Une fenêtre ouverte sur le monde
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a très sérieuse Union Internationale des Télécommunications nous apprend dans son rapport The World in 2010: ICT facts and figures que le nombre d’internautes a doublé en cinq ans et a franchi la barre de 2 milliards en 2010.
Avec 420 millions d’internautes, la Chine arrive largement en tête.
71% des habitants des pays développés ont un accès internet alors que seulement moins de 10% des africains en possèdent.
Le nombre de téléphones portables a dépassé le seuil des 5 milliards d’abonnés (dont près de 4 milliards dans les pays en développement) alors qu’il n’y en avait que 500 millions il y a dix ans.
Chaque seconde prés de 200 000 SMS sont émis dans le monde soit un triplement en 3 ans.
Dans une interview donnée sur le site Bigthink.com, Nicholas Carr souligne l’influence des technologies sur notre façon de penser en s’appuyant sur les exemples de l’apparition des cartes géographiques, de l’horloge mécanique et de l’invention du codex au IIIe siècle après Jésus-Christ et plus encore de celle de Gutenberg qui a permit la généralisation véritable du livre reproductible tel que nous le connaissons encore aujourd’hui.
La masse d’informations diffusée chaque jour sur internet est telle qu’une vie humaine ne suffirait pas à en déchiffrer une infime partie.
Doit-on comme le suggère Sherry Turkle s’inquiétait du piège que représenterait aujourd’hui les écrans d’ordinateur et encore plus ceux des téléphones portables ?
Sommes-nous encore heureux ou seulement capable de taper deux points suivi d’une parenthèse fermée : ) ?
Attendons-nous plus de la technologie et moins les uns des autres ?
Sommes-nous pris au piège de nos profils Facebook, de la banalité des échanges électroniques limités par les possibilités de nos gadgets ?
Sommes-nous en quelque sorte deux milliards d’internautes de plus en plus seul ?
Doit-on au contraire s’émerveiller du fait que la multitude presque fractale des liens hypertextes, le mélange sans limite de toutes sortes de médias (textes, images, photos, sons et vidéos) et l’instantanéité - qui n’exclut pas pour autant le recours à la réflexion - crée un environnement informationnel jamais connu par l’homme auparavant, une sorte de méta contenu pour une méta connaissance accessible à tous ?
Certes comme le souligne Robert Darnton, professeur émérite à Princeton et directeur de la bibliothèque de l'université Harvard, l’information n’est pas le savoir et le sens ne jaillit pas spontanément de ce déluge incessant de signes jetés continuellement à travers la toile.
Mais pour autant ne doit-on pas y voir une formidable opportunité d’une généralisation planétaire de l’accès à la culture et à la connaissance ?
Il n’est pas improbable que ce que nous vivons aujourd’hui avec la révolution numérique soit d’un même ordre d’importance que la naissance de l’imprimerie.
Nos relations aux autres changent, deviennent planétaires, instantanées.
Notre manière d’accéder à la culture et à l’information est aussi profondément modifiée.
Les excès sont criants et caricaturaux mais ils ne doivent pas occulter par exemple que la généralisation des téléphones portables et des internautes fait aujourd’hui sauter les verrous que des tyrans voudraient encore imposer à leurs sujets !
Patrice Leterrier
26 Janvier 2011