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11 février 2009 3 11 /02 /février /2009 21:59

 

drapeau palestine

V

oilà donc que les électeurs israéliens ont pris un grand virage politique à droite! A qui la faute? Je n’oublie certes pas que le Hamas écrit en préambule de sa chartre "Israël existera et continuera d'exister jusqu'à ce que l'islam l'anéantisse" ni l’article 13 de ce document "Il n'y a pas de solution à la question palestinienne si ce n'est à travers la Jihad. Les initiatives, les propositions et les conférences internationales sont toutes une perte de temps et de vaines tentatives". Mais il me semble un peu rapide de l’accuser d’être responsable des résultats de ces élections peu encourageants pour la paix. Ce serait d’abord oublier, sans excuser pour autant l’attitude du Hamas, que le blocus imposé par l’état hébreu avant la fin de la trêve n’est pas pour rien dans la reprise des attentats et que la logique des ripostes "sévères et disproportionnées" selon les termes même d’Ehud Olmert, chef du gouvernement hébreu, est pour le moins contestable car elle fait payer le prix fort aux civils palestiniens les actes de terrorisme du Hamas. Il ne fait cependant pas de doute que les derniers événements de Gaza ont largement contribué à la poussée du parti d’extrême droite Israël Beitenou d’Avigdor Lieberman, émigrant d'origine moldave et parlant toujours avec un fort accent russe, et à l’effondrement du parti travailliste d'Ehoud Barak sûrement en partie victime d’un vote utile en faveur du parti centriste Kadima de Tzipi Livni. La réprobation internationale devant la violence de la riposte de l’état hébreu a probablement aussi participé à la montée du réflexe sécuritaire qui est à l’origine de cette nouvelle configuration du paysage politique israélien. La tâche des négociateurs – si négociation il y a - va devenir en tout état de cause bien plus difficile avec un Hamas renforcé par les bombardements de Gaza et une configuration politique dont le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle n’est pas vraiment favorable à un dialogue constructif. Avigdor Lieberman a exigé du futur gouvernement qu’il «mette à bas le Hamas», qui contrôle la bande de Gaza, et qu’il rejette toute négociation et toute trêve avec ce mouvement islamiste palestinien. Il reste l’inconnu de la position américaine avec une prudence nouvelle de la part de la secrétaire d’état Hillary Clinton et du plénipotentiaire de Barack Obama, George Mitchell qui se sont jusqu’à présent bien gardés de prendre des positions tranchées, ce qui est tout de même nouveau et une faible lueur d’espoir dans l’impasse apparente actuelle. Au moment où l’affaire du méprisable évêque négationniste Richard Williamson remet au devant de la scène les horreurs de la Shoah en les niant, nous devons éviter un double piège : celui de tomber dans une compassion historique pour l’état d’Israël et celui de penser naïvement que le Hamas s’est amendé et est devenu un interlocuteur fréquentable. Mais les jours s’annoncent bien sombres pour le peuple palestinien et le peuple hébreu qui mériteraient pourtant de vivre en paix sur cette terre chargée d’histoire. "La paix n'est pas un don de Dieu à ses créatures. C'est un don que nous nous faisons les uns aux autres" [Elie Wiesel].

Patrice Leterrier

11 février 2009

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