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18 mai 2009 1 18 /05 /mai /2009 14:28

 


Q

uelque part aux Etats-Unis des banques peu regardantes sur la solvabilité de leurs clients aux conditions modestes prêtaient sans précaution. Comme toujours l’optimisme poussait les banques à penser que les tendances constatées sur le marché immobilier et sur le nombre de défauts de paiement se maintiendraient. Ils étaient d’ailleurs largement bénis par les autorités de contrôles qui ont laissé un virus à retardement infecter des fonds, dont la vocation était de garantir une sécurité absolue, avec la titrisation massive des risques bancaires.

Les ingrédients étaient là: des banquiers cupides, des autorités de régulations laxistes ou dépassées et des investisseurs crédules. Les ingrédients d’une pandémie financière totalement imprévisible pour ceux qui n’ont pas retenu la magistrale leçon donnée par Benoît Mandelbrot et Richard L. Hudson dans leur ouvrage "une approche fractale des marchés"(*). Comme le virus de la grippe, mais sur une durée beaucoup plus longue, il y a une période d’incubation au bout de laquelle le virus "subprime" se réveille et provoque une fièvre financière gigantesque et mondiale.

On se souvient aussi des déclarations lénifiantes des autorités affirmant que la crise ne pourrait atteindre les banques françaises car le système bancaire français était protégé de ces excès (un peu comme du nuage radioactif de Tchernobyl). La locataire de Bercy affirmait avec une franche sérénité en novembre 2007 qu'il n'y avait "pas de raisons de penser qu'on aura un effet sur l'économie réelle française".   En pythie décidément inspirée, elle déclarait en Juin 2008 "le gros de la crise est derrière nous". On connait trop la suite…

La grippe A(H1N1) a les mêmes caractéristiques contagieuses pour la santé que le virus "subprime" pour les fonds de placement. Mais elle a un handicap considérable sur lui. Elle est prise au sérieux (certains trouvent trop) par les autorités dès son apparition. Celles-ci ont un plan mondial et des déclinaisons nationales pour parer à une éventuelle pandémie. La première vague du virus paraît peu virulente mais l’expérience des grandes épidémies comme celle de 1918 nous apprend que les répliques sont souvent moins innocentes.

Les deux pandémies ont en commun la capacité de déclencher la panique. Cette panique vient de manière imprévue relier les deux phénomènes puisqu’elle alimente la crise financière en la rendant encore plus grave dans une espèce de spirale infernale.

Le virus "subprime" avait fini, en dépit des propos rassurants des économistes, par atteindre l’économie dite "réelle" en provoquant une récession d’une ampleur incroyable sans raison structurelle.

La grippe en rendant les voyages potentiellement dangereux conduit les candidats au tourisme à rester chez eux, tétanisés, le masque collé au visage par peur de contagion. Ce reflexe entraîne une amplification de la crise mondiale sur l’industrie du tourisme, déjà bien secouée par la crise économique.

L’Institut Pasteur serait redevable d’un prix Nobel spécial s’il découvrait un vaccin contre la peur "panurgienne" des populations habituées à entendre des messages rassurants et attendant tout de l’état providence.


Patrice Leterrier

18 Mai 2008

(*) Disponible dans une nouvelle édition chez Odile Jacob

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