Une fenêtre ouverte sur le monde
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e dernier pigeon migrateur américain était une femelle qui s’appelait Martha. Elle est morte le 1er septembre 1914, à 1 heure du matin, au zoo de Cincinnati.
Le nombre d’espèces qui disparaissent ne cesse d’augmenter.
Les prochaines disparitions ne portent pas sur des millénaires mais concernent les décennies à venir.
L’action de l’homme sur son écosystème est redoutable.
La surexploitation des océans, la déforestation massives, la chasse des animaux non seulement pour la viande mais pour le cuir, la fourrure, les dents, les écailles, les plumes ou encore la graisse des baleines pour fabriquer des vêtements, des bijoux ou des produits de cosmétique menacent des milliers d’espèces.
Nous nous apprêtons à vivre dans un monde ou le beluga, le bonobo, le gorille des montagnes, l’ours polaire, le tigre de Sumatra, le rhinocéros et bien d’autres rejoindront le dronte de Maurice (plus connu sous le nom de Dodo) disparut à la fin du 17ème siècle et le dauphin de Chine déclaré disparut en 2007.
Nous sommes plus de 7 milliards d’humains et nous sommes capables grâce à nos technologies non seulement d’aller explorer l’espace, de rallonger sans cesse l’espérance de vie de nos semblables, d’éradiquer des maladies, de faire des miracles pour réparer nos corps mais hélas également de laisser plus d’un milliard d’êtres humains victimes de la faim et de modifier aveuglement notre écosystème.
Nous sommes responsables de la disparition du pigeon migrateur américain, du dauphin de Chine et de plein d’autres espèces mais aussi du trou dans la couche d’ozone qui nous protège et nous brûlons des milliards de tonnes de combustibles fossiles en rejetant des milliards de mètres cubes de CO2 dans l’atmosphère.
Personne de scientifiquement sérieux ne peut nier que le réchauffement climatique se fait actuellement à un rythme n’ayant aucune commune mesure avec un phénomène naturel et personne de vraiment objectif ne peut nier le rôle de l’homme dans ce phénomène (consensus à plus de 97% selon une étude sur la crédibilité des experts climatiques).
Chaque année nous ajoutons une couverture de plus sur le lit déjà assez chaud de notre planète et la question qui reste ouverte est uniquement de savoir combien de temps cela prendra-t-il pour dérégler irrémédiablement le climat qui se trouve – chacun peut le constater – déjà bien perturbé ?
Bien sûr vous pouvez trouver sur internet et dans des publications pseudo-scientifiques des picoreurs de chiffres qui se livrent à des tours de passe passe pour nier ces faits avérés.
Vous pouvez aussi trouver des écrits qui nient la théorie de l’évolution, qui annoncent la fin du monde proche, qui prétendent que le 11 Septembre est l’œuvre d’un complot, que l’homme n’a jamais mis les pieds sur la lune, etc…
Il n’empêche que la démarche scientifique consiste toujours à trouver les explications qui collent le mieux avec les faits constatés et que, jusqu’à preuve du contraire, c’est cela qu’on appelle la vérité scientifique.
A l’épreuve de la démarche scientifique rien d’autre que l’action de l’homme ne peut expliquer le brutal et constant réchauffement de la planète que nous observons aujourd’hui.
Bernard Baruch disait "Tout homme a le droit d’avoir son opinion mais aucun homme n’a le droit de se tromper sur les faits qu’il rapporte".
Alors les exégèses sur la forme de telle ou telle courbe de températures, qui échauffent le web, seraient franchement ridicules si elles n’étaient le prétexte à discréditer l’approche des spécialistes du climat et à semer le doute dans l’esprit du public.
Patrice Leterrier
21 février 2012