Une fenêtre ouverte sur le monde
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uisqu’il ne s’est rien passé le 21 décembre, chacun retourne à la bonne vieille habitude de regarder dans le rétroviseur les événements qui ont marqué l’année 2012.
Le compte à rebours a commencé et selon le prisme qui lui est préféré, chacun regarde les événements à travers sa lorgnette.
Si votre vision du kaléidoscope mondial a un tropisme hexagonal exagéré, vous aurez sûrement retenu le résultat des élections présidentielles à l’issue desquelles, le "tout sauf Nicolas Sarkozy", a porté au pouvoir un François Hollande auquel pas un des pronostiqueurs politiques ne donnait la moindre chance un an plus tôt.
Si votre lunette dépasse le simple cadre hexagonal, vous aurez sans doute une pensée particulière pour toutes les victimes de l’incapacité des hommes à régler leurs problèmes par la négociation plutôt que par les armes qu’elles soient syriennes, palestiniennes, afghanes, maliennes ou encore d’ailleurs.
Si vous êtes passionné de sciences nul doute que la découverte d’une particule pouvant bien être le très recherché boson de Higgs vous aura enthousiasmé.
Si vous aimez le sensationnel et l’exploit inutile, le vertigineux saut de Félix Baumgartner vous aura sans doute ravi.
Si la conquête spatiale est au centre de vos intérêts, vous attendez probablement avec impatience les résultats à venir de la mission de Curiosity.
Si vous vous préoccupez un tant soi peu du sort de la planète vous avez sûrement déploré l’énorme échec des négociations de Doha, preuve supplémentaire de l’aveuglement des politiques face au problème pourtant crucial de l’action de l’homme sur son environnement.
Cette année a été aussi marquée par le jubilée de la Reine Elisabeth, fossile d’un autre temps, et par des jeux paralympiques qui ont presqu’atteints la popularité de ceux des athlètes valides.
Le monde n’entendra plus la voix sublime de Whitney Houston, les coups de gueules de Thierry Roland, les polémiques alimentées par Michel Polac, ni les sublimes improvisations de Dave Brubeck, ni encore le témoignage d’un dernier témoin d’une France qui refuse la fatalité : Raymond Aubrac.
D’aucuns s’appesantiront peut-être sur la dureté des temps, déplorant que les restos du cœur existent encore comme témoignage de notre incapacité à nourrir les plus démunis, certains redouteront probablement les ravages de l’extraordinaire mutation mondiale qui est en train de s’opérer, fragilisant nos économies et détruisant nos emplois.
Devant ces bouleversements la tentation est forte de désigner des coupables, de fustiger tel ou tel groupe social, de montrer du doigt le cynisme de certains, de jeter l’anathème sur le monde de la finance, d’accuser la fatalité qui s’abat sur nous, de renoncer à lutter devant l’inanité de notre action et la faiblesse de nos moyens.
Pourtant la seule attitude qui conduit à un renouveau est celle qui consiste à affronter sans complexe les épreuves, à faire preuve de cette résilience dont parle Boris Cyrulnik en donnant du sens à sa vie plutôt que de subir et en se projetant résolument dans l’avenir, un avenir qui nous construit parce que nous le remplissons de projets nourris par la "curiosity" et l’enthousiasme.
Bonne année à tous
Patrice Leterrier
31 décembre 2012