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20 décembre 2008 6 20 /12 /décembre /2008 21:22

Evolution du prix du baril de pétrole

L

es statistiques sont formelles. Si la tendance se poursuit dès le premier semestre 2009, les pays pétroliers devront payer pour se débarrasser de leurs stocks de pétrole brut. La question qui se posera alors est comment calculer une TVA sur un coût négatif? L’état nous rendra-t-il de l’argent quand nous passerons à la pompe? Devrons-nous créer un bonus sur les gros 4X4 pour écouler les stocks des constructeurs inconséquents et le surplus de pétrole en polluant un peu plus la terre? Evidemment je dois immédiatement m’arrêter de fantasmer sur un retournement de tendance qui finira bien pas se stabiliser voire se retourner. On peut d’ailleurs presque souhaiter le retournement car il serait un signe indubitable d’une reprise de l’activité. De plus même si - hypothèse surréaliste - les pays pétroliers payaient les compagnies pétrolières pour écouler leurs stocks encombrants (imaginez une seconde la tête des émirs…), il faudrait toujours extraire le produit, le transporter, le raffiner, l’acheminer, le distribuer et donc même à zéro centime le litre l’addition, dans l’état actuel de la TIPP qui ne dépend que des volumes, dépasserait 72 centimes dont prés de 63 pour les caisses de l’état qui nous bernait en faisant les gros yeux aux pétroliers quand le baril dépassait 140 dollars. Mais aujourd’hui à 19,6 centimes d’euros par litre (le baril de Brent est à 43,80$), le prix théorique du super sans plomb 95 se situe aux environs de 96 centimes, ce qui n’est pas très loin du prix moyen d’aujourd’hui (Intermarché route de Berre: sans plomb 95 à 1,01 €uros). Il faut tenir compte que le prix que nous payons ne reflète pas le prix spot mais celui des stocks. Cela joue comme amortisseur quand le prix monte et comme frustration du consommateur quand le prix baisse. Le débat sur la relance par le pouvoir d’achat ou par l’investissement productif et l’allégement des charges des entreprises bât son plein. On retrouve la ligne de démarcation entre la gauche cigale et la droite fourmi. Chacun y va de ses arguments avec une évidente mauvaise foi d’un côté comme de l’autre. Alors puisqu’il ne faut pas, selon les adversaires de la relance par le pouvoir d’achat, venir soutenir la production en Allemagne, en Corée ou en Chine en jetant l’argent par delà les frontières, l’état ne pourrait-il pas tout simplement, puisque le déficit peut encore se creuser un peu, renoncer spectaculairement à une bonne moitié de la TIPP par exemple? Il ferait ainsi d’une pierre plusieurs coups car l’impact sur l’activité serait sensible, les routiers aux anges et les constructeurs automobiles un peu moins sous pression avec leurs stocks énormes. Je dois faire une erreur de raisonnement car vu la quantité et la qualité des technocrates qui entourent le gouvernement, et singulièrement notre président dont le budget explose, ils y auraient pensé avant moi. A moins que….je vous laisse inventer votre suite de la phrase mais je proposerais bien "on ne tue pas la poule aux œufs d’or"! 

Patrice Leterrier

20 décembre 2009


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19 décembre 2008 5 19 /12 /décembre /2008 21:29

Il n’y a pas d’alternative…

Carl Von Clausewitz

I 

var Ekeland, professeur d’économie mathématique, écrit dans la revue Pour la Sciences de Janvier 2009 qu’à la question récurrente qui lui est posée "Que doit-on faire pour se sortir de la crise?", il répond invariablement  "Mais qui veux-tu qui s’en sorte?". Il cite Carl Von Clausewitz  théoricien militaire prussien du 19ème siècle: "La guerre" qu’Ivar Ekeland propose de remplacer par l’économie "n'est rien d'autre que la continuation de la politique par d'autres moyens". Pas plus que les militaires n’ont la mission de désigner les ennemis, les économistes ne sont pas en charge de décider si la sauvegarde de l’environ-nement, la fin de la famine dans le monde, les pandémies africaines, le sauvetage des banques, les investissements productifs, le pouvoir d’achat doivent être les priorités à privilégier dans l’optimisation de l’éco-nomie. Le drame c’est que la plupart du temps les hommes politiques présentent leurs actions comme étant la seule chose à faire face à la situation, comme s’il n’y avait pas d’alternative selon l’expression chère à Margareth Thatcher. Ils se gardent bien de nous dévoiler leurs choix. Ils feignent d’ignorer qu’ils sont en concurrence avec d’autres possibilités. On peut ajouter à ce manque de clarté, qui fait pourtant le fondement et la noblesse de l’action politique, la lâcheté généralisée des commentateurs. On entend aussi ici et là de sentencieux spécialistes autoproclamés. Ils découvrent effarés que le monde de la finance ne peut se soustraire aux réalités par des tours de passe passe plus ou moins sophistiqués qu’ils encensaient de leur commentaires admiratifs il y a si peu de temps. Ils proclament, avec un sérieux dans le ton à la hauteur de leur incompétence pédante, qu’il faut en finir avec les mathématiques dans le monde de la finance. Ils se trompent évidemment de cible confondant l’outil et l’objectif. Ils ont surtout, par fatuité imbécile, oublié le principe de base qui est que l’on ne peut donner sérieusement d’avis sur ce que l’on ne comprend pas! Vous me direz si on devait suivre ce principe, le monde plongerait soudain dans un silence surement réparateur de la folie humaine mais peut-être aussi un peu angoissant tant on est habitué à être entouré de spécialistes de tout acabit qui pensent et pérorent à notre place. Et voila donc le pot aux roses découvert à l’occasion de cette crise! Le monde de la finance s’est caché derrière une complexification galopante soutenue par des modèles mathématiques de plus en plus sophistiqués en oubliant le bon sens et la finalité de leurs actions. Au point d’en arriver à une incroyable absurdité comme celle de l’affaire de la faillite frauduleuse de Bernard Madoff. Tout le monde prend des airs consternés. On cite l’honorabilité apparente de ce monsieur encensé par tous. On oublie tout simplement une évidence pourtant criante: celle de l’impossibilité des rendements annoncés. Il est probablement plus utile que jamais d’avoir recours à la connaissance scientifique dans la gestion des risques. Il faut arrêter d’accuser le couteau d’être l’auteur de la blessure. Le maladroit ce n’est pas la lame mais bien celui qui la tient! Il est aussi important que les choix qui sont faits soient clairement expliqués par les politiques de tout bord au lieu de nous les assener comme une évidence. Le pire résultat de cette situation ubuesque est la perte totale de confiance. Elle mine inexorablement maintenant tous les esprits et discrédite la politique alors qu’elle est au cœur des choix que nous avons à faire face à cette crise.

