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8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 16:33

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D

 

epuis prés d’un siècle la physique théorique est dans une situation schizophrénique incroyable.

En effet, alors que le fondateur de la relativité générale Alfred Einstein et les génies de la mécanique quantique nous livrent deux visions de l’univers, toutes les prévisions que ces deux conceptions annonçaient se trouvent jusqu’à présent vérifiées même si certains avaient cru trouver des neutrinos brisant la frontière de la vitesse de la lumière.

Et pourtant la dualité onde-particule qui est indissociable de nos descriptions mathématiques du monde n’est toujours pas réconciliée avec la vision spatio-temporelle de l’univers relativiste d’Einstein.

Dans un article paru sur aeonmagazine.com, Margaret Wertheim qualifie la relativité générale de "profonde, digne et gracieuse" comme la musique symphonique de Strauss et la mécanique quantique de "déconnectée, syncopée et éblouissement moderne" comme le jazz.

Si comparaison n’est peut-être pas raison, l’image est parlante et c’est souvent (à vrai dire presque toujours) par comparaison que l’on retient un concept.

Comme elle, on ne peut que s’interroger sur l’idée que "la science fondée sur les mathématiques» ne serait «simplement qu’«un autre type de narration»" de la réalité.

La question est de savoir si la physique est en "marche vers une compréhension ultime de la réalité" ou simplement un ésotérisme pas très différent, du moins dans son objectif, de ceux qui nous sont "révélés" par les mythes et les religions.

Néanmoins si la physique n’est pas la réalité ce n’est pourtant pas un simple autre type de "narration" du monde.

Pour s’en convaincre il suffit de voir toutes ses applications, comme les téléphones portables les ordinateurs et plein d’autres outils dont nous nous servons tous les jours et qui sont eux bien réels.

La question fondamentale posée par ce hiatus presque séculaire n’est-elle pas résumée dans celle de l’existence du temps et de l’espace comme des "qualités fondamentales de l’univers"?

Au fond les particules que nous décrivent les physiciens et qu’ils traquent à coup de bombardements de plus en plus puissants ne sont-elles non pas "le bord de la réalité, mais les limites du système de catégorisation des physiciens" ?

L’auteure de l’article écrit joliment "le dilemme posé par la dualité onde-particule est la partie émergée d'un iceberg épistémologique sur lequel de nombreux navires ont été brisés et détruits"

La relativité générale et la mécanique quantique nous font passer du vertige d’un temps qui se dilate à celui du monde quantique "source d’aléatoire irréductible" comme nous le dit Alain Connes dans son livre "le Théâtre quantique".

On appréciera le clin d’œil possible entre ce titre et le théâtre "antique" c'est-à-dire le monde des mythes et légendes.

Mais ne retombe-t-on pas dans ce monde des mythes et des légendes quand certains physiciens, donnant aux équations un destin de descriptif au-delà de notre univers, multiplient les variantes de théories des cordes ou autres multivers ?

Ne devons-nous pas simplement reconnaître que tout discours sur l’univers, y compris le discours scientifique des physiciens, se tient à partir d’un langage qui contient en lui-même ses limites de représentation de la réalité.

Comme l’écrit l’auteure de l’article "Allons-nous accepter, à un moment donné, qu'il y a des limites à ce projet de quantification, tout comme il en existe à tous les régimes de taxonomie?".


Patrice Leterrier

8 juin 2013

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28 mai 2013 2 28 /05 /mai /2013 14:02

 

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C

 

ommentant le livre "Le théâtre quantique" que vient de publier un collectif scientifique emmené par Alain Connes, professeur au Collège de France, Michel Alberganti écrit "même lorsque l’on ne comprend pas un traitre mot de ce qu’il raconte, la magie opère".

Il donne ainsi à ce scientifique une certaine stature messianique confirmée par la citation de Richard Feynman: "Si vous croyez avoir compris la mécanique quantique, c’est que vous n’avez rien compris."

La question pose le problème du rapport de plus en plus difficile entre le monde tel que nous le percevons et celui que les physiciens nous décrivent à coup d’équations mathématiques inaccessibles sauf à une infime catégorie de savants à l’aise dans l’univers mathématisé inventé par des génies comme Niels Bohr, Albert Einstein, Werner Heisenberg, Paul Adrien Dirac et John Von Neumann.

L’ambition folle des auteurs du livre est de nous faire comprendre que "c’est l’effervescence quantique qui engendre le passage du temps" à travers un ouvrage qui "associe la physique quantique, le temps, la non-commutativité, les anagrammes, le CERN, leLHC, le boson de Higgs, la structure du cerveau, l’informatique, la vie, la jalousie entre collègues, la mort et même l’amour".

A écouter ce mathématicien, médaille Fiels en 1982, merveilleusement mis en valeur par Étienne Klein et Carlo Rovelli on en vient à partager l’admiration de Michel Alberganti parce qu’il se dégage de leurs discours une beauté conceptuelle dont on ne saisit pas tous les arcanes mais qui nous laisse pantois d’admiration comme lorsqu’on contemple une œuvre magistrale d’un grand artiste (je pense ici à Guernica de Picasso).

