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27 juillet 2009 1 27 /07 /juillet /2009 18:59


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racey Shors (professeur de neurosciences à l'Université Rutgers aux Etats-Unis) nous apprend que, chez le rat, entre 5 000 et 10 000 nouvelles cellules souches naissent chaque jour dans l'hippocampe dont la plus grande partie se différencie en nouveaux neurones.

En Avril 2004, grâce aux efforts d’une équipe de plus de 200 chercheurs .de l’université de Montréal, on avait pu obtenir l’achèvement du séquençage du génome du rat de laboratoire, le "Rattus norvegicus". On sait ainsi qu’il comprend 2,7 milliards de nucléotides alors que celui de l’être humain en contient près de 3 milliards.

Guillaume Bourque, à l’époque stagiaire au Centre de recherches mathématiques, a conçu un algorithme qui permet de comparer entre elles des sections de chromosomes d’espèces différentes. On sait ainsi que le rat partage plus de 90 % de gènes avec l’homme.

Rien d’étonnant donc que, comme chez le rat, chez l’homme de nouvelles cellules apparaissent en permanence dans l’hippocampe sans qu’on puisse évidemment en préciser le nombre, vues les méthodes intrusives pour obtenir ce décompte chez le rat…

Selon Tracey Shors, ces cellules souches  ne naissent pas de façon régulière et automatique. Leur production dépend d'un certain nombre de facteurs environnementaux. Par exemple, la consommation d'alcool ou de nicotine retarde cette genèse. À l'inverse, leur production peut être augmentée par l'exercice physique, les antidépresseurs et …la consommation de myrtilles chez les rats (aucune étude comparable n’est possible chez l’homme).

Ces découvertes détruisent d'abord la rumeur publique qui prétendait que les neurones contrairement aux autres cellules humaines ne se renouvellent pas.  

Mais là où les travaux de la chercheuse américaine sont particulièrement intéressants, c’est qu’elle nous démontre, preuves à l’appui, que la survie de ces nouveaux neurones dépend directement de l’entrainement des capacités cognitives des rats et que ces cellules produites par le cerveau "au cas où" vont d’autant mieux survivre que les exercices proposés seront difficiles.

La fenêtre d’apprentissage qui permet la transformation des cellules souches en neurones matures dure 7 et 14 jours après la naissance de la cellule initiale. Autrement dit, chez le rat au moins, si ses capacités cognitives ne sont pas stimulées les nouveaux neurones, ne trouvant pas preneurs, meurent en quelque sorte de dépit amoureux.

Ces découvertes sont corroborées par les difficultés cognitives rencontrées par certains cancéreux soignés avec un composé nommé MAM qui bloque la division cellulaire. Ces malades, qui n’ont aucune peine à gérer des situations quotidiennes, rencontrent des problèmes lorsqu’il s’agit d’acquérir des apprentissages mettant en jeu des activités multitâches.

On pourrait aussi ainsi expliquer les effets bénéfiques de l’activité physique, des antidépresseurs et des entrainements à des tâches cognitives difficiles sur le ralentissement de l’évolution  chez les malades "Alzheimeriens".

En attendant, nul doute que combiner une activité physique soutenue avec un bouillonnement intellectuel de son choix (jeux de réflexion, apprentissage d’une langue, participation à des formations dans des domaines nouveaux, etc…) favorisent la préservation de nos capacités cognitives qui ne s’useraient donc que si on ne s’en servait pas ! L’inverse de l’idée stupide que l’expérience suffit et qu’on n’apprend pas à un vieux singe à faire des grimaces.

Il y a au contraire toujours de nouvelles grimaces à découvrir…


Patrice Leterrier

27 juillet 2009

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