Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 janvier 2010 3 06 /01 /janvier /2010 15:53

virus grippe A


A

lors :

 

° qu’Hubble recule encore les limites de la connaissance du fin fond de l’univers en découvrant des galaxies apparues seulement 480 millions d'années après la naissance de l'univers,

° que le télescope spatial Kepler ajoute ses cinq premières exoplanètes sur les 400 aujourd’hui identifiées parmi lesquelles un étrange monde pas plus dense que du polystyrène,

° que le Petit Nuage de Magellan nous révèle sa splendeur grâce aux caméras infrarouge du Spitzer Space Telescope,

° que les trous noirs de l'univers se livrent a une grande soirée dansante selon des nouvelles observations de l'observatoire WM Keck à Hawaï,

° qu’un seul atome de calcium peut stopper la marche d’une bactérie,

la polémique sur les commandes de vaccins contre la grippe A n’en finit pas d’enfler.

  Roselyne Bachelot-Narquin a beau essayé de la dégonfler en annonçant fièrement avoir annulé la commande de 50 millions de vaccins et l’ouverture de la vaccination dans les cabinets médicaux, rien n’y fait !

Chacun y va de son commentaire plus ou moins chargé d’arrière-pensées politiciennes : certains sont promptes à dénoncer le gaspillage scandaleux des fonds publics, d’autres volent maladroitement au secours de la ministre et, dans le tintamarre ambiant, le patient citoyen a bien du mal à s’y retrouver.

Il faut dire que le triomphalisme qui accompagnait le plan de la ministre prêtait évidemment le flanc à ce retour de bâton.

Il faut dire également que bien malin aurait été celui qui aurait pu prévoir l’évolution plutôt favorable aujourd’hui de cette pandémie.

Doit-on rappeler comme le fait justement Dominique Bourg, professeur à l'université de Lausanne que personne n’avait envie de rejouer le film du sang contaminé en 1993 et d’endosser le costume d’un Laurent Fabius ou pire encore celui d’une Georgina Dufoix célèbre à jamais pour son sidérant "responsable mais pas coupable" ?

A la vérité la polémique qui enfle n’est pas à la hauteur de l’enjeu pour nos sociétés modernes dans lesquelles la promiscuité et la circulation incessante et instantanée des biens, des personnes et des animaux exposent à des contaminations accélérées.

Ce n’est ni ce qu’on qualifie aujourd’hui d’alarmisme de la part de l’OMS, ni le principe de précaution qui a prévalue à l’époque pour cette commande de 94 millions de doses qui devraient se trouver sur le banc des accusés et sous les feux des projecteurs.

Doit-on rappeler au passage que certains de ceux, qui hurlent aujourd’hui devant une telle gabegie, se demandaient alors si les commandes suffiraient et si elles pourraient être honorées par les laboratoires ?

Loin du bruit et de la fureur que certains veulent entretenir aujourd’hui par pure démagogie, il conviendra de faire, en tout état de cause, le bilan de cette incroyable et unique expérience en temps réel de mobilisation générale contre un virus à l’échelle mondiale.

Un bilan complet, sans polémique mais sans complaisance, des mesures prises, du calendrier suivi, de la réactivité des pouvoirs publics, de l’efficacité des plans de communication, de la révolte d’une partie du corps médical, de l’apathie des populations, etc…

On ne fera pas l’économie d’une remise en cause non pas du principe même de précaution mais de son interprétation et de sa mise en œuvre dans une option maximaliste, à la recherche du graal du risque zéro, qui a largement montré ces limites.

Il faudra aussi tirer toutes les leçons de l’incapacité des scientifiques et des politiques à mobiliser massivement la population dans la lutte contre un danger, certes finalement faible, mais qui aurait pu s’avérer beaucoup plus grave et provoquer de véritables émeutes devant des centres de vaccinations alors pris d’assaut.

Il est trop facile aujourd’hui d’attaquer la ministre, dont l’attitude quelquefois matamore peut agacer, comme il est un peu court de prendre sa défense sans se poser la question de savoir comment mieux faire une prochaine fois.

Le danger de la grippe A(H1N1)2009 n’est pas encore complètement écarté, ses conséquences sont aujourd’hui dérisoires au regard des moyens déployés mais le plus riche d’enseignements c’est probablement l’incroyable passivité des populations probablement à cause d’un discrédit grandissant des politiques mais aussi des experts et des scientifiques ce qui pose aussi un problème majeur à la démocratie.


Patrice Leterrier

6 janvier 2010

Fichier PDF

Partager cet article
Repost0

commentaires