L'obsession d’Etienne Klein pour le temps (pas l'exécrable que nous avons aujourd'hui mais celui dont on saurait dire s'il passe, s'il s'écoule ou comme nous laisse entendre Carlo Rovelli s'il émerge de la physique quantique) donne lieu à des formules dont la musicalité vaut presqu’autant que la profondeur du sens qu’ils essaient de nous faire partager.

Lorsque par exemple Etienne Klein affirme, "cantonner le temps dans le sujet, ou vouloir que le temps n’ait de réalité que subjective, n’est-ce pas s’interdire d’expliquer l’apparition du sujet dans le temps ?". On ne sait plus très bien si le physicien parle de science ou de philosophie.

Il est clair que ces "gens là" naviguent dans un univers dont nous ne percevons que par moment les concepts, un univers, où les certitudes n’ont pas de place puisque le quantique est "une source d’aléatoire irréductible" comme nous le dit Alain Connes, où l’on peut être à la fois vivant et mort comme le chat de Schrödinger.

Il est bien difficile de nous séparer de "notre obsession chronologique" qui fait que fait que "dès qu’un instant présent se présente, un autre instant présent apparaît, qui demande au précédent de bien vouloir aller se faire voir ailleurs et prend aussitôt sa place, avant qu’un autre instant présent l’envoie lui-même se promener dans le passé, prenne sa place dans le présent, et ainsi de suite".

Comment accéder à l'étrangeté d'un monde qui bouscule toutes nos intuitions sur la réalité qui nous entoure sans livrer ses mystères ?

En attendant que ce fameux moteur du temps, comme en parle si bien Etienne Klein, ne nous soit révélé et que le temps perde peut-être un jour son statut d'être primitif, comment ne pas contempler admiratif cette idée que le "moteur du temps serait produit de façon souterraine par une sorte d’inframonde physique".

On atteint le sommet de ce vertige cognitif lorsque avec une calme désemparant Carlo Rovelli nous rappelle qu'il a fallut des siècles pour que la révolution copernicienne devienne une évidence pour nous et qu'il n'y a donc rien de surprenant que nous ayons tant de mal à imaginer un univers où le temps ne serait que la manifestation d'un univers quantique peut-être alors réconcilié avec la relativité générale.


Patrice Leterrier

28 mai 2013

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25 mai 2013 6 25 /05 /mai /2013 16:41

adam.jpg


J

amais les progrès de la science et les exploits de la technologie n’avaient transformé notre vie et notre environnement comme dans les dernières décennies.

Faut-il rappeler que la découverte de la pénicilline date de 1928, la théorie du big-bang de 1949, la découverte de l’ADN de 1953, le rayon laser de 1960, la première greffe du cœur de 1967, le premier OGM de 1973, le premier bébé éprouvette de 1978, la découverte du virus du Sida de 1983, l’IRMf de 1992, la brebis Dolly (premier clone) de 1997, le séquençage du génome humain de 2000, la découverte du boson de Higgs de 2012 ?

Qui peut aujourd’hui imaginer un monde sans internet, sans télévision, sans téléphone portable, sans four à micro-onde alors qu’aucun de ses objets n’existait il y a à peine un demi-siècle ?

Et pourtant, même si la confiance de la population envers les scientifiques reste très élevée, force est de constater que les découvertes scientifiques deviennent de plus en plus difficiles à faire partager au plus grand nombre.

Déjà en décembre 1938 Marcel Boll écrivait dans les colonnes de Sciences & Vie "il est souhaitable que le lecteur ait mesuré toute la différence qui sépare le monde perçu de l’Univers découvert par la science. Cette opposition entre l’apparence et la réalité ne peut qu’aller en s’accentuant". 

Cette opposition serait-elle devenue telle que les découvertes scientifiques deviendraient des révélations auxquelles on demanderait au bon peuple de croire aveuglement ?

La démarche scientifique, si elle émet souvent des hypothèses à partir d’intuitions parfois géniales, n’aboutit à des connaissances que si les conséquences qu’elles prévoient sont vérifiées.

A l’inverse, une croyance religieuse n’est pas réfutable, c'est-à-dire qu’on ne peut apporter la preuve qu’elle soit juste ou fausse.

Lorsque par paresse intellectuelle ou plus souvent parce que les preuves apportées font appel à des connaissances que nous n’avons pas, nous croyons des scientifiques, c’est parce que nous supposons acquises leur rigueur et leur honnêteté intellectuelle dans les preuves qu’ils apportent.

Plus encore nous savons que les résultats annoncés seront soumis au filtre de leurs confrères qui n’ont aucune raison de leur faire confiance sur parole.

Mais la question posée est de savoir si, devant l’écart qui s’accroit entre notre appréhension intuitive du monde et la description qui en est faite par les scientifiques, nous devons renoncer à comprendre leurs découvertes.

