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29 mars 2009 7 29 /03 /mars /2009 12:54

Paule Constant


J

’étais hier un des nombreux participants au rendez vous que Paule Constant nous avait donné avec la littérature et la passion. L’amphithéâtre de l’Institut d’Études Françaises pour Étudiants Etrangers d’Aix en Provence était comble. Elle avait invité une pléiade d’écrivains et de personnalités de la société civile qui se commettent en quelques aventures littéraires(1). Elle avait elle-même planté le décor dans l’interview donnée à Paul Vallet(2) en clamant avec sa passion habituelle que la passion était le don total de l’être à l’autre. Nous avons pu nous délecter d’une richesse et d’une variété d’intervenants exceptionnelles. Ils ont martyrisé nos préjugés, réveillé nos souvenirs, suscité notre com..passion, excité notre curiosité, enrichi nos connaissances, ébloui par la fulgurance des idées, provoqué d’irrépressibles éclats de rire, soulevé notre indignation et même interpellé en provocant notre dégoût. Impossible d’oublier la cataplexie qui m’a envahi après la fulgurante intervention de Monique Canto-Sperber, ouvrant les débats, en philosophe m’inondant de ses réflexions pour me laisser dans l’embarras d’avoir mesuré la profondeur immense de sa pensée mais aussi dans le doux plaisir d’avoir eu la chance de l’écouter. Qu’il y a-t-il d’autre à faire que de citer Musset disant sur Molière "que lorsqu’on vient d’en rire, on devrait en pleurer" après avoir essuyer nos larmes de rire en écoutant fasciné un Jean-Louis Fournier merveilleux d’humour et de tendresse. Comment oublier les confidences de maître Gilbert Collard sur sa "marginalité par procuration" et son étonnante capacité à séduire la salle sur un sujet aussi original que l’histoire de l’"assassin saint" Georges Fesh? Qui ne pourrait reconnaître son désarroi face à la malice d’une Elisabeth Rudinesco qui suscita notre dégoût en évoquant les pires mortifications des exaltés mystiques pour nous laisser finalement sans conclusion nous débrouiller avec notre désarroi? Comment ne pas se délecter du récit captivant de Jean Tulard évoquant comme dans un feuilleton la vie du "divin" marquis de Sade ? Impossible d’oublier la gouaille et l’accent de Jean-Didier Vincent, nous proposant un kaléidoscope éblouissant de neurotransmetteurs comme fils conducteurs de cet "état central fluctuant" animant en harmonie ou en opposition le corps, le cerveau et le temps selon son expression. Que dire de l’analyse au scalpel d’un Frédéric Vitoux nous confiant les clefs de l’univers de Ferdinand Céline pour nous assener que ce grand auteur ne pouvait avoir de disciples car il nous avait claqué la porte au nez du monde par la complétude de son œuvre. Comment ne pas partager la passion d’une Laure Adler sur la trop courte vie de Simone Weil ? Quel plaisir d’entendre Laurent Gaudé nous révélait le mystère du tigre bleu d’Alexandre le Grand pour nous plonger dans la réflexion avec cette citation de Paul Claudel "il n’y a qu’une chose de nécessaire, c’est quelqu’un qui vous demande tout et à qui on est prêt à tout donner". Je pourrais ainsi citer tous les intervenants mais au fond, à la fin de ces deux jours d’écoute passionnée, je peux m’en retourner, un peu ivre de plaisir, avec la certitude probablement partagée par une grande majorité des participants que la passion de la lecture ne pouvait, ne devait s’éteindre après un tel étalage de talents. Voilà donc la preuve irréfutable, tangible, éclatante et sensuelle à souhait que l’homme ne peut vivre sans se nourrir de l’autre et que l’autre est souvent au rendez-vous d’une page lue qu’il nous transporte, qu’il nous émeuve ou même qu’il nous rebute jusqu’à la répulsion. Le thème proposé par Paule Constant était la passion selon… Nul doute que sa passion pour la littérature a envahi de son ombre puissante l’immense majorité des participants.


Patrice Leterrier

29 Mars 2009

 

 

 

(2) http://www.france-info.com/spip.php?article270000&theme=36&sous_theme=39

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