Patrice Leterrier

19 décembre 2008


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15 décembre 2008 1 15 /12 /décembre /2008 18:17

Bernard Madoff

C 

e qu’il y a de plus ahurissant dans le dernier scandale financier à l’heure où j’écris ces lignes – je prends cette précaution car au train où vont les choses un nouveau scandale pourrait apparaître dans l’intervalle – c’est que Bernard Madoff, 70 ans, célèbre gestionnaire de fonds de Wall Street et ancien président du conseil d’administration du Nasdaq, l’une des deux grandes Bourses de New York, ait pu faire croire à des investisseurs professionnels, des capitaines d’entreprises, des universités, des fondations que les  rendements qu’il obtenait n’avaient rien de suspect. Car enfin la méthode utilisée dite chaine de Ponzi(1) est aussi vieille en matière d’escroquerie que la banque quand une riche famille de la noblesse italienne, la famille Piccolomini, créa la toute première banque en 1193 à Sienne. Pendant des dizaines d’années il a réussi à tromper des investisseurs parmi les plus riches de la planète, appâtés par des rendements importants sur les sommes prêtées. Il a fallu une crise financière majeure et la volonté de ses clients de récupérer leurs mises pour que le pot-aux-roses soit mis au jour. Ce qu’il ya encore plus incroyable c’est que la SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme boursier américain en charge de faire la police et de surveiller en particulier les hedge founds, n’aurait rien vu! On frémit à cette annonce tant la ficelle était quand même grosse une fois découverte. Ils ne se seraient jamais étonnés des surprenants retours sur investissements obtenus par Bernard Madoff, qui utilisait en réalité les fonds frais apportés par de nouveaux clients. Ces mêmes spécialistes du contrôle ne se sont pas plus inquiétés de l’anonymat des entreprises qui réalisaient les audits, malgré la cicatrice encore douloureuse du scandale Eron. La BNP, Natexis, AXA et probablement d’autres établissements seraient exposés, ce qui donne une bien piètre image de la rigueur de nos institutions financières et qui contraste bigrement avec le langage lénifiants des banquiers et des politiques sur la santé et la transparence du système français. Mais qu’est-ce qui fait donc que ces banquiers supposés avertis, précautionneux à l’outrance quand il s’agit de prêter quelques subsides à des particuliers ne présentant pas ceintures, bretelles, parapluies et cautions suffisants pour ces pusillanimes invétérés, deviennent totalement et effroyablement imprudents quand il s’agit de manipuler des milliards. Sont-ils paralysés par l’énormité suspecte des rendements promis ou veulent-ils cacher à leurs collaborateurs leur incapacité  à comprendre et donc à contrôler ces surdiplômés qui manipulent des milliards de milliards en ne rendant compte à personne ou plus exactement que personne ne peut comprendre tant leur langage technique est abscond? Ont-ils à ce pont oublié le bon sens et la raison ? Ne savent-ils plus ou feignent-ils d’ignorer l’entropie qui s’applique à la finance comme à tout système? Les rendements mirobolants ne sont qu’une forme plus ou moins sophistiquée de vases communicants qui vident des poches pour en remplir d’autres. La folie qui a emballé depuis des décennies le monde de la finance au nom du mythe de l’autorégulation n’en finit pas de présenter ses dividendes. A quand le prochain scandale ?

Patrice Leterrier

15 décembre 2008


 

(

(1) Une chaîne de Ponzi est une vente pyramidale, une escroquerie mettant en jeu un effet boule de neige qui repose sur la promesse de profits inédits, entraînant un afflux de capitaux qui entretiennent le « contrat » initial, jusqu'à l'explosion de la bulle spéculative ainsi créée, au bénéfice de l'initiateur de la chaîne. Ce système tient son nom de Charles Ponzi qui a mis en place une opération immobilière frauduleuse en Californie, basée sur ce principe.

 

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