En dépit de cette difficulté grandissante de communiquer avec le grand public, les hommes de sciences n’ont-ils pas l’exigence de rendre leurs trouvailles audibles au grand public directement ou par l’intermédiaire des journalistes scientifiques dont il faut bien reconnaître que la tâche n’est pas toujours très aisée ?

Je ne crois pas que la science puisse se satisfaire de croyances de la part du public même s’il est bien difficile de montrer du doigt un boson de Higgs.

Nous vivons dans un univers rempli d’objets technologiques dont le fonctionnement fait largement appel aux découvertes scientifiques sans nous préoccuper vraiment du "comment ça marche ?".

Faut-il vraiment qu'un neurologue connaisse les propriétés quantiques des noyaux atomiques pour utiliser l'Imagerie par Résonance Magnétique fonctionnelle?

Probablement pas puisqu’il utilise ces propriétés dans une technologie comme le gamin de cours élémentaire utilise son téléphone portable.

Pour autant il parait nécessaire de pouvoir expliquer en termes clairs et accessibles la résonance magnétique nucléaire ou le fonctionnement d'un téléphone portable.

Dans une interview donnée à Pierre Barthélémy, Yves Gingras nous dit « Le mystère c’est l’ignorance. La science va contre l’ignorance et donc contre le mystère.

On peut aussi ajouter que le mystère c’est la foi et la foi c’est la croyance.

Science et croyance n’ont donc pas grand-chose à gagner à faire commerce n’en déplaise aux créationnistes qui opposent la création de l’homme décrite dans la bible à la théorie de l’évolution darwinienne.


Patrice Leterrier

25 mai 2013

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21 mai 2013 2 21 /05 /mai /2013 20:08

 

Enthousiasme


 

S

 

ur son blog, Hervé Thys cite un article paru sur Nature d’un journaliste s’interrogeant sur le bien fondé des "trois milliards de dollars par an, en programmes fédéraux destinés à attirer les jeunes vers les carrières de science, technologie, technique et mathématiques".

Sa conclusion en forme de recommandation est d’exposer "les jeunes au plus grand nombre possible de personnes "contagieuses" : ne pouvant contracter toutes les "maladies" à la fois, il leur restera... l'enthousiasme, le merveilleux enthousiasme !"

Il veut dire que le charisme de tel ou tel enseignant peut jouer un rôle majeur dans l’orientation futur des étudiants. 

Le risque c'est qu'aujourd'hui beaucoup de jeunes soient immunisés contre l'enthousiasme peut-être un peu par le manque de conviction de certains enseignants mais sans doute beaucoup à cause du climat délétère qui règne aujourd’hui dans notre société minée par le spectacle affligeant d’un manque cruel de vision de nos dirigeants.

Il faut dire qu'à force de répéter que nous sommes en crise, les raisons de se réjouir semblent bien ténues.

Pourtant nous vivons une période de mutation certes difficile mais aussi passionnante.

Jamais dans l’histoire de l’humanité notre environnement direct n’avait été autant et aussi vite transformé par les formidables avancées de la science et de la technologie.

Nous assistons aussi à ce qu'Hubert Védrine appelle le passage d'un monde dominé par les pôles historiques nés à la fin de la seconde guerre mondiale à un monde multipolaire instable.

Si nous arrêtions de voir dans l'"autre" la cause de nos difficultés, si nous rendions aux entrepreneurs, aux innovateurs toute la gloire et la reconnaissance que nous leur devons, si nous renoncions à vouloir nous recroqueviller sur nos acquis et des industries dépassées et agonisantes, si nous cessions de répéter en boucle que le bon temps est derrière nous, si nous regardions la montée en puissance des pays comme la Chine, l’Inde ou le Brésil non comme une menace mais comme une formidable occasion de partager le progrès et plus de richesse avec un plus grand nombre, peut-être que nous pourrions redonner l'espoir et l'enthousiasme à notre jeunesse.

Notre avenir dépend d’abord de notre capacité à faire de notre diversité, de nos différences un formidable vivier pour l’innovation, pour inventer notre futur en nous appuyant sur nos capacités créatrices et le formidable potentiel humain dopé par une technologie qui est en train de révolutionner nos modes d’acquisition des connaissances et qui nous offre une ouverture au monde qu’aucune des générations précédentes n’aurait même pu rêver.

Jacques Attali pose sur sa tribune la question de savoir ce que nous devons aux générations futures.

Il nous alerte sur le fait que "sans les générations suivantes, la vie de tous les vivants d’aujourd’hui est condamnée à se terminer en enfer" pour conclure par ce paradoxe que "l’altruisme est une des dimensions les plus vitales de l’égoïsme".

Encore faut-il que, soucieuse de son avenir, notre société ne désespère pas sa jeunesse.

Il n’y a rien de plus grave pour des dirigeants politiques que d’enlever à leurs concitoyens et singulièrement à sa jeunesse la fierté d’être membre d’une communauté nationale pluraliste et l’espoir d’un avenir.

