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es "climatosceptiques" se déchainent. Certains se délectent de l’échec des négociations de Copenhague.
Comme il serait rassurant que le problème soit celui d’une polémique entre des intégristes verts, tenants de la décroissance vertueuse et ascétique, et des adeptes inconditionnels du "toujours plus" brandissant leurs monstrueux 4X4 comme la gourmette, l’étendard de leurs égoïsmes revendiqués.
Hélas la première victime de l’échec des négociations de COP15, c'est la TERRE, non pas la troisième planète du système solaire qui en a vu d'autres, mais celle que Michel Serres appelle la "Biogée", la TERRE des HOMMES si fragile qui a permis l'éclosion de la vie.
Dans notre prétendue vertu nouvellement acquise et clamée par nos hommes politiques pour limiter nos émissions de GES, nous ne devons pas oublier, lorsque nous faisons hypocritement les gros yeux aux chinois et autres indiens, qu'une bonne partie du CO2 que nous leur reprochons de rejeter massivement dans l'atmosphère sont des GES que nous avons en quelque sorte exportés puisqu'ils servent à fabriquer des objets que nous achetons à bas prix.
Notre vertu revendiquée n’est en fait qu’une apparence dans la spirale consommatrice que nous vivons comme le moyen de notre bien être à défaut de notre bonheur…
La révolution industrielle avait l'ambition de libérer l'homme de la servitude alors qu’on nous demande aujourd’hui de travailler plus pour produire plus parce que nous sommes enfermés dans une logique schizophrène.
Nous clamons en axiome que la croissance est le seul moyen pour créer des emplois et réduire les inégalités et on ne sait pas produire de la croissance sans consommer plus d’énergie et donc aujourd’hui sans augmenter les émissions de gaz à effet de serre alors qu’il faudrait les diviser par 4.
Si nous voulons réellement une décroissance des émissions de gaz à effet de serre, c'est-à-dire ne pas faire payer au centuple le prix de nos égoïsmes aux générations futures, il faudrait mener une réflexion de fond sur le sens de la croissance, sur quel type de société nous voulons.
Cela ne signifie pas forcément moins d’emplois bien au contraire si on investie massivement dans la recherche et les technologies nouvelles et notamment dans la maîtrise du soleil au lieu de se jeter à corps perdu dans la quête d’imiter le soleil sur terre avec le projet Iter aux résultats encore hypothétiques voire improbables.
Il était naturellement illusoire de penser qu’un barnum, une grande messe comme la conférence de Copenhague pouvait être le lancement d’une telle réflexion au niveau mondial, d’un changement de comportements mettant les relations humaines au second plan pour s’occuper du futur de notre environnement.
La déception ne doit pas nous faire renoncer à changer le paradigme énergétique basé sur les énergies fossiles ni d’attendre en priant, de la maîtrise de l’atome, le salut alors que le soleil est là et qu’il nous fournit toute l’énergie dont nous avons besoin pour peu que l’on se mette sérieusement à investir sur les moyens de la capter.
Il faut bien sûr aussi que les ayatollahs de tout bord cessent de transformer ce combat pour le futur de l’humanité en un marché au service de leurs gloires personnelles. Il faut aussi que le hiatus entre des savants qui défendent la Biogée mais ne sont pas élus et des élus qui ont d’abord comme préoccupation de défendre les intérêts, forcément à court terme des électeurs, soit résolu.
Il n’y a au fond pas de débat plus moderne ni plus passionnant que de préparer sereinement et avec enthousiasme l’avenir des générations futures en réconciliant la connaissance et le politique.
Il n’est peut-être pas trop tard mais c’est l’affaire de tous car la première source de négacO2 c’est les économies d’énergies que chacun peut faire.
Comme disait le sage chinois Lao Tseu "un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas".
Patrice Leterrier
21 décembre 2009