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9 février 2009 1 09 /02 /février /2009 17:11


Prototype Citroën DS 3

 


Q

ui ne se souvient pas du paquebot France, orgueil de la marine marchande française? Sa gestation avait commencé en Octobre 1957 et Yvonne de Gaulle l’avait baptisé en grande pompe en 1960 à Saint Nazaire. "Ne m’appelez plus jamais France" s’écriait Michel Sardou en 1975 (le disque avait été vendu à 500 0000 exemplaires en deux semaines) alors que le navire agonisait sur le quai de la honte au Havre depuis un an. Et puis, rebaptisé Nordway, il s’en est allé trainer ses souvenirs de gloire dans les eaux chaudes de caraïbes. Il fut une dernière fois rebaptisé Blue Lady avant d’échouer sur la plage d’Alang en Inde où son dépeçage se poursuit. Plus de 30 ans après la chanson de Michel Sardou, le Clemenceau, officiellement admis au service en novembre 1961, le "Clem" pour les officiers de la royale, après avoir failli rejoindre son compagnon d’infortune(*), finira sa longue carrière démantelé dans un chantier naval du nord-est de l'Angleterre. Derniers vestiges de la nostalgie des rêves de grandeur d’une France Gaullienne, ces deux géants des mers vont disparaître à jamais. Derniers étendards d’une construction navale qui était l’un des fleurons de l’industrie française, il restera le nez du France puisque l’étrave du bateau devrait être installée dans un square, face à la mer à Deauville. Verrons nous dans quelques années un collectionneur racheter le dernier exemplaire de voiture construite sur le territoire français par un constructeur français né hypothétiquement du mariage trop tardif entre Peugeot et Renault avant qu’il ne soit racheté par le géant indien Tata pour être liquidé? Serons-nous condamnés comme les anglais à saborder notre industrie automobile ? Injecter 6 milliards d’euros sous forme de prêts bonifiés d’une durée de 5 ans en contrepartie de promesses et d’une liberté surveillée suffira-t-il? L’état demande des engagements de sauvegarde de l’emploi, de ne pas délocaliser à défaut de relocaliser, de ne pas fermer d’usine, de modérer les dividendes et les salaires des dirigeants ainsi qu’un droit de regard sur toute décision industrielle. Que deviendront ces belles promesses si la conjoncture économique se dégrade plus que prévu ou si les constructeurs automobiles ne parviennent pas à améliorer suffisamment leurs compétitivités? Les promesses n’engagent-elle pas que ceux qui les écoutent comme disait un certain Jacques Chirac? Si rien n’est fait en termes de recherche et développement, en termes d’innovation audacieuse, en termes d’évolution de la gamme, en termes d’investissement productif, cela ne fera que retarder l’échéance. Mais au-delà des efforts que l’on peut imaginer être réalisés par nos constructeurs et leurs sous-traitants, le compte y sera-t-il face à la concurrence de pays émergés comme l’Inde et dans une certaine mesure la Chine? Ils disposent d’armées d’ingénieurs aussi qualifiés que les nôtres et surtout d’ouvriers qui mettront des décennies à atteindre le niveau de protection sociale et de salaire des français. Est-ce une tentative aussi désespérée à terme que de vouloir sauver l’industrie minière française dans les années 60? On connait l’attachement de Nicolas Sarkozy à l’industrie, son volontarisme et son activisme qui le pousse à s’exposer aux critiques comme dans le cas de Mittal Arcelor à Grandrange. Il devrait peut-être relire le Cardinal de Richelieu qui disait "Il faut écouter beaucoup et parler peu pour bien agir au gouvernement d'un Etat".

Patrice Leterrier


9 février 2009


(*) Un arrêt du conseil d’état l’a obligé à faire demi-tour

 
 

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