L’histoire nous enseigne que c’est faire le lit de joueurs de pipeaux qui n’hésitent pas à désigner des faux coupables à nos difficultés et promettre de fausses solutions miracles quitte à nous entraîner dans des cataclysmes.

Alors il est grand temps de communiquer sans retenu le virus de l’enthousiasme à notre jeunesse en commençant par retrouver notre "merveilleux enthousiasme".


Patrice Leterrier

21 mai 2013

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12 mai 2013 7 12 /05 /mai /2013 13:09

 

Gramophone.jpg


 

L

 

a question, au prime abord, peut sembler stupide. Comment un outil pourrait-il être responsable de l’alchimie subtile entre le bien-être et la conscience qui peut aboutir par instant à ce sentiment étrange de bonheur comme une sorte de plénitude passagère dans "un progrès perpétuel à de nouveaux plaisirs et de nouvelles perfections"comme l’écrit Leibniz ?

Cette sorte de désir permanent d’améliorer son bien-être a forcément un certain rapport avec  notre environnement ludique, cognitif et informationnel.

Ne nous semble-t-il pas naturel, et d’une certaine façon indispensable, de pouvoir en permanence écouter une infinité d’œuvres musicales, de lire à volonté les livres et journaux que l’on trouve disponibles en abondance, de regarder les émissions de télévision dont la variété se développe parfois hélas trop dans un désert culturel, de surfer à volonté sur internet, de Facebooker, de Twitter, de SMSiser, de Youtuber, de prendre sans arrêt photos ou vidéos pour saisir l’instant, de se localiser à tout moment, de se connecter partout à ses applications préférées ?

Pourtant toutes ces inventions sont récentes dans l’histoire de l’humanité. Car même si l’imprimerie date de 1454, la vulgarisation du livre est tout de même un événement récent. Le livre de poche ne date que du début des années 50.

L’invention du gramophone remonte à la fin du XIXème siècle, celle du premier baladeur musical de 1979 mais le premier Ipod n’est apparu qu’en l’an 1 du 21ème siècle.

L’histoire de la radio ne commence qu’à la fin du 19ème siècle. Il faudra cependant attendre décembre 1921 pour que Radio Tour Eiffel diffuse son premier concert.

Quant à la télévision, si John Logie Baird réalise la première expérience de transmission d'images à Londres le 30 octobre 1925, ce n’est qu’en décembre 1932 qu’une centaine de postes reçoivent un programme expérimental  «Paris Télévision» à raison d'une heure par semaine.

Si l’ancêtre d’Internet, le réseau ARPANET date du début des années 60, il faudra attendre 1990 pour voir Tim Berners Lee et Robert Caillau inventer le concept de World Wide Web. Moins de 10 ans plus tard, ce qui n’était à l’origine qu’un outil pour permettre aux chercheurs du CERN de communiquer, deviendra véritablement la toile d’araignée mondiale que nous connaissons aujourd’hui.

Nous baignons dans un immense océan d’informations et d’applications en tout genre mais plus encore nous participons largement à son extension permanente.

Il n’est donc pas si étrange de se poser la question du rapport de notre recherche de bien-être avec cet environnement informationnel et cognitif disponible au bout de nos doigts.

D’ailleurs les marchands de bonheur ne s’y sont pas trompés. Ils nous proposent et nous proposeront de plus en plus des applications de coaching informatique pour réguler nos appétits, surveiller notre hygiène de vie et notre santé, stimuler notre communication, mettre en valeur nos moments de vie, etc.

La multiplication à venir des objets internet rendra cette interaction entre les fournisseurs de services et nous-mêmes de plus en plus importante. On peut par exemple prévoir, et on en voit déjà les premières applications, que des maladies chroniques comme le diabète ou les troubles cardiaques pourront être surveillées en permanence par des serveurs connectés à des praticiens.

On pourra tout à fait aussi imaginer un contrôle de notre hygiène de vie en connectant par exemple un podomètre surveillant le nombre de pas que nous faisons dans la journée pour nous rappeler à notre objectif d’exercice ou encore une application nous envoyant un SMS ou un MMS nous rappelant à l’heure des repas nos objectifs d’équilibre alimentaire, une autre nous évitant d’oublier notre prise de médicament ou nous envoyant lors de notre footing une musique en accord avec nos choix et notre rythme cardiaque.

Comment nier aussi l’impact d’une socialisation de notre quotidien dont nous pourrons faire partager les meilleurs moments par l’envoi de cette photo comme celle de notre petite fille partageant un moment de convivialité avec nous. L’homme a été programmé pour se souvenir plus des moments difficiles que des moments heureux parce que cette sélection participait à sa survie. La technologie peut suppléer à cette carence et rompre l’isolement qui nous guette avec la fin de la vie active et le crépuscule de la vie.

