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ier soir, selon une stratégie parfaitement huilée, le président et son équipe n’ont laissé à personne, surtout pas aux partenaires sociaux, le soin de communiquer sur la montagne du 18 février qui venait d‘accoucher d’un souriceau chétif…La méforme du Président était criante! Tout le monde a pu voir un homme fatigué, tendu, un peu grisonnant, comme accablé par la charge qui est la sienne. Il lisait sans conviction sur son prompteur un chapelet de mesures comme une ordonnance trop remplie d’un médecin hésitant sur la thérapie idoine face à un malade en errance médicale. Les français sont assez matures pour savoir que pas plus ce président que n’importe qui en France ne peut être ce magicien que promettent sans risque quelques apprentis sorciers faisant de la détresse des français leur fond de commerce politique. Aucun n’attend de lui de miracle pour nous sortir de la crise. Au demeurant, même si elle a des effets assez désastreux sur l’emploi et en particulier l’emploi des jeunes, elle ne touche pas encore le pouvoir d’achat des français qui – selon l’INSEE - à continuer à augmenter de 1,1% en 2008 et continuera de croitre (probablement sous l’effet d’une certaine déflation) de 0,6% au premier semestre 2009. Il pourrait facilement balayer l’argument qui consiste à opposer stupidement investissement et consommation, alors que l’intérêt premier d’une relance par la demande publique est d’offrir du travail, et donc de la consommation, à des milliers d’employés des petites entreprises et d’artisans. Au lieu de ça, Il nous assène avec une lassitude visible et une forme d’irritation la justesse de plan de relance par l’investissement, son refus certes pertinent mais impopulaire d’augmenter les bas salaires et son refrain préféré sur la religion du travail qui forcément irrite ceux qui sont menacés de le perdre. On peut discuter de ce correctif social, évalué à 2,6 milliards, au plan de 26 milliards et aux 1000 mesures. On peut s’interroger par exemple sur les mesures d’exonérations d’impôts face aux difficultés dans lesquels se trouvent les 16,5 millions de français qui ne paient pas d’impôt. Que dire du quasi silence de ce plan face au grave problème du désespoir d’une jeunesse sans avenir dont on peut voir, prémices inquiétants, les convulsions dans les Antilles comme on l’avait vu en d’autres temps dans les banlieues? Est-il réaliste de demander aux entreprises bénéficiant des crédits du plan de relance, comme le secteur automobile, de former et recruter des jeunes alors qu’ils se sont déjà engagés à ne pas licencier malgré leurs sureffectifs? Même si on peut aussi être d’accord sur l’importance des réformes, on peut s’interroger sur la méthode quand on voit le fiasco dans l’éducation et la recherche. Et puis ce n’était pas le sujet qu’il adressait avec son effet d’annonce de la réunion d’hier présentée comme le sésame de la réponse aux inquiétudes des français, reconnues légitimes par lui-même. On aurait pu aussi souhaiter par exemple qu’il prenne acte de la contre productivité des mesures qu’il avait prises, en son début de règne triomphant, sur les heures supplémentaires face aux menaces de chômage et de licenciement. Il aurait pu les suspendre à des jours meilleurs…Au fond ce correctif n’est pas à contre sens, même si on peut ça et là en regretter la timidité ou les oublis. Il a une certaine cohérence pour soulager les chômeurs et les classes moyennes. Le compte y est-il ? On peut en douter mais avons-nous les moyens de faire plus et est-il pertinent de faire autrement? Son principal défaut ne serait-il pas qu’il ne parait pas convaincre son auteur? Ce n’est pas la fracture sociale mais bien une sorte de fracture des français avec son président qui risque de se produire. Sur internet le Nouvel Observateur a lancé un sondage auquel prés de 10 000 personnes ont répondu et 74% d’entre eux "n’attendent plus rien de Sarkozy"! La traversée du désert ne fait probablement que commencer pour Nicolas Sarkozy et il n’a même plus l’opportunité de profiter de l’interrègne américain pour occuper la scène internationale.
19 février 2009