Une fenêtre ouverte sur le monde
Joseph C.R. Licklider
D |
’après les fidèles du nouvel ordre religieux appelé "googolisme", le moteur Google est la forme humaine la plus proche que l'on n’ait jamais connu d'un vrai "Dieu". Selon ses adeptes, la preuve irréfutable de la supériorité de google sur les autres divinités connues est que, selon les propres statistiques de ce nouveau dieu, le mot Google est recherché plus souvent que les mots "Dieu", "Jésus", "Allah", "Bouddha", "Chrétienté", "Islam", "Bouddhisme" et "Judaïsme" combinés. Rien à voir avec eBay, site marchand, peut-être la version moderne des marchands du temple internet pour continuer sur le ton blasphématoire, qui a retiré l’enchère de Dante Knoxx. Ce britannique proposait son âme aux enchères à un prix de départ de 27 632€ ou par vente directe à 773 697€. Aucune enchère n’avait été enregistrée. Vivons-nous dans un monde d’athées ? A moins que la qualité de cette âme n’étant pas garantie, personne n’ait voulu se risquer à perdre la sienne pour une inconnue. Ce nouveau Faust prévoyait d’utiliser l’argent de l’enchère pour lancer son groupe de musique expérimentale, Paradigme. Décidément comme internet, la musique peut rendre fou! On se souvient aussi de cette Britannique qui a engagé une procédure de divorce à cause des infidélités de son mari dans le monde virtuel Second Life. Vous serez sans doute aussi étonné d’apprendre que, moins d’une semaine après le coup d’éclat du journaliste irakien Mountazer al-Zaïdi, nouvelle star mondiale depuis sa tentative manquée de jet de godasses à la face de Georges Bush, deux jeux gratuits sont déjà apparus sur la toile. Le premier consiste à tenter de dégommer, en l'espace de 30 secondes, l'avatar de Bush en lançant des chaussures. Le second est complémentaire puisqu’il s’agit de protéger le président des USA des jets de godasses. Joseph Carl Robnett Licklider, éminent psychologue et psycho-acousticien, a écrit en 1960 le texte de référence sur l’interaction homme-machine "Man-Computer Symbiosis". Ce texte a inspiré l’évolution vers le principe du réseau de la science informatique. Il ne se doutait probablement pas, malgré son génie visionnaire, que moins d’un demi-siècle après que la première application de ses idées, le petit réseau ARPANET qu’il avait participé à développer à la fin des années soixante, allait donner naissance à la formidable aventure de la toile qui recouvre aujourd’hui les moindres recoins du monde. Et il ne pouvait évidemment pas non plus anticiper - alors qu’il ne songeait qu’à permettre à des chercheurs et scientifiques de communiquer plus vite entre eux - que son usage donnerait lieu à tous les excès et à une nouvelle forme de crime appelé cybercriminalité. Voilà maintenant que l’on voit apparaître - après la cyberdésinformation qui se généralise et le cybersexe qui envahit la toile - le cyberdieu qui donnera probablement naissance à une cyberthéologie. Tout ceci risque de nous conduire à la cyberdémence et je vais donc terminer aujourd’hui par un cybersoupir immédiatement suivi d’un cybersourire à partager avec vous. Après tout il suffit d’enlever la prise pour arrêter le cybermassacre!
17 décembre 2008