La multiplication de réseaux sociaux réunissant des personnes partageant une tranche d’âge, une pathologie, des aspirations spirituelles ou esthétiques participent à cette socialisation numérique.

Bien sûr toute médaille à son revers et cette omniprésence de ces prothèses communicantes peut tourner à une forme pathologique d’addiction.

Mais cette dépendance n’est –elle pas l’expression d’une grande souffrance psychique qui s’exprimerait probablement dans d’autres formes d’addictions et dans des états dépressifs sévères sans la technologie ?

L’outil n’est certainement pas neutre mais ce n’est pas parce qu’un sécateur peut blesser qu’on doit renoncer à cultiver son jardin comme nous y invite Voltaire dans Candide.


Patrice Leterrier

12 mai 2013

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6 mai 2013 1 06 /05 /mai /2013 13:29

 

rencontres-du-3eme-type-.jpg


 

S

 

ur son blog Pierre Barthélémy nous parle de deux planètes océans un peu plus grosses que la terre découvertes autour de l’étoile Kepler-62 située à quelques 1200 années-lumière de notre terre.

Planète océan cela signifie qu’elles pourraient être entièrement recouvertes d’eau compte tenu de la présence d’une épaisse couche de glace à leur formation qui se serait transformée en un immense océan - de plusieurs dizaines de kilomètres d’épaisseur et sans la moindre terre émergée - au fur et à mesure que ces planètes se seraient rapprochées de leur astre. Qui dit présence d’eau dit possibilité de vie mais rien ne permet pour le moment de l’affirmer.

Il n’empêche qu’elles constituent de nouvelles venues dans les plus de 800 exoplanètes aujourd’hui découvertes et qu’il est très probable que le seuil symbolique du millier sera rapidement franchi.

Rien de très étonnant si on prend en compte les milliards de milliards de galaxies de l’univers visible qui compte 30 milliards de trillions d’étoiles et donc probablement au moins autant de planètes.

Si on se réfère à ces chiffres, pour le coup astronomiques, la question ne semble plus de savoir s'il existe d'autres formes de vies quelque part dans l'univers mais quand aurons-nous les moyens d’obtenir une preuve tangible de cette existence?

Sur le site io9.com, la journaliste Annalee Newitz interroge des anthropologues sur l’hypothétique attitude à adopter si d’aventure des extraterrestres venaient à s’intéresser suffisamment à notre planète et donc probablement à ses habitants pour s’installer en orbite terrestre.

Elle cite notamment les conseils de Jim Funaro qui nous recommande de ne pas faire de supposition sur la culture d’hypothétiques extraterrestres ni sur leur préférence en matière de rencontre.

Debbora Battaglia nous suggère quant à elle de faire preuve d’abord d’hospitalité tout en restant ouvert mais modeste, comme le suggère David Graeber, sur nos capacités d’entrer en contact, sur notre compréhension de leurs formes de communications potentielles qui peuvent nous être totalement nouvelles et inconnues de nous.

Encore faudrait-il aussi qu’"ils" nous qualifient parmi la multitude d’espèces douées de capacités de communications comme celle la plus digne d’intérêt.

La parole est une singularité humaine qui n’a pas l’exclusivité ni de la communication ni même du développement de forme de culture comme on peut le constater chez les singes capucins ou les baleines.

Notre anthropomorphisme atavique nous conduit à supposer que nous serions la seule espèce digne d’intérêts pour des extraterrestres. Nous les assimilons à nos semblables et nous ne doutons pas de notre capacité à attirer leur attention par des moyens dont nous ne pouvons supposer ni la forme ni l’existence.

Kathryn Denning , quant à elle doute de notre capacité d’agir collectivement et de respecter une autre espèce venant de l’espace.

Mais, outre qu’à moins de violer les lois de la physique que nous connaissons et qui n’ont pas été contredites même par des neutrinos en ce qui concerne la limite de la vitesse de la lumière, la perspective de ce type de rencontre du troisième type est tout à fait improbable.

Les distances en jeu rendent totalement illusoire toute synchronisation temporelle avec ces formes de vie pour autant qu'elles aient atteint ou dépassé notre stade de développement ou un stade équivalent autorisant une conversation avec ces extraterrestres.

La conclusion de l’article d’Annalee Newitz, s’interrogeant sur notre inaptitude à aborder d’autres formes de culture par l’hospitalité plutôt que par l’hostilité, nous renvoie à ce cruel constat de notre incapacité à vivre en paix sur notre terre sans aller chercher d’hypothétiques visiteurs extraterrestres.


Patrice Leterrier

6 mai 2013

 

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30 avril 2013 2 30 /04 /avril /2013 18:42

 

vache-clonee-Rosita.jpg


 

E

 

lle a belle allure Rosita Isa, avec sa robe fauve bien luisante et sa queue délicatement posée sur son dos et dessinant élégamment un cercle presque parfait.

Cette vache de race Jersey est née en Argentine le 6 avril 2011 d’une opération de clonage par les biologistes argentins de l’Institut national agricole, INTA, et de l’Université de San Martin.

