Une fenêtre ouverte sur le monde
Hernani
"L |
es commentateurs, ils commentent. Moi je suis du côté des acteurs, donc j'agis. Leur façon d'agir, c'est de commenter, c'est nécessaire. Ma façon d'agir, c'est d'agir, c'est indispensable, ce n'est pas le même travail".
Ainsi s’est exprimé Nicolas Sarkozy hier lors d'une allocution improvisée devant les salariés de l'aciérie Hachette et Driout.
En fait l’acteur Nicolas n’est-il pas paradoxalement en tenant ces propos le commentateur des putatifs commentaires des commentateurs ?
Le Petit Larousse nous propose pour définir un commentaire "ensemble d'observations, de remarques sur un événement ou une série d'événements, dans la presse, les médias".
Il n’est donc pas interdit de penser que le commentateur commente à juste titre, si ce n’est à bon escient, puisque fondamentalement son droit et même sa raison d’être est justement de commenter.
Par contre il peut exister des raisons de douter que certains acteurs agissent même lorsqu’ils en font la parade parfois ostentatoire.
N’a-t-on pas le droit de s‘interroger sur certains des agissements des acteurs politiques dont ils se flattent un peu hâtivement et même de formuler pire que des commentaires des critiques ?
Dans Hernani (Acte III, 2) on peut lire :
Je suis une force qui va !
Agent aveugle et sourd de mystères funèbres !
Une âme de malheur faite avec des ténèbres !
Où vais-je ? Je ne sais. Mais je me sens poussé
D'un souffle impétueux, d'un destin insensé.
Mon professeur de philosophie en terminale, jeune prêtre fougueux et brillant intellectuel, ajoutait avec beaucoup de sagacité "Force qui va certes mais qui va où ?".
Et c’est ce "où" qui compte dans l’action d’un homme politique, ce "où" qui est l’enjeu de ses actes et qui prête forcément à débat dans une démocratie.
Il doit donc s’habituer à ce que le "où" mais aussi le "comment", le "combien", le "pourquoi" et même le "quand" soient l’objet de commentaires, de controverses et même parfois de polémiques sans que pour autant sa faculté, son rôle d’acteur ne soit pour autant contesté par ce nécessaire débat d’idées.
Certes il ne semblerait pas inutiles que certains acteurs prennent le temps de la réflexion avant d’agir, abandonnent parfois cette réactivité exacerbée aux événements qui donne une impression brouillonne et surtout qui dégage comme un relent de démagogie populiste.
La science et la politique n’ont pas grand-chose à voir dans leur rapport à la réalité.
Si les découvertes de la science ne prêtent pas à beaucoup de commentaires même si elles réclament souvent beaucoup d’explications, les actions politiques n’ont pas la vertu de vérités révélées que l’on peut asséner sans commentaire.
J’emprunte volontiers à un ami, qui se reconnaîtra peut-être, cette définition: "le fanatique est celui qui a perdu ses objectifs et qui redouble ses efforts".
Sans commentaire et comprenne qui voudra comme disait Georges Pompidou.
Patrice Leterrier
21 Octobre 2009