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Une fenêtre ouverte sur le monde

Le 21 décembre aujourd’hui je m’en fous

 

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B

 

on d’accord c’est plus facile de le dire aujourd’hui qu’hier mais voilà au moins un sujet dont on parlera moins : la fin du monde n’a pas eu lieu !

Cette prédiction est à ranger au musée avec la grande terreur de nos ancêtres lorsque que le compteur très arbitraire du temps a franchi le chiffre fatidique du premier millénaire.

Nous sommes bien obligés de constater que la fin du monde devra encore attendre une prochaine collision avec un immense météorite, une gigantesque explosion solaire entrainant l’inversion des pôles, une éruption volcanique cataclysmique, une escalade nucléaire incontrôlable, un virus massivement mortel et sans parade ou, malheureusement plus probable, un dérèglement en spirale du fragile équilibre climatique.

Le jugement dernier ne semble pas donc pour aujourd’hui (bien que la journée ne soit pas complètement terminée) et bien malin celui qui pourrait aujourd’hui l’annoncer.

Il ne fait aucun doute que les plus fanatiques des annonceurs d’apocalypse trouveront une bonne raison au répit apparent obtenu par l’espèce humaine.

Nous pouvons faire confiance à leur imagination pour nous inventer une nouvelle échéance et maintenir ainsi leurs fidèles en haleine.

C’est probablement aussi la fin d’un business lucratif : le succès faramineux du film 2012 qui a rapporté 770 millions de dollars à leurs auteurs, les plus de 300 livres écrits et publiés sur le sujet parmi lesquels des bestsellers, le nombre incroyable d’articles ou d’émissions de télévison, le buzz immense sur internet, les bunkers dont les plus luxueux coûtent la bagatelle de 50 000 $ par place.

La petite commune de Bugarach se serait bien passée de cette eschatologique renommée, de tous ces journalistes et de la protection des forces de gendarmerie.

Le ministre du tourisme mexicain se félicite probablement d’une affluence record dans des sites archéologiques qui n’ont d’ailleurs pas tous pour origine les mayas.

Comment ne pas s’étonner qu’homo Sapiens, chef d’œuvre de raison, de logique implacable, de découvertes scientifiques aussi bien dans l’infiniment petit que dans l’infiniment grand, d’avancées vertigineuses dans le domaine de la santé faisant progresser sans arrêt sa durée de vie, ne puisse s’empêcher de se faire peur sans raison ?

Faut-il rappeler que nous sommes d’abord les descendants d’un lignée de primates qui n’a survécu à tous les dangers qu’en partie parce qu’ils étaient construits pour réagir à la peur avant même de réfléchir aux raisons objectives qui la provoque ?

La sélection naturelle a favorisé ceux qui préféraient craindre un danger même imaginaire à ceux qui s’interrogeaient sur sa rationalité tout simplement parce qu’ils avaient plus de chance de survivre dans un environnement à la fois hostile et mystérieux.

La peur d’un grand malheur d’ordre cosmique nous enlève toute responsabilité individuelle sur le futur et nous apporte paradoxalement une sorte de sérénité intellectuelle.

Cette croyance est à la fois terrifiante et confortable parce qu’il n’y a plus aucune autre raison de s’inquiéter.

Toute notre énergie doit se concentrer sur la préparation : construire un bunker, amasser de la nourriture, etc.

C’est en fait un moyen thérapeutique bien connu contre l’anxiété que de se consacrer à des comportements orientés vers un seul but.

Bien sûr il ne faut pas ignorer que les autorités nous cachaient la vérité pour éviter la panique et que nous sommes face à un immense complot du silence relayé par des scientifiques de mèche avec le pouvoir.

Il faut dire que dans le monde d’aujourd’hui où on ne parle que de terrorismes, de guerres, d’épidémies, de crises de toutes sortes (financières, sociétales, morales, religieuses), de futur incertain face aux changements climatiques et à l’impuissance de la communauté internationale, les gens sont facilement prêts à céder à la panique.

Si cette peur de fin du monde pouvait collectivement nous faire comprendre l’importance de préserver un environnement finalement fragile et si précieux, si la fin d’un long cycle du calendrier mayas pouvait être le début de l’ère de l’harmonie entre l’homme et la nature, nous n’aurions qu’à nous féliciter que les pompeuses pantomimes de pitoyables pythies plastronnant mais piteusement pantoises aient fait couler autant d’encre.

En attendant ces jours meilleurs, préparons nous à fêter la naissance de cet enfant né, parait-il, à Bethléem dont les mayas n’avaient que faire.


Joyeux Noël à tous

Patrice Leterrier

21 décembre 2012

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