L’opération a consisté à introduire deux gènes humains contenant des protéines présentes dans le lait maternel.

Le 14 juin dernier les chercheurs de l’INTA ont effectivement détecté les 2 protéines humaines, le lysozyme et la lactoferrine, dans le lait de Rosita.

Rosita donnera peut-être un jour naissance à une descendance dont des génisses pouvant produire du lait maternisé.

Sur son site, Michel Alberganti  nous fait rêver avec Rosita mais aussi des moutons fluorescents, des poissons luminescents, baptisés GloFish faisant l’objet d’une marque déposée ou encore des vaches transgéniques pouvant produire de l’insuline, de l’hormone de croissance.

On peut aussi citer ces moustiques génétiquement modifiés pour lutter contre le paludisme et la dengue ou ces poulets transgéniques contre la grippe aviaire.

Ces avancées donnent de grands espoirs pour combattre à moindre coût la maladie et la malnutrition.

Mais pourra-t-on vraiment arrêter la course à la privatisation des résultats de la recherche sur le vivant alors que des entreprises comme Monsanto continuent à déposer des brevets à tour de bras sur des plantes millénaires d’Afrique ou d’Asie sans compter ses demandes incessantes de prolongation de brevet ?

Selon le site AVAAZ, ce géant de la chimie, célèbre pour avoir créer le celèbre DDT et l’agent orange herbicide toxique utilisé lors de la guerre du Vietnam, détiendrait à elle seule les brevets sur "36% des tomates, 32% des poivrons et 49% des choux-fleurs, sur les variétés enregistrées à l’UE".

Pourtant, le "brevetage" des OGM et du "vivant" d'une manière plus générale, est un des problèmes éthiques majeurs que nous devront résoudre si on veut éviter une nouvelle forme de dictature du capital sur la santé,sur la nourriture y compris de nouvelles espérances d'"alicaments" moins chers que des produits de synthèse.

La logique des brevets sur des molécules de synthèse peut-elle s’appliquer sur des organismes vivants comme des animaux, des fruits et légumes ou même des semences ?

Comment justifier par exemple que Rosita et sa descendance soit considérée comme privatisable dans l’intérêt de la firme qui déciderait de la "produire" pour obtenir du lait maternisé ?

Car même s’il y a "invention" de la part de l’homme, "comment peut-on se prétendre être réellement le créateur de cet être vivant, au point de lui attribuer un brevet qui nous consacre comme son maître absolu? "

Ne doit-on pas s’inquiéter de ce "piratage" effectué par des firmes multinationales qui, loin de résoudre les énormes problèmes alimentaires du monde, conduit à une nouvelle forme d’esclavage, après celui ineffaçable des hommes, une sorte de bioesclavage qui condamne des populations sans ressource à verser des royalties sur tout ce qui pourrait les soigner ou les nourrir ?

En quelque sorte la logique du vivant n’est-elle pas en passe de se soumettre à la logique du profit ?


Patrice Leterrier

29 avril 2013

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21 avril 2013 7 21 /04 /avril /2013 18:16

 

etudiant tablette

 

S

 

’interrogeant sur ce qu’un étudiant de fin de "master en agro-alimentaire" devait apprendre, Hervé Thys conclut que "même si les enseignants en ont bavé à apprendre des choses devenues inutiles, il semble... inutile d'encombrer les programmes avec ces dites choses rendues inutiles par l'avènement de l'informatique. (…] Oui, nous avons le sentiment d'avoir perdu notre temps, à apprendre des choses devenues sans intérêt, périmées. Mais quel bonheur, au fond, de pouvoir apprendre davantage, mieux !"

Apprendre davantage sans doute, apprendre mieux peut-être mais apprendre différemment surement !

Outre tous ces outils mis à notre disposition pour éviter des tâches fastidieuses, la puissance fractale de l'internet (grâce aux liens hypertextes en particulier) permet de naviguer de concept en concept, de se laisser aller à une serendipité qui ressemble avec une efficacité immensément plus redoutable à ce vagabondage que nous faisions autrefois dans les encyclopédies.

Nul doute que l’environnement éducatif des "natifs digitaux" ressemblera de moins en moins à celui pas encore si lointain où les règles à calcul et les tables de logarithmes étaient nécessaires pour résoudre des problèmes somme toute répétitifs et donc inutiles.

Le danger de ce monde où des applications diverses et variées ne cessent de nous proposer de plus en plus d’aides, c’est qu’elles soient utilisées sans que les concepts qu’elles sous-tendent ne soient compris et assimilés.

Inutile de savoir extraire une racine carrée à la main à condition de tout de même savoir qu’elle est sa définition.

Les aides peuvent repousser le côté fastidieux et long de certaines approches mais peuvent-elles dispenser de la compréhension et du raisonnement ?

Aujourd’hui on commence à voir apparaître des "prothèses cognitives", dont on a un avant-goût avec par exemple l'IBM Watson vainqueur des hommes au jeu Jeopardize et qui a déjà des suites dans le domaine de la médecine et des assurances.

