Une fenêtre ouverte sur le monde
U |
ne étude conduite par Connor Diemand-Yauman, du département de psychologie de l’université de Princeton aux Etats-Unis, démontre que la lisibilité des caractères d’un texte a une influence sur sa mémorisation.
Des présentations utilisant une police familière comme arial noir étaient changées enHaettenschweiler, Monotype Corsiva ou encore Comic Sans Italicized.
De plus la copie faite était rendue floue en bougeant la feuille pendant la photocopie.
Le résultat quelque peu inattendu de ce traitement fût que les étudiants, ayant reçu la version la moins lisible, étaient ceux qui en retenaient le mieux le contenu.
L’hypothèse faite par les chercheurs est que la difficulté de déchiffrage oblige à mettre en jeu des stratégies plus évoluées pour décoder le sens alors que la lecture aisée n’a pas besoin de tels processus pour appréhender le contenu.
En quelque sorte un éloge de plus de l’effort par rapport à la facilité.
C’est ce qui semble faire défaut, à moins qu’il ne s’agisse plus cyniquement d’une stratégie, à certains hommes politiques apprentis sorciers qui veulent absolument nous faire croire que l’ennemi qui menace notre avenir est l’extrémisme islamique qui, au passage ne peut aligner à son tableau de chasse en 2009 un seul attentat sur 294 en Europe, même si l’actualité récente montre à quel point leur haine de l’occident et singulièrement de la France est vivace.
Selon un rapport de Price Waterhouse Coopers, La Chine deviendrait la première puissance économique en 2040 et à l’horizon 2050 le Brésil, l’Indonésie, le Mexique feront partie du top ten reléguant la France en 11ème position.
Mais au fond la date importe peu, ce qui compte c’est plutôt le renversement radical de l’équilibre économique mondial qui semble inéluctable.
Le déclin inexorable de l’occident et singulièrement de l’Europe est en route.
Elle y perdra non seulement son leadership économique mais aussi celui de l’intelligence au profit de la Chine, de l’Inde et d’autres pays faisant preuve d’un dynamisme bien supérieur à nos petites inquiétudes sur les dangers supposés de l’Islam ou encore devant la perspective cataclysmique d’une retraite retardée de quelque mois.
On se trompe tragiquement d’objectif lorsqu’on se focalise sur ces crispations.
Dans Télérama, Alain Touraine, constatant que la mondialisation a englouti le social, écrit :
"Vous ne pouvez plus dire : je parle au nom de Dieu, de l'Histoire, du Progrès, de la Nation, de la Science. La seule chose que vous puissiez dire, c'est : je parle au nom de la survie de la Terre et je parle au nom de la défense des droits humains universels."
L’occident qui depuis le siècle des Lumières a porté le flambeau des droits de l’homme à travers le monde, sans d’ailleurs toujours les appliquer avec rigueur, doit avoir l’ambition de faire partager ces valeurs au monde entier, de se réinventer en oubliant son arrogance comme nous y invite hakim-el-karoui.
Edgar Morin dans un article du monde au beau titre "Les nuits sont enceintes et nul ne connaît le jour qui naîtra" écrit : "La course a commencé entre le désespérant probable et l'improbable porteur d'espoir. Ils sont du reste inséparables : "Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve" (Friedrich Hölderlin), et l'espérance se nourrit de ce qui conduit à la désespérance".
Patrice Leterrier
11 Janvier 2011