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28 octobre 2012 7 28 /10 /octobre /2012 17:44

 

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S

 

ur son blog Globule et téléscope, Michel Alberganti, s’appuyant sur un article de Max Wyss dans Earth magazine, met en exergue "une confusion dans les responsabilités" au cours du procès de l’Aquila qui a secoué la communauté scientifique.

On rappelle que, le 22 octobre 2012, le juge Marco Billi a condamné 7 personnes à 6 ans de prison ferme et 7,8 millions d’euros de dommages et intérêts pour ne pas avoir alerté les habitants d’Aquila sur les risques qu’ils courraient.

L’article de Max Wyss fait apparaître le rôle central de Bernardo de Bernardinis, directeur adjoint du Département de la protection civile, qui déclarait à une chaine de télévision locale une heure avant la réunion des experts que "la situation sismique de L’Aquila est certainement normale et ne présente pas de danger” ajoutant même que “La communauté scientifique continue de m’assurer que, au contraire, la situation est favorable en raison de la décharge continue d’énergie".

Bernardo de Bernadinis ne corrigera pas ses déclarations lors de la conférence de presse qui se tint après la réunion de la commission, mais en l’absence des sismologues dont les conclusions étaient beaucoup plus "évasives" et "prudentes".

Dès lors, on peut se demander pourquoi cette condamnation collective à cause le l'imprudence et surtout  l'incompétence d'un des leurs?

La justice italienne a, semble-t-il, décidé de passer outre les doutes et incertitudes de la science pour trancher sans complexe.

Le 12 octobre, la cour de cassation de Brescia a reconnu que la maladie d’Innocente Marcolini, un financier d’une soixantaine d’années, était due à l’utilisation de son portable de façon intensive qui lui aurait provoqué une tumeur au cerveau.

Ce sujet est aujourd’hui hautement controversé et aucune étude, y compris celle d’Interphone n’a jamais vraiment démontré le moindre lien direct entre l’usage du téléphone portable et le cancer.

Le professeur André Aurengo, dont les prises de positions sont souvent attaquées par certaines associations militantes, affirmait en janvier 2012 sur le site de l’Afis, que "les données disponibles sont de nature à rassurer l’immense majorité des utilisateurs, d’autant qu’à ce jour aucune hypothèse susceptible d’expliquer comment des champs électromagnétiques dans cette gamme de fréquences pourraient être cancérigènes n’a été confirmée et que les portables modernes 3G émettent 100 fois moins que les GSM qui étaient l’objet d’Interphone".

Il rappelait que l’usage du téléphone portable au volant, pratique qu’on peut massivement constater de nos jours chez les usagers, fait par contre de nombreuses victimes.

L’argument est contestable et ne justifie en aucun cas que l’on ne poursuive pas les études sur les risques de l’utilisation intensive du téléphone portable.

Le fait que nous risquions beaucoup plus de mourir de maladies cardiovasculaires ou du cancer ne justifie en aucun cas l’arrêt des recherches sur les maladies rares.

Aujourd’hui il y a plus de 6 milliards d’usagers du téléphone portable et le seuil d’un milliard de smartphone a été franchi récemment.

Ces chiffres semblent indiquer que les risques de son usage même intensif ne sont pas énormes mais il justifie aussi que l’on poursuive avec ténacité les recherches.

Les messages ambigus de prévoyance émis par les autorités ne sont peut-être pas justifiés du point de vue scientifique mais peuvent peut-être inciter à un usage plus mesuré du portable.

Les jeunes générations, accrocs de SMS, semblent préférer de plus en plus un pianotage fébrile et continu sur leur téléphone portable à une communication directe et physique avec leurs interlocuteurs.

Quelles seront, à long terme, les conséquences, peut-être pas sanitaires mais à coup sûr sociétales, de cette déferlante de désynchronisation et de dématérialisation des relations humaines ?


Patrice Leterrier

28 octobre 2012

 

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