvait s’indigner de cette discrimination arithmétique. Les hommes politiques et les médias restent totalement indifférents aux millions de victimes du choléra, du Sida, du paludisme et de la malnutrition en Afrique alors qu’une catastrophe impliquant quelques dizaines de victimes américaines ou européennes ou le massacre perpétré par un déséquilibré suffit à faire crépiter tous les téléscripteurs des salles de rédaction et peut même justifier qu’on interrompe un reality show ou un de ces feuilletons débiles dont nous arrosent les chaines de télévision. Il ne s’agit pas dans mon esprit bien sûr de créer une hiérarchie de l’horreur et de mépriser, au nom du nombre, les drames de toutes natures mais de constater que le malheur des populations en souffrance n’intéresse guère nos dirigeants et peut-être nous même car les médias ne sont après tout que le reflet de notre inconscient collectif. Mais voilà maintenant que la crise frappant, certains états d’Amérique songent sérieusement à abolir la peine de mort à cause …de son coût. En effet le monde d’aujourd’hui nous apprend que "La condamnation à mort coûte en effet parfois jusqu'à dix fois plus cher que la condamnation à la prison à vie. Outre un procès plus complexe et plus long, les procédures d'appel durent des années et, la plupart du temps, les condamnés sont défendus par des avocats payés par l'Etat. Entretenir un couloir et une chambre de la mort est aussi plus onéreux en termes de surveillance notamment." J’imagine rétrospectivement Robert Badinter, à la tribune de l’assemblée nationale le 17 Septembre 1981 s’écriant avec cette solennité qui était la sienne "Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce à vous, il n'y aura plus pour notre honte commune, des exécutions furtives, à l'aube, sous le dais noir, dans les prisons françaises. Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées", et d’ajouter, Demain, grâce à vous, l’état fera des économies…..J’entends, comme si j’y étais, la bronca dont il aurait été l’objet de la part d’une assemblée que je pourrais presque croire unanime dans ce cas même si cette loi n’a été votée qu’à la majorité simple (au demeurant Jacques Chirac et François Fillon l’avaient votée)! Faut-il que certains hommes politiques américains soient, à ce point, dénués de tout sens moral pour qu‘ils osent envisager de débattre de l’abolition sur la base de son bilan économique ? On peut aussi se réjouir de ce mouvement en ne pensant qu’au résultat ! Si d’aventure nos dirigeants considéraient l’argument économique comme un critère recevable pour évaluer une peine, on pourrait aussi faire beaucoup d’économies en désengorgeant les prisons de tous les prévenus en attente d’un jugement….mais il faudrait pour cela arrêter d’enfermer nos concitoyens dans une psychose sécuritaire montrant du doigt quelques cas, certes atroces mais somme toute assez marginaux, des crimes de dangereux déséquilibrés au risque de jeter un anathème discriminatoire sur l’ensemble des patients souffrant de troubles mentaux comme la schizophrénie qui sont globalement plus largement victimes que coupables.

Patrice Leterrier

18 février 2009


 

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