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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 10:34

montre molle


L 

e raz le bol exprimé par nos amis, espagnols, irlandais et grecs devant les conséquences d’une crise dont ils ne se sentent pas responsables mais seulement victimes peut-il changer vraiment la posture des politiques et leurs actions ?

Comme dans le cas du printemps arabe, on voit le rôle d’internet et des médias sociaux pour rassembler et fédérer des mécontentements.

Il reste que, fondamentalement, on ne fait pas la révolution avec des gens qui n’ont pas faim et qui ne sont pas désespérés au sens étymologique du terme c'est-à-dire sans perspective de vie, sans espoir.

La force agrégative d’internet est incontestable mais elle n’est surement ni la cause ni d’ailleurs la solution aux révoltes populaires comme vous le souligne Francis Pisani sur son blog en parlant du paradoxe des médias sociaux et de l’action politique:

Ces mouvements populaires posent aussi le problème de ceux que Jacques Attali appelle sur son blog les quatre échelles de temps.

Je ne parlerais pas de la quatrième échelle, qui est celle de la maladie et de la mort, qu’on s’acharne à oublier pour donner du sens à l’existence en construisant la fable de notre vie (voir l’Espèce fabulatrice de Nancy Houston).

La démocratie vit selon des rythmes qui dépendent de la nature des problèmes posés.

Le temps du juridique, celui auquel est maintenant confronté Dominique Strauss-Kahn, est lent par nature puisqu’il faut prendre le temps d’écouter, de rassembler des preuves, de confronter les points de vue, d’essayer de démêler le vrais du faux avant de trancher.

Bref comme disait en raccourci saisissant François Mitterrand "il faut laisser du temps au temps" (pas vraiment d’ailleurs au temps mais à l’homme pour juger…).

Le temps de la politique –sauf en cas de révolution - est défini par les échéances électorales.

En France il revient pratiquement à un temps unique tous les cinq ans du fait de l’élection du Président au suffrage universel et des parlementaires dans la foulée.

Dans l’intervalle s’exprime l’opinion, les médias, les marchés (financiers, matières premières, pétrole,..) qui sont soumis aujourd’hui à la dictature de l’instantanéité.

Il y a un décalage énorme entre la volonté de voir le pouvoir politique tenir compte des rythmes modernes de changement des réalités sociales, économiques et politiques et le cérémonial quinquennal de la légitimité politique.

Comme l’invention de l’imprimerie avait radicalement changé le temps de la connaissance, Internet est aujourd’hui en partie responsable de cette prise de conscience accélérée des changements du monde, même sil y a, au total, plus de bruits que d’informations sur le net.

Le contrôle de cette prise de conscience échappe au pouvoir politique malgré les efforts, parfois pitoyables voire grotesques, de certains qui continuent à nous raconter des carabistouilles dont on ne peut même pas imaginer qu’ils y croient eux-mêmes.

De sorte que devant le décalage flagrant entre le vécu de chacun et les discours, les plus fragiles, en quête de certitude, se réfugient dans des fanatismes religieux ou xénophobes qui leur promettent un salut eternel ou une vie meilleure en rejetant les autres qu’ils soient des infidèles, des étrangers ou des riches.

Mais paradoxalement aussi le rythme politique est aussi trop rapide par rapport aux enjeux environnementaux comme le réchauffement climatique, le problème des énergies renouvelables et du nucléaire, les grands défis de la santé publique, la bioéthique, les objectifs du millénaire, etc.

Le dilemme de la démocratie moderne, qui reste à inventer, est à la fois de s’adapter aux changements rapides que nous vivons, de ne pas oublier les autres êtres vivants de la terre (toutes espèces confondues y compris végétales) et de ne pas obérer l’avenir des générations futures.


Patrice Leterrier 

21 Mai 2011

 

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