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20 avril 2020 1 20 /04 /avril /2020 17:17

Le gouvernement réitère son stratagème sur les masques avec les tests.

Pourquoi dire que cela ne sert à rien de tester les asymptomatiques, c'est à dire de tester le plus grand nombre possible, au prétexte que l'on peut être asymptomatique un jour et positif le lendemain ?

La recherche des patients positifs (et non pas seulement la constatation lorsqu'ils ont des symptômes) est pourtant essentielle pour l'isolation de clusters potentiellement infectés.

Nos amis allemands, qui certes avaient les moyens, l'ont bien compris.

Force est de constater qu’ils s’en sortent mieux que nous même si on doit noter qu’ils ont eu la chance de ne pas avoir eu la bombe virulente due à la réunion des 2000 évangélistes dont on peut mesurer l’ampleur avec l’exemple du Charles de Gaulle.

Alors pourquoi ne pas avouer simplement comme pour les masques : nous n'avons pas suffisamment de tests disponibles alors on met en place des priorités pour adapter la stratégie à nos moyens.

Même si Freud écrivait « Les masses n'ont jamais connu la soif de vérité. Elles exigent des illusions auxquelles elles ne peuvent renoncer », ne vaut-il pas mieux traiter les français en adultes ?

N’est-ce pas  dangereux en démocratie de parier sur l'ignorance comme le font si bien les tenants des théories du complot ou les régimes autoritaires ?

Au cœur de ce débat, la question est de savoir si on doit, au nom des principes écouter Kant qui fait de la vérité un absolu, une obligation morale universelle qu’il n’est pas permis de transgresser ou suivre Hannah Arendt  qui affirme « la véracité n’a jamais figuré au nombre des vertus politiques, et le mensonge a toujours été considéré comme un moyen parfaitement justifié dans les affaires politiques ».

Actons que le secret d’état est probablement justifié et nécessaire notamment en matière de sécurité (lutte anti-terroriste), de défense, de diplomatie.

Mais comme nous vivons semble-t-il en démocratie, dans l’ère de la révolution numérique et dans celle où le quatrième pouvoir, bien que malmené, est reconnu, les mensonges d’état sont aujourd’hui exposés à la contradiction publique permanente.

Ils sont encore plus soumis à la critique lorsqu’ils se parent de la toge scientifique c’est-à-dire qu’ils refusent implicitement d’admettre que le domaine de l’action politique n’est pas celui de la science même si celle-ci peut et doit éclairer nos gouvernants.

Car enfin c’est bien sous le paravent scientifique que nos  gouvernants ont mis en avant l’inutilité du masque pour tous omettant de préciser ce qui était la vraie raison à savoir que nous devions faire face à une pénurie, conséquence de notre dépendance à la Chine.

Il était probablement de l’intérêt général de réserver les masques aux populations les plus exposées et en priorité aux soignants et aux personnels en contact avec les malades.

Mais s’agissait-il de l’intérêt général de cacher une situation qui était largement commentée sur internet et dans les médias au risque d’affaiblir inévitablement la parole de nos gouvernants qui se voulait transparente et appuyée sur les recommandations des experts scientifiques ?

Que restera-t-il de la démocratie si le discours politique, rendu inaudible par trop de contradictions, de voltefaces, d’approximations, laisse la place aux experts qui étalent leurs divergences, aux défenseurs des théories du complot qui désignent des coupables, aux politiciens populistes qui s’engouffrent dans le désarroi des populations ?

La politique n’est ni le domaine des certitudes scientifiques ni celui des croyances mais celui de l’action qui est forcément un compromis entre des risques et des bénéfices attendues.

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Patrice Leterrier

25 mars 2020

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