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8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 18:15

dmanisiarthead


L 

e nom imprononçable de Dmanisi est celui d’une petite ville située en Transcaucasie à environ 80 kilomètres de la capitale de la République de Géorgie Tbilissi.

Autrefois carrefour commercial de la Géorgie médiévale, la ville fut mise à sac par les Turkmènes en 1486 et ne retrouva jamais son importance. 

Elle doit aujourd’hui une célébrité retrouvée grace à sonsite archéologique découvert sous un imposant château médiéval trônant à 600 mètres d’altitude à la confluence des rivières Masavera et Pinezaouri .

On y a découvert sous 2 à 4,5 mètres d'alluvions, quatre fossiles d'hominidés datant d’environ 1,8 millions d’années.

Jusqu’à présent la thèse officielle soutenue par les anthropologues était celle d’une origine purement africaine de notre ancêtre Homo Erectus, le premier dont la boîte crânienne a dépassé le 1000 cm3 (1350 cm3 aujourd’hui), un volume supérieur aux capacités du canal pelvien, ce qui est la cause de l’immaturité de l’homme à sa naissance.

Mais le beau roman d’Homo Erectus quittant la terre africaine de ses ancêtres pour se répandre un peu partout dans le monde aurait du plomb dans l’aile.

Aujourd’hui plusieurs sources, dont le célébrissime Yves Coppens, remettent en cause ce postulat.

Une étude du site de Dmanisi conduite sous la direction de Reid Ferring et publiée dans les Proceeding of the National Academy of Science (PNAS) conteste aussi l’origine purement africaine d’Homo Erectus.

Il pourrait bien être d’abord apparu en Asie pour ensuite migrer en Afrique. Il serait le descendant d’un hominidé  plus ancien non encore identifié peut-être originaire d’Afrique.

Ce qu’il y a de passionnant dans toutes ces découvertes c’est de voir comment le roman policier des origines de l’homme moderne n’en finit pas de s’enrichir de nouveaux chapitres qui sèment (comme dans tout bon polard) la confusion dans les certitudes des chercheurs.

La situation à l’est de la mer noire du site de Dmanisi, non loin des sites bibliques, pourrait être utilisée par les inconditionnelles des saintes écritures comme un début de preuve du caractère historique de l’origine divine de l’homme.

Je soupçonne également un léger sourire chez ceux qui ne peuvent accepter que nos origines se situent en Afrique.

Mais l’histoire n’est pas terminée, tant s’en faut, et l’origine asiatique d’Homo Erectus ne contredit pas une origine plus ancienne de ses ancêtres en Afrique.

Quant à la polémique qui anime les tenants du dessein intelligent et les disciples de Charles Darwin, il y a une différence fondamentale que certains esprits créationnistes et malins voudraient nous faire oublier.

Alors que les fouineurs de nos origines confrontent toujours les éléments qu’ils trouvent à la dure épreuve de la preuve scientifique (une hypothèse ne peut être prise en compte que si elle peut être testée), les créationnistes se basent sur des croyances, le registre des significations des faits qui, puisqu’elles sont d’origine divine, ne peuvent être confrontées à la preuve par définition même de leur transcendance.

Les créationnistes peuvent continuer en toute liberté à raconter les fables qu’ils veulent à condition de ne pas prétendre y trouver le début du commencement de la moindre preuve scientifique.

La science ne se soucie pas de la signification de ses découvertes, elle s’intéresse à l’explication des phénomènes en recherchant la preuve de causalités sous-jacentes.

L’interminable roman des origines de l’homme n’a que faire des affabulations des créationnistes et nous réserve encore bien des chapitres captivants qui restent à écrire.


Patrice Leterrier 

8 Juin 2011

 

 

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