La terre s’est agitée de soubresauts terribles
Elle rejetait ses miasmes en violentes secousses
Et les œuvres de l’homme, fragiles, inconsistantes
Se trouvaient délabrées et entrainaient la mort
La mort qui frappe aveugle le peuple haïtien
La mort qui nous rappelle le destin si fragile
La mort que l’on lit même dans les yeux des vivants
La mort dont le murmure couvrait votre chagrin
Et toi pauvre orpheline au regard égaré
Pourquoi ne pleures-tu pas accablée par le sort
Pourquoi ce regard noir profond et sans rancœur
Pourquoi cette demande presqu’en t’excusant
Prés de toi agité, paré de son savoir,
Un médecin bavard se noie dans ses paroles
Pour masquer à lui-même son immense impuissance
Pour remplir le silence de votre désespoir
Et la terre qui rappelle que son œuvre est en cours
Que d’autres tremblements, d’autres effrois sont possibles
Que rien n’est vraiment sûr quand le sol se dérobe
Qu’aucune certitude ne peut combler le vide
Et le peuple haïtien sublime dans l’épreuve
En ayant tout perdu voudrait se relever
Nu de toute apparence, digne dans l’indigence
Fier de son histoire, construite dans la souffrance
Haïti terre lointaine témoin de l’infamie
Qui conduisit des hommes à l’état de servage
Haïti qui brava avec tant de fierté
Les armées de la France jusqu’à la délivrance
Haïti revivra parce qu’elle est Haïti
Et les flots de dollars ne pourront rien sur l’âme
D’un peuple fier et digne qui ne demandait rien
Et que le sort injuste a frappé en aveugle
Patrice Leterrier
31 janvier 2010