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13 décembre 2009 7 13 /12 /décembre /2009 08:35

strait of gibraltar

Détroit de Gibraltar

 

 


C

‘est à Johannesburg en Afrique du Sud, que Kaiane Aldorino, 22 ans, chargée des ressources humaines dans un hôpital public à Gibraltar, a été élue miss Monde sous les regards admiratifs de prés d’un milliard de téléspectateurs.

Le coq, qui sommeille en nous, se consolera en sachant que miss France et miss Martinique se sont retrouvées en finale.

C’est dans cette ville que Jacques Chirac avait lancé le 2 Septembre 2002 devant l'assemblée plénière du Sommet Mondial du Développement Durable son fameux "notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer et nous refusons de l'admettre".

L’homme n’a pas fait grand-chose lorsqu’il était aux affaires pour inverser la tendance mais son message est d’une brûlante actualité alors que Copenhague réunit le monde entier sur le sujet.

Gibraltar, de l'arabe Jabal Tariq, "le mont de Tariq" en mémoire de Tariq ibn Ziyad, le conquérant omeyyade de l’Espagne, fût l’ultime refuge des derniers hommes de Neandertal il y a 28 000 ans avant qu’ils ne disparaissent à jamais.

L’enquête entreprise par les anthropologues pour percer ce mystère est loin d’être close même si le climat, la concurrence avec les hommes modernes et les différences physiologiques constituent des causes possibles.

On sait par contre maintenant grâce l’analyse de son génome que sa lignée s’est écartée de celle d’homo sapiens il y a plus de 40 000 ans et qu’un métissage avec homo sapiens est peu vraisemblable.

Les scientifiques nous apprennent aujourd’hui que la méditerranée n’était qu’un gigantesque lac salé il y a entre 5 et 6 millions d’années. D’après Daniel Garcia-Castellanos du Consejo Superior d’Investigaciones Científicas à Barcelone, elle aurait pu rester un désert si un gigantesque torrent venant de l’atlantique à travers le détroit de Gibraltar, au rythme inimaginable de 100 millions de mètres cubes par seconde à la vitesse de 100 Km/h (mille fois le débit de l’Amazone), ne l’avait remplie en moins de deux ans abaissant ainsi le niveau des océans de prés de 10 mètres.

Cette méditerranée serait aussi le laboratoire inquiétant de l’avenir des océans si le réchauffement climatique continue ses ravages selon Pierre Chevaldonné, chercheur du CNRS au Centre d'Océanologie de Marseille.

Il publie dans Trends in Ecology & Evolution, avec Christophe Lejeusne et d’autres collègues français, un article repris par Wired Science sur les impacts de l’action de l’homme et du réchauffement climatique sur la faune et la flore marine en méditerranée.

La méditerranée, qui était restée insensible aux coups de boutoirs de l’homme depuis qu’Aristote pouvait se mirer dedans, a subi de profondes modifications au cours du dernier demi-siècle.

On a assisté à la quasi disparition des requins et des thons et à celle d’écosystèmes coralliens riches et diversifiés remplacés par des sols arides couverts d’algues et envahis de méduses dans le nord de la méditerranée c'est-à-dire en bordure de nos côtes.

Les chercheurs, avec les précautions d’usage, émettent l’hypothèse que ces dégradations pourraient préluder ce qui pourrait arriver dans d’autres mers ou océans si le réchauffement climatique se poursuivait.

On en a d’ailleurs une autre illustration en mer du nord où l’écosystème riche en poissons plats a reculé de plus de 700 miles au nord à la suite de son réchauffement de l’ordre de 1°C pour laisser la place à un monde dominé par des méduses.

Miss Gibraltar est une belle brune aux longues jambes et au sourire éclatant. Le rocher minuscule dont elle est la représentante, où les singes de Barbarie ont remplacé depuis longtemps les néandertaliens, est peut-être la porte d’un futur bien sombre pour nos océans.


Patrice Leterrier

 

12 décembre 2009

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