Une fenêtre ouverte sur le monde
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imone de Beauvoir affirmait "on ne nait pas femme, on le devient".
Cette pression idéologique douce du mouvement féministe affirmant qu’il n’existe pas de différence entre les sexes pourrait-elle expliquer que ce domaine soit aussi peu exploré en France ?
Et pourtant les femmes ne se distinguent pas des hommes uniquement par leurs seins, leurs utérus et leurs ovaires ni même leur espérance de vie supérieure en moyenne de 7 ans (en France) mais par bien d’autres aspects de leurs aptitudes et comportements.
En cas de lésion cérébrale, les femmes récupèrent plus vite et souffre moins d’aphasie.
Les femmes se réveillent prés de deux fois plus vite que les hommes d’une anesthésie générale.
L’autisme touche plus les hommes que les femmes.
Elles sont par contre deux à trois plus susceptibles d’être touchées par la sclérose en plaques.
Pendant leurs règles les femmes traitent les informations visuelles préférentiellement avec leur hémisphère gauche (elles se comportent alors comme des hommes) tandis qu’après l’ovulation, lorsque les concentrations hormonales augmentent, les deux hémisphères participent de façon équilibrée au traitement de l’information sous l’influence prépondérante de la progestérone.
La ménopause rétablit en quelque sorte l’égalité homme-femme dans le traitement des informations sauf bien sûr en cas de traitement par des hormones de substitution.
Mais la simplification qui consiste à qualifier l’hémisphère droit comme celui des émotions et le gauche comme celui du langage doit être nuancée car les pics d’activités que l’on voit avec l’IMRf ne sont que le sommet d’un iceberg cérébral beaucoup plus complexe puisque les deux hémisphères collaborent en permanence.
Il faut aussi être prudent sur ces tests cognitifs qui semblent dire que les femmes réussissent mieux quand il s’agit d’évaluer la vitesse de perception, la coordination des mouvements de précision et le langage alors que les hommes se distinguent lorsqu’il s’agit de problèmes de constructions spatiales, de la vision dans l’espace et du raisonnement. Ces différences ne créent en aucun cas une hiérarchie.
Inutile de pavoiser et de sombrer dans un machisme déplacé messieurs parce que les neurologues danois Bente Pakkenberg et Hans Gundersen ont estimé que le cortex féminin contient 3,5 milliards de neurones en moins que celui de l’homme.
Calmez-vous ! Cela représente entre 3 et 4% du total et surtout il n’y a aucune raison de penser que nos capacités cognitives soient uniquement liées au nombre de neurones (quoique … J ) !
Le quotient intellectuel (mesure-t-il l’intelligence ?) n’est pas fonction du poids du cerveau ni du sexe et nos capacités cognitives semblent plus être fonction du nombre de connexions que du nombre de neurones.
Un peu comme l’"intelligence" d’un ordinateur dépend plus du nombre d’interfaces entres ses différents programmes fonctionnels que de la taille de sa mémoire vive.
Même si les neurologues ont trouvé que quelques amas de neurones de l’hypothalamus sont de tailles très différentes entre l’homme et la femme (cette zone participe au contrôle du système hormonal et influe sur le comportement sexuel et la reproduction) ;
Même si les zones postérieures du corps calleux ont des activités électriques plus importantes chez la femme permettant probablement une meilleure communication des hémisphères ;
Même si les hémisphères de la femme se ressemblent plus que ceux de l’homme qui sont nettement plus asymétriques permettant de traiter des informations plus rapidement alors que les hémisphères identiques de la femme la rendent moins vulnérable à des lésions.
Malgré ces différences et d’autres, ne perdons pas de vue que les écarts entre les personnes dépassent souvent largement les valeurs statistiques entre les hommes et les femmes.
Sans aucun doute le cerveau de l’homme et celui de la femme sont différents.
Ces différences concernent le langage, la mémoire, la vision, les émotions, l’audition et le repérage spatial et la réponse cérébrale aux hormones du stress.
Elles seraient dues partiellement à des raisons anatomiques innées mais aussi à l’influence des hormones et de l’éducation sur l’épigénèse.
Les hommes ne viennent pas plus de Mars que les femmes de Vénus mais il serait stupide de prétendre qu’il n’y ait pas de différence entre nos cerveaux respectifs.
Enfin tordons le cou à une légende : les hommes ne sont pas plus agressifs que les femmes dans le couple. Ils sont simplement beaucoup plus dangereux à cause de leur supériorité physique.
Le mâle est incontestablement plus belliqueux que la femelle chez les mammifères à une exception près : l’hyène tachetée (ou rieuse) femelle est plus agressive que le mâle mais elle présente une plus grande concentration de testostérone dans le sang que son compagnon.
Patrice Leterrier
4 août 2012