Nul doute qu’elles envahiront surement notre environnement dans les décennies à venir.

Elles finiront de compléter une "réalité augmentée" par tous ces outils de communications, toutes ces prothèses sensorielles nous libérant d’handicap mais aussi multipliant nos capacités "naturelles".

Une sorte de "méta-réalité" où nos capacités sensorielles et cognitives seront démultipliées comme l’est déjà depuis longtemps la puissance de calcul à notre disposition.

L'Human Brain Project vise à dépasser les limites du simple apprentissage laborieux basé sur la compilation de pétaoctets d'information.

Il ambitionne de créer des circuits équivalents à des circuits neuronaux dont le fonctionnement n'a rien de binaire.

Il projette de reproduire l'architecture même du cerveau mais aussi d’explorer les mécanisme d'auto-apprentissage du cerveau qui met, dans les premiers temps de la vie d'un enfant, des milliards de neurones en connexion selon des lois que nous ne faisons qu'approcher dans les travaux sur le fonctionnement de "type" bayésien de certains apprentissages du langage.

Qu'arrivera-t-il le jour où ces "cerveaux artificiels" auront la capacité d'apprendre à un rythme sans commune mesure avec le lent processus biologique de l'homme?

Déjà, aucune des dernières découvertes dans le domaine de l'astronomie, de la physique des particules, de la génétique, aucun de nos avions, aucun de nos trains, aucun de nos téléphones portables, aucune bientôt de nos voitures, et la liste est trop longue ne pourrait fonctionner sans ces milliards de puces qui les animent.

Peut-être un jour ces "cerveaux artificiels" nous annonceront des découvertes dont nous ne pourrons pas "vérifier" la validité et que nous devrons admettre comme un entendement supérieur de "notre" monde devenu celui de nos "robots"?

Auront-ils la "sagesse" suffisante pour nous guider et aurons nous la volonté d’écouter leurs "conseils éclairés" ou la seule caractéristique qui séparera l’homme de ces robots "hypercognitifs" restera cet acharnement de l’homme à se détruire et à détruire son environnement ?


Patrice Leterrier

21 avril 2013

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12 avril 2013 5 12 /04 /avril /2013 16:10

 

Hubots.jpg


 

L

 

e feuilleton Real humans met en scène des robots, les hubots, plus humains que nature dans leur apparence.

Certains sont rassurants par leur absence de liberté de penser, d’autres semblent faire preuve de cœur voire de compassion pour leur propriétaire.

Il y a aussi des rebelles capables de libre arbitre et qui pourraient présenter un réel danger pour l’humanité d’autant qu’ils prennent rapidement conscience du caractère souvent irrationnel des réactions humaines.

Dans son ouvrage «L’erreur de Descartes», Antonio Damasio met en exergue le rôle prédominant des émotions, inséparable des cognitions. Le «je pense donc je suis» devenant une sorte de «je ressens et je pense donc je suis»

La faiblesse apparente des hommes sur les hubots ne vient-elle pas de ce que les «créateurs» de ces robots ont négligé l'interaction dans le phénomène de conscience des émotions et des cognitions.

Ils ont imaginé des êtres imparfaits parce que parfaits.

Les pensées qui nous apparaissent comme réactions à nos interactions avec le monde, les autres voire lors de l'évocation de nos expériences passées sont inséparables des sentiments.

Dès lors, des êtres "parfaits" au sens de parfaitement programmés pour s'adapter à l'autre, pour s'oublier dans une altérité qui n’est pas sous l’emprise des émotions, produisent des comportements basés sur un modèle cognitif de la pensée et donc réducteur mais beaucoup plus rationnel que ceux des hommes.

On ne peut s’empêcher à l’évocation de cette évocation de robots humanoïdes au follement ambitieux Human Brain project.

L’idée de vouloir même partiellement «simuler» le fonctionnement du cerveau c'est-à-dire de construire une machine capable d’avoir des comportements similaires à l’homme est assez vertigineuse et semble même presqu’épistémologiquement impossible.

Même si l’objectif d’étudier des maladies est fortement mis en avant par ses promoteurs, les problèmes qui se posent sont évidement d’abord scientifiques et techniques mais ils sont inséparables des questions éthiques et philosophiques que posent l’apparition possible de «consciences» fabriquées ayant leurs propres capacités d’apprentissage et dont on peut se demander quelle serait la relation avec les humains, si elles n’auront pas la capacité de s’affranchir un jour du joug de ses créateurs.

Les capacités sensorielles de tels «organismes» pourraient être démultipliées par rapport à celles des hommes avec donc une «vision» des autres et du monde construit à partir d’un corpus informationnel infiniment plus important en volume et en nature que celui qui nous permet dans un processus d’apprentissage qui dure des années à construire notre conscience.

