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3 février 2009 2 03 /02 /février /2009 21:47

Social et économique


I

l y a en France un véritable débat idéologique qui oppose les mots social et économique. Le sens mythique de l’adjectif "social" est un problème qui semble typiquement français et du domaine de l’inconscient collectif. Le Larousse consacre presqu’une demie colonne à sa définition ce qui prouve, s’il en était besoin, son caractère protéiforme. Celle qui devrait s’appliquer le mieux au débat est "qui vise à l’amélioration des conditions de vie et en particulier des conditions matérielles des membres de la société". Le Larousse, dans sa grande sagesse œcuménique, ne parle pas de certains membres mais de tous les membres rendant ainsi la définition bien difficile à mettre en œuvre par l’état que l’on appelle souvent Providence. La Providence, sagesse suprême, dont nous savons malheureusement qu’elle est souvent comme la justice aveugle, reste généralement aussi sourde aux cris d’orfraie poussés par ceux à qui on demande des efforts de solidarité pour atténuer l’injustice faite à d’autres. En première approximation la définition du Larousse n’est applicable, puisque l’entropie s’applique à l’économie, qu’en augmentant la masse des richesses à redistribuer c'est-à-dire en investissant pour créer de l’activité ou en prenant dans la poche des uns pour donner aux autres, une sorte d’état Robin des Bois….La deuxième manière est évidemment beaucoup plus rapide dans son effet mais n’est généralement qu’un marché de dupes car elle a des effets désastreux sur le dynamisme des "lésés" et se traduit généralement par une perte de compétitivité et donc encore moins de richesses à distribuer. La recette serait donc de prendre dans la poche des capitalistes et singulièrement des banquiers dont on sait qu’ils sont la source de tout le malheur du bon peuple puisqu’il n’y a plus de nobles à guillotiner en France…Et d’ailleurs, lorsqu’on a le malheur de mettre en avant les limites de l’État Providence, il ne manque pas de voix scandalisées pour rétorquer qu’il a déjà joué à madame la Providence auprès de banques et dans une certaine mesure des constructeurs automobiles. Le hiatus, souvent entendu dans les manifestations, c’est cette difficulté à comprendre que l’argent promis en garanti, ces prêts ou ces prises de participation ne sont pas des "cadeaux" du pouvoir régalien mais bien des mesures de protection de la banque ou de l’industrie automobile française au profit en premier des français. Certes certains banquiers américains, qui vont se vautrer dans le luxe insolent de palace californien après avoir reçu l’aide de l’état, ne facilitent pas la compréhension de ces actions. Mais le plus grave, me semble-t-il, c’est que le discours simpliste d’un extrême gauche ou de certains syndicalistes irresponsables qui consistent à monter la colère du bon peuple contre ces affreux capitalistes qui dilapident notre argent – avec des accents "dix sept cent quatre vingt neuviens" pour ceux qui rêvent encore d’un grand soir – est aussi largement relayé par le parti socialiste ou un François Bayrou - qui devrait prendre sa carte au parti socialiste pour régler ses ambigüités un peu indécentes en ces temps de crise. On pourrait s’attendre à un peu plus de tenu et à un peu moins de démagogie devant la gravité de la situation de la part d’un parti, certes encore en ruine, mais qui devrait porter l’espoir d’à peu prés la moitié des français. La situation aujourd’hui est explosive parce que, même si les français sont aptes à comprendre que la seule solution durable et efficace pour sortir de la crise est dans l’investissement, il n’en reste pas moins que la situation économique de certains d’entre eux devient insupportable. Il va donc falloir doser savamment des mesures d’urgence dans l’esprit du RSA et un puissant plan de relance basé sur l’investissement. On peut s’interroger sur l’ampleur du plan, par exemple souligner l’absence des mesures incitatives à l’investissement pour les particuliers notamment dans les économies d’énergie qui sont pourtant créateurs d’emplois à cours terme dans un domaine qui reste porteur. Il est peu probable que le discours de Nicolas Sarkozy calme les inquiétudes, pourtant reconnues par lui comme légitimes, des français sans lâcher un peu de lest et sacrifier à l’orthodoxie économique pour satisfaire l’inconscient collectif social. Puis-je, sans porter atteinte à la puissance des beaux esprits qui l’entoure, lui suggérer de méditer deux maximes de Machiavel : "Les hommes prudents savent toujours se faire un mérite des actes auxquels la nécessité les a contraints" et "rien n'est aussi désespérant que de ne pas trouver une nouvelle raison d'espérer".

Patrice Leterrier


3 février 2009

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