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Une fenêtre ouverte sur le monde

DAVID

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L

 

e jeune homme s’approcha. Il était jeune, agile et leste comme une antilope.

Son regard perçant ne quittait pas celui du géant empêtré dans sa cuirasse pesante, gauche et malhabile même s’il voulait impressionner son adversaire en lui hurlant d’oser s’approcher et en faisant tournoyer son glaive immense au dessus de sa tête enfermée dans son casque.

Son champ de vision réduit par son gigantisme, dû à l’adénome de son hypophyse qui compressait son nerf optique, ne lui permettait pas de suivre le ballet incessant de cet insolent moustique qui tournait sans arrêt autour de lui.

Puis le ballet s’interrompit brusquement et avant qu’il ne réalise l’origine du sifflement qu’il perçût le géant s’effondra foudroyé par la pierre qui venait de jaillir de la fronde du jeune homme.

Il s’appelait David et le géant à terre, qu’il allait décapitait avec son propre glaive, s’appelait Goliath le philistin.

Ainsi commence l’histoire de David, le célèbre roi d’Israël, qui succomba aux charmes de Bethsabée. Pour écarter son mari, Urie le Héthien, il l’envoya se faire tuer à la guerre. Ils eurent un fils Salomon qui reste à la postérité pour son jugement.

L’histoire plus ou moins romancée de David inspira les sculpteurs de la renaissance dont le protégé des Médicis Donatello qui donna entre 1430 et 1432 une splendide version en bronze d’un David androgyne au sourire ambigu regardant à ses pieds la tête de Goliath avec ce déhanchement artistique qu’on appelle contrapposto.

Mais nous n’aurions sans doute pas une image aussi majestueuse de David si Michel Ange, avant d’avoir 30 ans, n’avait relevé le défi de le faire revivre dans un bloc de marbre de carrare auquel personne n’osait s’attaquer.

Il y travaillât prés de quatre ans avant de dévoiler son œuvre le 8 septembre 1504 sur la place de la Signoria à Florence. Aujourd’hui l’original se trouve à l’Accademia.

La statue reprend le déhanchement de son illustre prédécesseur mais, si la virilité du personnage ne fait aucun doute, son air à la fois songeur et inquiet laisse à penser qu’il n’a pas encore affronté le géant Goliath.

C’est de ce chef d’œuvre dont Jules Cantini fit faire une copie qu’il offrit à la ville de Marseille en 1903 avant la construction de sa monumentale fontaine de la place Castellane.

Après avoir dormi presque 50 ans dans les réserves du palais des Beaux-Arts de la place Carli, la statue, surnommée par les vieux Marseillais "quiquette ville et cul mer", tourne maintenant définitivement le dos à la grande bleue au Rond point du Prado à l’extrémité de cette avenue percée au milieu du dix-neuvième siècle pour permettre aux Marseillais de venir contempler la mer, lorsqu’ils ne venaient pas risquer au Casino de la Plage ou aux champs de Courses du Parc Borély leurs économies durement gagnées.

Dans ma jeunesse, la statue était aussi régulièrement victime des étudiants qui venaient obstinément colorer les attributs sexuels du David, que des employés municipaux devaient régulièrement rendre à leur aspect original. Son fessier définitivement tourné vers la mer était aussi souvent l’objet de diverses décorations sans que la quiétude éternelle du héros biblique ne s’en trouve altérée.


Patrice Leterrier

  7 mars 2014

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F
cc patrice, ton nom me dit qq chose mais le physique m'a échappé après toutes ces années depuis trappes ct....<br /> cordialement
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P
vous devez confondre j'ai un homonyme photographe