On notera aussi que le rythme d’apprentissage pourrait être énormément plus rapide que dans le cas du petit d’homme prisonnier d’une évolution biologique à laquelle les machines ne sont pas contraintes.

Les robots seront d’abord de gentilles aides pour l’homme lui facilitant la vie avec des comportements programmés adaptés à des taches spécifiques.

Mais les progrès dans la compréhension des mécanismes d’adaptation à l’environnement feront probablement apparaître des machines aux comportements adaptatifs et la frontière entre les hommes et ces aides deviendra de plus en plus difficile à distinguer.

D’abord parce qu’un grand nombre d’entre elles 0seront de plus en plus intimement liées physiquement à l’homme comme on peut le voir avec toutes ces prothèses permettant soit de suppléer des handicaps, soit de multiplier nos capacités sensorielles.

Ensuite parce que les machines autonomes seront de plus en plus «intelligentes» c'est-à-dire capable de s’adapter à leur environnement sans intervention humaine.

La fable que nous raconte Real Humans est probablement assez peu réaliste dans l’aspect anthropomorphique de ces créatures mais elle soulève tout de même le problème du rapport de plus en plus intime que nous aurons avec des objets nés des progrès attendus des neurosciences, des nanotechnologies et des technologies de l’information et des communications.

Le danger c’est le fossé grandissant entre les avancées scientifiques et techniques et la réflexion déontologique, sociétale et philosophique qui devrait les accompagner.

Nous n’avons peut-être pas trop de scientifiques mais certainement pas assez de penseurs et de philosophes.


Patrice Leterrier

12 avril 2013

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9 avril 2013 2 09 /04 /avril /2013 16:15

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Q

 

uel plaisir de vous revoir ! Vous avez une mine superbe. Comment va votre sœur ?»

Ce type de phrase est typique de ces «rituels interpersonnels» dont parle Goffman faits de compliments, de commentaires sur le lieu d’accueil de notre hôte, d’intérêt pour la santé, pour les goûts, de plaisanteries introductives, etc.

Il s’agit d’affirmer ou de réaffirmer les liens sociaux, de confirmer chaque individu dans sa position de partenaire à part entière de l’interaction à venir.

Ces séquences d’ouverture constituent une prise ou une reprise de contacts caractérisées par des témoignages de considération réciproque, la manifestation du plaisir de faire connaissance ou de se retrouver dont la longueur et l’intensité varient en fonction de l’intervalle entre deux contacts ou de l’intimité recherchée avec son protagoniste.

La sacralisation actuelle de l’efficacité - qui est souvent basée sur le mythe de la séparation des émotions et des cognitions - conduit de plus en plus à négliger ces rituels, à déshumaniser les relations humaines en ne recherchant qu’à dire ce qui est nécessaire, efficace, pertinent avec le sujet et à considérer toute digression comme nuisible à l’efficacité alors que nos rituels sont au contraire une des conditions de la réussite d’un échange.

Pourtant ces lubrifiants dans la communication interpersonnelle sont essentiels.

Aujourd’hui toutes les prothèses communicantes qui nous envahissent ont plutôt tendance à nous pousser à faire l’économie de ces liants sociaux.

L’asynchronisme des relations digitales que nous entretenons pousse à cette déshumanisation des échanges.

Que ce soit les courriels, les SMS, les twitts, les posts sur les réseaux sociaux, l’absence de face à face avec un interlocuteur conduit à faire l’économie de cette convivialité qui est pourtant un besoin inscrit dans l’histoire de notre évolution comme animal social.

Nous en sommes réduits dans nos relations à des échanges basés sur le seul langage désinvesti des expressions, des gestes, des postures qui sont pourtant indissociables de nos discours.

Les grands manitous du monde des réseaux dit sociaux adaptent déjà leurs interactions avec nous à ce qu’ils pensent être nos préférences.

Ils pourront peut-être un jour rêver aussi de s’adapter à nos sentiments pour autant qu’on les exprime par nos expressions et pourquoi pas un jour par la mesure des ondes cérébrales comme certains chercheurs japonais qui prétendent être capable de lire nos rêves.

Réduire les relations humaines au simple échange de phrases c’est une négation du fait que nous vivons sous la double emprise de nos capacités cognitives et de nos émotions.

Mais nier l’importance de rôle des nouveaux outils de communication dans notre relation aux autres serait utopique.

Le roman perpétuel de notre vie que nous écrivons, fait de l’auto narration de nos expériences, se nourrit aussi de ce véritable déluge d’informations qui envahit notre univers personnel.

Aujourd’hui nous avançons insensiblement vers une symbiose intime entre nous et ces outils qui démultiplient nos capacités perceptives.

Ne faut-il pas alors veiller à faire en sorte que le temps libre que nous donneront de plus en plus toutes ces aides soit justement consacré - au moins en partie - à rendre nos relations plus fluides, plus conviviales ?

Nous serons immanquablement en retour plus imaginatifs, plus créatifs, plus libres et certainement aussi plus efficaces.


Patrice Leterrier

9 avril 2013

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