Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 avril 2013 2 30 /04 /avril /2013 18:42

 

vache-clonee-Rosita.jpg


 

E

 

lle a belle allure Rosita Isa, avec sa robe fauve bien luisante et sa queue délicatement posée sur son dos et dessinant élégamment un cercle presque parfait.

Cette vache de race Jersey est née en Argentine le 6 avril 2011 d’une opération de clonage par les biologistes argentins de l’Institut national agricole, INTA, et de l’Université de San Martin.

L’opération a consisté à introduire deux gènes humains contenant des protéines présentes dans le lait maternel.

Le 14 juin dernier les chercheurs de l’INTA ont effectivement détecté les 2 protéines humaines, le lysozyme et la lactoferrine, dans le lait de Rosita.

Rosita donnera peut-être un jour naissance à une descendance dont des génisses pouvant produire du lait maternisé.

Sur son site, Michel Alberganti  nous fait rêver avec Rosita mais aussi des moutons fluorescents, des poissons luminescents, baptisés GloFish faisant l’objet d’une marque déposée ou encore des vaches transgéniques pouvant produire de l’insuline, de l’hormone de croissance.

On peut aussi citer ces moustiques génétiquement modifiés pour lutter contre le paludisme et la dengue ou ces poulets transgéniques contre la grippe aviaire.

Ces avancées donnent de grands espoirs pour combattre à moindre coût la maladie et la malnutrition.

Mais pourra-t-on vraiment arrêter la course à la privatisation des résultats de la recherche sur le vivant alors que des entreprises comme Monsanto continuent à déposer des brevets à tour de bras sur des plantes millénaires d’Afrique ou d’Asie sans compter ses demandes incessantes de prolongation de brevet ?

Selon le site AVAAZ, ce géant de la chimie, célèbre pour avoir créer le celèbre DDT et l’agent orange herbicide toxique utilisé lors de la guerre du Vietnam, détiendrait à elle seule les brevets sur "36% des tomates, 32% des poivrons et 49% des choux-fleurs, sur les variétés enregistrées à l’UE".

Pourtant, le "brevetage" des OGM et du "vivant" d'une manière plus générale, est un des problèmes éthiques majeurs que nous devront résoudre si on veut éviter une nouvelle forme de dictature du capital sur la santé,sur la nourriture y compris de nouvelles espérances d'"alicaments" moins chers que des produits de synthèse.

La logique des brevets sur des molécules de synthèse peut-elle s’appliquer sur des organismes vivants comme des animaux, des fruits et légumes ou même des semences ?

Comment justifier par exemple que Rosita et sa descendance soit considérée comme privatisable dans l’intérêt de la firme qui déciderait de la "produire" pour obtenir du lait maternisé ?

Car même s’il y a "invention" de la part de l’homme, "comment peut-on se prétendre être réellement le créateur de cet être vivant, au point de lui attribuer un brevet qui nous consacre comme son maître absolu? "

Ne doit-on pas s’inquiéter de ce "piratage" effectué par des firmes multinationales qui, loin de résoudre les énormes problèmes alimentaires du monde, conduit à une nouvelle forme d’esclavage, après celui ineffaçable des hommes, une sorte de bioesclavage qui condamne des populations sans ressource à verser des royalties sur tout ce qui pourrait les soigner ou les nourrir ?

En quelque sorte la logique du vivant n’est-elle pas en passe de se soumettre à la logique du profit ?


Patrice Leterrier

29 avril 2013

Fichier PDF

Partager cet article
Repost0

commentaires